Cet été, la 112ème édition du Tour de France a conduit les 184 coureurs des 23 équipes engagées à traverser l’hexagone, de Lille à Paris en passant par la Bretagne, les Pyrénées et les Alpes. Ces 23 formations ne sont pas constituées par nationalités, mais correspondent à des équipes sponsorisées par de grandes entreprises. La conséquence directe ? Le financement varie d’un groupe à l’autre, selon l’implication du partenaire, avide de se faire connaître.
Le Tour de France, une vitrine publicitaire
Selon l’organisateur de la Grande Boucle - Amaury Sport Organisation - la course est retransmise dans plus de 190 pays. Plusieurs enquêtes statistiques affirment ainsi que le Tour de France est le troisième évènement sportif le plus regardé au monde, derrière les jeux olympiques et la coupe du monde de football masculin. Être sponsor d’une équipe cycliste engagée sur la grande boucle est donc un gage de mise en lumière de son activité économique.
Le rêve de chaque sponsor est ainsi de parrainer une équipe adepte des victoires, que ce soit des victoires d’étapes ou la gagne au classement général. En effet, lorsqu’un coureur lève les bras sur la ligne d’arrivée, son maillot arbore fièrement les couleurs du sponsor, le nom de l’entreprise est mentionné à maintes reprises par les médias, et rien qu’en France, ce sont en moyenne 3,72 millions de téléspectateurs qui regardent l’arrivée sur les antennes de France 2, selon Puremédias.
Des équipes en difficultés, et des sponsors en perdition
Nul ne doute que les sponsors des leaders au classement général rentabilisent leur investissement : à lui seul, le vainqueur Tadej Pogacar a remporté 4 étapes et le maillot Jaune. Son sponsor majeur, la compagnie aérienne Emirates est tombé sur la poule aux œufs d’or. En 2021, les chiffres avancés par différents médias (les équipes ne publient pas leurs comptes, il s’agit donc d’estimations) évoquaient un budget à 35 millions d’euros, contre 7,5 en 2014. Et cette inflation continue : Cédric Vasseur, manager de l’équipe française Cofidis, avance ainsi que «Les meilleures équipes du monde ont un budget de 50 millions d’euros”.
Toutes les formations ne sont pas logées à la même enseigne. Plusieurs sponsors menacent même de retirer leur concours auprès de leur équipe. C’est notamment le cas de la Team TotalEnergies, avec toutefois un répit de quelques années encore. Plus grave toutefois, le cas de la formation Arkéa B&B hôtels. Quelques jours avant le départ de la Grande Boucle, les deux sponsors majeurs ont annoncé ne pas reconduire leur partenariat à l’issue de la saison 2025. La survie de l’équipe n’était donc pas assurée. Et cela s’en ressent dans les budgets alloués. A l’occasion du Tour de Suisse au printemps, le leader de l’équipe alertait : “On a beaucoup moins de moyens, on est dans une situation financière compliquée”. A propos de sa deuxième place au classement général, il disait espérer “que ça mettra un peu d’envie aux sponsors de venir».
Être à l’avant et se faire voir
Ainsi, pour de nombreuses équipes, participer au Tour de France revêt l’importance capitale d’obtenir de son sponsor un prolongement du contrat, ou d’attirer de nouveaux pourvoyeurs. Dans cette démarche, l’échappée joue un rôle central. Ce terme désigne un groupe de coureurs qui partent à l’avant lors de l’étape, pour se dissocier du peloton. Ils font ainsi la course en tête, et évitent de se fondre dans la masse. Chose étonnante : c’est souvent sur les étapes de plaines, dont la victoire est presque systématiquement garantie à un sprinteur resté bien au chaud dans le peloton, que se forme une échappée composée d’équipes en difficultés. Ces coureurs savent que le peloton les rattrapera à quelques kilomètres de l’arrivée, mais les laissera passer l’étape à l’avant. En restant à l’avant pour une partie au moins de l’étape, les coureurs échappés mettent en valeur leurs sponsors, et leur donnent une raison supplémentaire de ne pas couper les vannes.