LE SPORT A L’ECOLE, FAUSSE BONNE IDEE ?

LE SPORT A L’ECOLE, FAUSSE BONNE IDEE ?

Selon les chiffres avancés par la Haute Autorité de Santé en février 2024, 4% des enfants âgés de 6 à 17 ans seraient en situation d’obésité. Cette donnée monte même à 17% si l’on intègre les cas de surpoids.

Directe corrélation de ces chiffres peu rassurants : la sédentarité. Le constat des autorités sanitaires se veut alarmant : les enfants ont une activité physique bien trop faible. Il faut dire qu’avec un temps moyen devant les écrans qui avoisine les 3,5 heures chez les 7-12 ans et s’envole à 5 heures chez les adolescents, il reste peu de place pour le mouvement. D’autant qu’un élève reste en moyenne 6 heures chaque jour assis sur sa chaise devant un enseignant.

 

Les recommandations d’activité physique ne seraient ainsi atteintes que par 33% des filles, et 51% des garçons. Peut-être un effet du ballon de foot dans la cour ? 

Toujours est-il que dans le sillage des jeux olympiques de Paris 2024, le ministère de l’éducation nationale affiche sa volonté de renforcer la pratique sportive en milieu scolaire.

30 MIN PAR JOUR

Lancé à la rentrée 2020, le programme « 30 minutes d’activité physique quotidienne » est un dispositif applicable à l’intégralité des écoles primaires du territoire. L’objectif est dans le nom : dans chacune des 36 250 écoles du pays, chaque élève doit bénéficier d’une demie heure d’activité physique journalière. Précisons de suite que le temps de récréation n’est pas intégré dans cette équation.

Quatre années après le lancement de ce projet, où en sommes nous ? Et bien à vrai dire, pas très loin. La mesure est tout à fait honorable, mais les moyens souvent insuffisants.

LE FINANCEMENT

Premier écueil de ce projet : le budget. Bien que l’Etat soit le premier financeur de l’enseignement primaire en France, il ne couvre pas tous les besoins budgétaires d’une école. Sa participation touche environ 55% des besoins. Le reste est notamment pris en charge à hauteur de 23% par les collectivités territoriales. Cette participation des instances locales instaure ainsi des disparités territoriales dans l’accès au sport. Car si certaines aires géographiques sont particulièrement riches et dynamiques, d’autres zones moins avantagées n’ont pas les mêmes fonds à allouer à la dépense éducative en matière de sport.

Prenons un exemple concret : lorsqu’une école décide d’initier ses élèves au judo ou à tout autre sport nécessitant l’intervention d’un professionnel qualifié, ce dernier, qui n’est pas un agent public, n’est pas rémunéré par l’Etat. Il revient aux mairies, ou le cas échéant, aux communautés de communes volontaires, d’en assurer le financement.

Ainsi, dans les petites communes, où la caisse des écoles est limitée, les enfants scolarisés ont une probabilité plus faible d’avoir accès à une diversité de sports. Par manque de budget, ils joueront plus souvent au ballon que leurs camarades issus d’espaces plus favorisés, qui eux, pourraient davantage apprendre l’escrime auprès d’un sabreur confirmé.  

LA FORMATION DES ENSEIGNANTS

Autre écueil dans ce dispositif : la compétence des enseignants. Bien que par définition ils soient généralistes – maths, français, histoires, sciences etc… - , tous ne sont pas des athlètes confirmés à la pointe de la connaissance sur toutes les disciplines sportives. Et cela est bien normal ! Car si un sportif de haut niveau brille sur le 100m, il sera lui-même beaucoup moins talentueux sur un vélo. Il en va de même pour les professeurs. On ne peut pas leur demander d’être à la ville et aux champs.

LES ESPACES

Dernier point sur lequel je m’attarde ici : la place. A Paris, nous savons bien que 10m², c’est déjà une belle surface. Mais cette observation ne s’applique pas à une classe d’élèves en besoin de se défouler ! Avec l’instauration des 30 minutes de sport par jour, les espaces communs dans les écoles – gymnases et cours – deviennent insuffisants. Car si chaque classe doit occuper l’espace de récréation tour à tour, cela risque très vite de se bousculer au portillon… Idem au niveau des terrains de sports municipaux : convoités par tous les établissements scolaires de la commune, ils ne peuvent servir à tous en même temps.  

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