Quand les musées ont leurs amis.

Quand les musées ont leurs amis.

Chaque année, les sociétés d’amis de musées contribuent à enrichir les collections, financer la restauration, faire rayonner les musées auxquels elles sont rattachées. Il s’agit d’associations fondées à partir de la toute fin du XIXe siècle dont l’objet est de faire appel à des fonds privés afin de soutenir un musée en finançant ses activités. La première à émerger en France est la Société des Amis du Louvre en 1897. Un constat est alors partagé par ses fondateurs, celui des moyens limités de l’État pour l’accroissement des collections, c’est pour y pallier, mais aussi faire face à la concurrence des pays voisins que le projet naît. À l’aube du siècle suivant, elles voient le jour en nombre, comme celle de Versailles en 1907 avec comme objectif de remédier à l’état de délabrement du château. Mais aussi celle du Muséum national d’Histoire naturelle et du Jardin des Plantes la même année, du Musée de l’Armée en 1909 ou encore celle du Musée Guimet en 1923. Elles se sont depuis multipliées, et pour beaucoup sont réunies au sein de la Fédération Française des associations d’Amis de Musées (FFSAM) qui compte environ 300 membres, aussi bien de petits musées régionaux et locaux que de grands musées nationaux.

Qui sont ces « amis » de musées ? Les profils sont multiples, et varient aussi selon la nature du musée. On y trouve des passionnés d’art, d’histoire ou de sciences naturelles, des retraités, des étudiants, des mécènes, des collectionneurs, des enseignants, etc. Certaines entreprises s’y associent également et apportent leur soutien au travers des projets de mécénat. Les membres bénéficient de nombreux avantages : l’entrée gratuite et parfois prioritaire dans le musée, de visites privées, de rencontres privilégiées avec les conservateurs, de conférences et parfois des excursions et des voyages. Les sociétés d’amis proposent généralement différents degrés d’adhésion, de la formule simple à celle dite bienfaitrice, chaque palier offrant davantage de privilèges.

À l’origine, nombreuses sont les sociétés d’amis qui se constituent comme cercles assez fermés où se retrouvent des membres aisés et cultivés désireux par ce biais d’affirmer leur statut de mécène et de philanthrope, elles se sont au fil du temps ouvertes à un public plus large, accueillant en leur sein des profils beaucoup plus diversifiés. Il subsiste un défi de taille : séduire les plus jeunes générations. La plupart des associations peinent à rajeunir leur base. Elles ont pour certaines créé une formule d’adhésion dédiée et offrent des activités spécifiques mais cela n’est pas toujours suffisant. Si ces sociétés veulent rester vivantes elles devront sans doute se réinventer en transformant leur façon de transmettre la passion pour le patrimoine, l’art, l’histoire, la science.

On pourrait être tenté de les appeler « sociétés de donateurs », mais s’il est vrai que leur rôle est de participer au financement à travers les dons qu’elles reçoivent, il peut être réducteur de les appeler ainsi. En effet, elles qui accompagnent les musées depuis plus d’un siècle, en finançant des acquisitions, soutenant la restauration, fidélisant, permettant des rencontres, contribuant à la médiation culturelle, et apportant parfois un contrepoint aux institutions, ne sauraient être résumées ainsi. Dans un contexte budgétaire souvent contraint, elles rappellent qu’un musée vit de l’engagement de ses conservateurs mais aussi de la mobilisation de ses visiteurs devenus amis, décidés à se faire gardiens de l’art, de la science et de la mémoire collective. L’avenir des sociétés d’amis de musées dépendra de leur capacité à séduire de nouveaux publics et à continuer d’incarner ce trait d’union entre culture et société. Et vous, serez-vous l’ami d’un musée ?

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