A l’occasion des JO de Paris 2024, vous avez sans doute vu passer sur vos réseaux sociaux la vidéo, devenue virale, de la star américaine Simone Biles se délectant d’un pain au chocolat industriel. Comme quoi, même avec une chocolatine emballée, le savoir-faire culinaire français parvient à rayonner.
Car la gastronomie française est bel et bien devenue une arme de soft power pour l’Hexagone.
Petit rappel de vos cours d’HGGSP au lycée : le soft power désigne la capacité pour un État d’influencer les autres puissances étrangères par sa culture, sa langue, et tout autre méthode pacifique.
Le cliché du français amateur de bon vin, se baladant dans les rues baguette à la main est parvenu à traverser les océans, par exemple véhiculé par la série Emily in Paris. Alors oui, l’image est quelque peu exagérée, mais l’idée est bien là.
La gastronomie contribue au rayonnement du pays sur la scène mondiale.
DE MULTIPLES PLATS SIGNATURES
Les nombreux mets qui font le menu signature de la France lui confèrent les attributs du raffinement et de la qualité. Si l’on se penche du côté de la boulangerie, on parlera de croissants au feuilletage inimitable, d’éclairs au glaçage inégalé, ou encore de baguettes croustillantes à souhait. D’ailleurs, cette baguette a été inscrite en 2022 au patrimoine immatériel de l’UNESCO. De quoi souligner auprès des autres nations un savoir-faire inégalé. Si la boulangerie-pâtisserie s’associe à la délicatesse, à la précision du geste, la cuisine française en général s’associe à la générosité, avec des mets aussi copieux que chaleureux : que dire du coq au vin, du fois-gras, de la quiche lorraine, de la carbonade flamande, de l’aligot, et surtout du Kouign-Amann ?
DE MULTIPLES CHEFS ÉTOILÉS
La réputation culinaire française ne repose pas que sur ses spécialités, mais aussi sur ses grands noms. Le plus célèbre sans doute : Paul Bocuse. Ce lyonnais s’est fait non seulement le garant d’une tradition culinaire, mais également ambassadeur de l’excellence à la française. Avec l’ouverture d’établissements à l’étranger, il exporte la gastronomie hors des frontières françaises. L’on pourra notamment citer sa brasserie sur le site de Disneyworld à Orlando, ou encore celle située à Tokyo. Ces établissements fondés à l’étranger par de grands cuisiniers tricolores permettent de créer une sorte de maillage territorial, rendant accessible à de nombreux pays la cuisine française.
LA NOUVELLE VAGUE
Certes, les étoiles au guide Michelin sont une preuve incontestable du renom de nos cuisiniers. Mais la jeune génération, prodige des réseaux sociaux, parvient à inonder le monde de la vision française de la cuisine. L’on pourrait prendre l’exemple de Cédric Grolet, parfois décrié pour le prix de ses créations, mais dont les trompe-l’œil attirent chaque jour une foule de curieux devant sa boutique proche de l’Opéra. Autant de badauds qui relaieront dans leurs pays, à leur retour, les mérites de l’artisanat français. Et c’est bien là toute la force du soft power : influencer, s’immiscer dans les esprits, se forger une réputation, sans recours aux armes.
UNE ARME DE SÉDUCTION POLITIQUE
Concrètement, le soft power doit servir la politique pour être complet. Talleyrand, homme d’Etat du 18ème siècle affirmait à Napoléon « Donnez-moi de bons cuisiniers, je vous ferai de bons traités ». 200 ans plus tard, les dîners d’Etat voient se succéder derrière les fourneaux les plus grandes étoiles. Dernière démonstration du luxe à la française : une réception grandiose sous la pyramide du Louvre à la veille des JO, réunissant 500 personnalités, avec un menu concocté par le chef Alain Ducasse. Dans le champ politique, la gastronomie comme arme de soft power sert à placer son invité dans de bonnes conditions, avant de passer aux choses sérieuses.