«En ce monde rien n’est certain, à part la mort et les impôts», disait Benjamin Franklin. Mais aujourd’hui, la science rêve d’effacer une de ces deux certitudes. À l’ère de l’intelligence artificielle (IA) et du transhumanisme, la médecine se réinvente. D’un côté, l’IA révolutionne le diagnostic et les traitements. De l’autre, des chercheurs s’attaquent à l’un des plus grands mystères de l’humanité : comment stopper le vieillissement. Ces avancées sont prometteuses, mais elles soulèvent autant d’espoirs que de questions. Alors, que se cache-t-il derrière la quête de l’immortalité ?
La révolution discrète des hôpitaux
L’IA ne se contente plus d’être un simple outil puisqu’elle s’intègre peu à peu dans le quotidien des hôpitaux. Des systèmes capables d’analyser des radiographies, des scanners, ou même de proposer des diagnostics plus rapidement et souvent plus précisément que des médecins sont déjà en place dans des hôpitaux du monde entier. Des entreprises comme Google Health ou IBM Watson ont prouvé que l’IA pouvait déjà transformer le quotidien des médecins.
Mais peut-on réellement lui confier notre santé ? Si l’IA est formidable pour des tâches répétitives ou techniques, elle ne saura jamais remplacer la dimension humaine du soin. Une machine ne saura pas poser une main réconfortante sur une épaule, ni offrir l’écoute attentive qu’un patient attend de son médecin. En somme, l’IA est un outil puissant, mais pas un remplaçant.
Et si l’immortalité était possible ?
Si l’IA représente déjà la médecine d’aujourd’hui, le transhumanisme se projette vers l’avenir, avec l’objectif audacieux de freiner, voire stopper le vieillissement.
Mais voilà, cette quête d’immortalité soulève des questions moins séduisantes. Vivre éternellement, ou du moins beaucoup plus longtemps, semble être une idée folle et merveilleuse, non ? Mais… à quel prix ? Que se passerait-il si notre corps refusait de vieillir, mais que notre esprit commençait à s’essouffler ? Après tout, vivre plus de 100 ans, c’est une chose, mais vivre 500 ans à ressasser les mêmes souvenirs… Qui signe pour ça ?
Et puis, bien sûr, il y a la question sociale. Si les technologies qui permettent de ralentir ou stopper le vieillissement deviennent accessibles uniquement aux plus riches, alors le rêve d’une vie éternelle deviendrait rapidement un privilège de quelques-uns. Pas sûr que ce soit une vision d’avenir très égalitaire. En fait, on risquerait plutôt de se retrouver dans une société où une élite immortelle observerait les générations passées comme on regarde des mouches qui nous embêtent. Sympathique, non ?
Mais au fond, l’immortalité, est-ce vraiment ce qu’on souhaite ? Une vie sans fin pourrait-elle nous offrir la richesse des expériences humaines, ou finirait-elle par nous lasser ? La fin de la vie, après tout, donne tout son sens à la vie elle-même. Un peu comme une série qui serait géniale au début, mais qui finirait par traîner en longueur, jusqu’à ce qu’on soit heureux qu’elle se termine. Peut-être que la fin de notre histoire, c’est finalement ce qui lui donne de la valeur ?
IA : Promesses et dangers
L’IA et les recherches sur la longévité recèlent des promesses immenses. Par exemple, l’IA peut améliorer l’accès aux soins, en particulier dans les régions sous-médicalisées, grâce à la télémédecine et à la consultation à distance. Quant aux traitements anti-âges, ils pourraient un jour offrir un répit face aux maladies dégénératives comme Alzheimer ou Parkinson.
Mais ces avancées ne doivent pas occulter les défis éthiques et sociaux. L’IA pourrait certes améliorer les soins, mais si elle est mal régulée, elle pourrait renforcer des inégalités préexistantes. Le transhumanisme, quant à lui, soulève la question du « prix » de l’immortalité : qui sera en mesure de se payer une vie éternelle, et à quel coût moral et social pour l’ensemble de l’humanité ?
La médecine de demain devra ainsi jongler entre innovation et éthique, en veillant à ce que le progrès ne se fasse pas au détriment de l’humanité. En définitive, le plus grand enjeu ne réside peut-être pas dans la prolongation de la vie, mais dans la manière dont nous vivons notre vie, avec toute la richesse et la profondeur qu’elle comporte, même si cette dernière doit avoir une fin.