Le premier enfant de la famille : celui que l’on attend souvent avec une importance particulière. L’enfant qui a le privilège d’être l’unique centre d’attention de ses parents un certain temps. C’est vrai à toutes les époques et depuis toujours. Mais est-ce vraiment la meilleure place de la fratrie ?
Longtemps le statut d’aîné dans une fratrie a été synonyme de privilèges. Avant la Révolution française, le droit d’aînesse présentait un réel avantage : l’aîné héritait de la fortune et des biens de ses parents, tandis que ses frères et sœurs n’avaient droit à presque rien. On a tous déjà vu un film dans lequel le roi meurt et son premier fils doit prendre sa place. Plutôt valorisant non ? Je dirai surtout stressant. Bien que le droit d’aînesse fût aboli en 1792, ce sentiment de devoir de responsabilité plus importante pour le premier né que pour les autres n’a pas disparu au sein des familles.
1er sous-titre : Un rôle symbolique à ne pas sous-estimer
Aujourd’hui, être l’aîné de la famille ne fait pas forcément référence à une position privilégiée. Du moins ces avantages sont temporaires, tant que l’enfant est unique. Et son rôle n’est pas à prendre à la légère car il transforme le couple conjugal en couple parental. Il incarne l’étape non négligeable de l’obtention de la parenté. C’est l’enfant qui peut tout faire basculer dans une relation. Quand le premier enfant est né, on a peur de tout. Il faut faire attention aux moindres détails, à ne rien faire de travers. Les nouveaux parents sont stressés sans arrêt et veulent évidemment faire de leur mieux. Cet investissement important dans la vie du bébé explique les attentes exigeantes des parents en retour. On veut qu’il soit parfaitement éduqué, qu’il réussisse dans la vie. Le premier enfant doit être l’exemple pour les suivants. D’ailleurs cette épreuve du petit frère ou de la petite sœur qui arrive marque la fin d’un ère. Il faut un temps à l’enfant pour comprendre qu’il faut maintenant partager ses parents, qu’il n’est plus le seul à attirer l’attention. Ce passage peut s’avérer particulièrement compliqué, d’autant plus quand l’enfant est jeune au moment où il devient le « grand » de la famille.
2ème sous-titre : Alors, qu’elles en sont les conséquences ?
« Surveille ton frère », « Va chercher ta sœur à l’école », « Montre l’exemple tu es plus grand »…ces phrases vous rappellent peut être quelques souvenirs. C’est par le biais de ces requêtes ou de comportements implicites que les parents font naître une charge mentale à celui qui était pourtant si chouchouté auparavant. En effet, l’aîné est souvent victime d’une pression psychologique plus importante que ses frères et sœurs. Il doit s’en occuper, aider les parents lorsqu’ils sont débordés. Comment cela impacte la vie de l’enfant ?
A endosser de telles responsabilités, l’aîné risque d’être poussé à grandir plus vite qu’il ne le devrait, à manquer d’insouciance. Des répercussions sont également observables à l’âge adulte. D’après Rebecca Duvillié, psychologue clinicienne qui accompagne beaucoup d’enfants : « les aînés sont souvent des personnes qui aiment diriger les autres et qui peuvent se montrer autoritaires car on ne les a jamais empêchés d’agir de la sorte dans la fratrie, au contraire les parents les ont encouragés ». Néanmoins, on ne cherche pas ici à démontrer que la place de l’aîné est ingrate. Elle est aussi accompagnée de nombreux avantages. Voici une statistique dont vous pourrez vous vanter si vous êtes ce fameux premier : selon une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America (PNAS), les aînés réussissent mieux professionnellement et dans 60% des cas l’aîné à un QI supérieur à ses frères et sœurs. Enfin, ne vous inquiétez pas. Même si la place de la naissance a un réel impact sur le vécu et le ressenti de l’enfant, d’après les psychologues, il n’y a pas de place idéale, simplement des expériences différentes.
La Plume
