Le bleu inspire. Et comment parler de bleu dans l’art sans penser à la période bleue de Picasso? Des œuvres exceptionnelles, innovantes et spectaculaires qui nous donnent envie de déifier l’artiste. Mais qui était-il vraiment ?
Picasso demeure l’un des plus grands peintres au monde. Un génie incontestable, une réussite évidente. Tout semble acquis pour l’artiste. Pourtant, de nombreux témoignages noircissent l’image du peintre. Parmi eux, ceux des femmes l’ayant côtoyé. Entre violences et abus, découvrez la vie de Picasso. Une vie tournée vers un souhait clair : détruire les femmes qu’il a rencontrées.
Un entourage meurtri
Laissons le peintre de côté et prenons la personne. L’entourage de Picasso a un avis bien tranché à son sujet. Plusieurs de ses proches ont connu un destin sombre. Marie Thérèse-Walter, maîtresse et mère d’un de ses enfants, s’est suicidée. Même sort pour sa seconde épouse Jacqueline Roque. La photographe Dora Maar a souffert de dépression à cause de leur relation. Un de ses fils est mort d’alcoolisme… En bref, la majorité de son entourage proche s’est décomposée à petit feu.
Simple coïncidence ? Sûrement pas lorsque l’on connaît la nature des relations qu’il entretenait. Femmes battues et crimes sexuels. Défaut de compassion, de reconnaissance. Voire d’humanité ? C’est ce que laisse penser la façon dont Picasso a traité celles et ceux qui ont osé l’approcher.
Des femmes détruites
Françoise Gilot, son ex-compagne, a écrit dans son livre Vivre avec Picasso que le peintre aurait dit : “Les femmes sont des machines à souffrir”. Témoignage fort, et dur. Mais surtout commun avec ceux de plusieurs autres femmes. L’artiste peintre Fernande Olivier, compagne de Picasso de 1904 à 1909, affirme que ce dernier la cloîtrait chez lui, par jalousie et possessivité. La photographe Dora Maar assure avoir vécu des violences physiques, sexuelles, psychologiques. Appuyons aussi sur l’écart d’âge entre Picasso et les femmes, parfois mineures, qu’il a rencontrées. Quarante ans le séparaient de Françoise Gilot…
Alors, Picasso gérait-il mal ses aventures amoureuses ? Non. Ce n’était pas de la mauvaise gestion, mais une volonté de destruction. Sa petite-fille, Marina, décrit dans son mémoire le traitement des femmes par Picasso : « Il les soumettait à sa sexualité animale, les apprivoisait, les ensorcelait, les ingérait et les détruisait sur ses toiles. Après avoir passé de nombreuses nuits à extraire leur essence, une fois qu’elles étaient asséchées, il les délaissait ».
Ce souhait de « vider les femmes de leur essence » est également visible dans les œuvres du peintre. Il peignait des femmes déconstruites, comme Les demoiselles d’Avignon. Il élaborait des portraits de femmes éplorées, comme La femme qui pleure, qui représente Dora Maar, désolée.
Malgré tout ça, il affirmait aimer les femmes. Il est perçu comme un croqueur de femmes, un amoureux éperdu de l’amour. “Picasso, l’homme qui aimait les femmes”, comme on peut le lire dans un article d’octobre 2014 du Journal du Dimanche. À nouveau non. Picasso a aimé posséder des femmes. Génie de la peinture, il utilisait ses proies à ses fins artistiques. Il a renouvelé son art en détruisant des femmes. Il a détruit ses victimes pour se satisfaire.
Alors peut-on, vraiment, aimer Picasso ?
Rien n’enlèvera à Picasso son génie. Personne ne contestera ni son talent, ni son impact sur le monde artistique. Seulement voilà, Picasso est bien plus qu’un prodige du dessin. Il a été mis sur un piédestal par la presse, les artistes, les nations. Par tout le monde. Et si l’homme est vénéré, alors ses actions le sont aussi. Et ses crimes sont ignorés. Sans doute car les personnes qui l’adorent sont les mêmes qui n’entendent pas sa culpabilité.
Aimer les œuvres de Picasso ne rendra personne complice de ses actes. Idolâtrer le peintre, en revanche, remet en question la légitimité des victimes. Parce qu’en séparant l’œuvre de l’artiste, le génie de l’homme est mis en lumière. Ses crimes commis, cachés, voire oubliés. Alors, l’admiration de Pablo Picasso ne peut se concevoir éthiquement sans refuser à ses victimes, leur position de victimes. Encore faut-il reconnaître celles et ceux qui ont souffert.
By La Plume, Dauphine