Zombie : bien plus qu’une chanson de morts-vivants !

Zombie : bien plus qu’une chanson de morts-vivants !

Zom-ombie ! Zom-ombie ! Zom-ombieee hey, hey ! 

Vous connaissez sûrement ce refrain qui, une fois dans votre tête, n’en sort plus… Peut-être même le fredonnez-vous (approximativement) dès les premières notes. Mais vous êtes-vous vraiment intéressés aux paroles de cette chanson des Cranberries ? Vous êtes-vous déjà demandés ce que Dolores O’Riordan évoque lorsqu’elle chante « they are fighting with their tanks, and their bombs and their bombs, and their guns ?  De qui parle-t-elle ? Pourquoi vouloir se battre à coup de bombes et de fusils dans une histoire de zombies ? 

Contexte tourmenté et hommage

Nous sommes le 20 mars 1993 à Warrington, en Angleterre. Une bombe explose dans un centre commercial et tue Tim Parry, Johnathan Ball, et deux enfants de trois et douze ans. L’attentat est revendiqué par l’IRA (l’armée républicaine provisoire irlandaise) qui, depuis les années 1960, réclame l’indépendance de l’Irlande du Nord. 

C’est dans ce contexte que Dolores O’Riordan, la chanteuse du groupe irlandais Cranberries, écrit « Zombie ». Les deux premières phrases : « Another head hangs lowly, child is slowly taken » font évidemment référence au drame de Warrington et introduisent un plaidoyer contre les violences de ce conflit. 

Le morceau sort un an plus tard, en 1994, à l’occasion de l’album « No Need to Argue ». L’IRA vient de signer un cessez-le-feu. Le succès est immense et immédiat.

Une référence historique

Au-delà de l’attentat retenu comme motif d’écriture de la chanson, celle-ci fait aussi référence à un autre événement. L’insurrection de pâques de 1916, qui a durablement marqué l’histoire irlandaise («It’s the same old theme since 1916 »), est citée.

Ce 24 avril 1916, 120 membres de l’Irish Citizen Army et 700 de l’Irish Volunteers Force défilent dans O’Connell Street à Dublin. Ce mouvement organisé par le conseil suprême de l’Irish Republican Brotherhood (IRB) doit, pour ses organisateurs, sonner le début du soulèvement d’une partie du peuple irlandais contre la Grande-Bretagne. En effet, beaucoup d’Irlandais souhaitent devenir indépendants.

Mais l’insurrection ne prend pas. Les affrontements sont sanglants et font plus de 400 morts, dont une grande majorité de civils. Afin de dissuader les Irlandais de toute future rébellion, l’armée britannique décide d’arrêter plus de 5 500 personnes en Angleterre et 90 peines de mort sont prononcées à la suite. C’est ce désastreux bilan humain, responsable d’une escalade infinie vers la violence, que la chanteuse dénonce.

Un plaidoyer contre la violence 

Composant le refrain, les paroles « They are fighting with their tanks, and their bombs and their bombs, and their guns » visent à l’évidence tous les protagonistes. Car si les tanks désignent uniquement l’armée britannique, la répétition de « their bombs » évoque aussi bien les bombes de l’IRA que celles de l’armée britannique. Et bien qu’Irlandaise, Dolores O’Riordan prend soin de se désolidariser des auteurs de l’attentat : « But you see, it’s not me, it’s not my family ».  

Le refrain accuse donc tous les belligérants à part égale. Les phrases «What’s in your head, Zombie» et « In your head they are dyin » renvoient ces hommes à l’état de « Zombies » où les conduit leur violence, les condamnant à survivre avec cette part mortelle de responsabilité.

Une résonance universelle

Ces mots, aussi marquants soient-ils, n’ont pas empêché la poursuite des violences et de nouvelles effusions de sang. En 1998, l’attentat d’Omagh mené par l’IRA est considéré comme « la pire atrocité terroriste d’Irlande du Nord ». Aujourd’hui encore, au-delà des frontières de la Grande-Bretagne, des scènes d’horreur sont perpétrées au nom d’événements passés sanctifiés.

Bien que cette chanson ait été écrite autour du conflit nord-irlandais, ses paroles résonnent encore aujourd’hui, partout où des attentats ont lieu, égrenant inlassablement leur chapelet de victimes. Quand la guerre a été déclarée en Ukraine c’est encore cette chanson que l’on peut entendre, reprise par des réfugiés ukrainiens qui fuient les bombardements. 

Et toujours la même question lancinante : Que se passe-t-il dans ta tête, Zombie ?

 

By La Plume, Dauphine

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