El Mouhoub Mouhoud : “Le concours Tous Éloquents est une œuvre d’utilité publique”

El Mouhoub Mouhoud : “Le concours Tous Éloquents est une œuvre d’utilité publique”

Depuis le mois d’avril, se prépare, au sein des locaux de l’Université Paris Dauphine - PSL, un événement d’envergure autour du handicap : le concours. « Tous Eloquents » dont la finale se déroulera, au Grand Rex, le mardi 20 juin, à 20h.

Mounah Bizri (Alumni de Dauphine, Créateur de l’association Eloquence de la Différence), Chirine Ben-Abdelkader (Présidente de Dauphine Eloquence) et Benjamin Louis (Fondateur de l’association Coeur Handisport) ont créé ce nouveau concours d’éloquence ouvert au handicap. En effet, les candidats sont atteints de surdité, d’autisme, de bégaiement ou de trisomie 21.

Entretien exclusif de Chirine, Mounah et Benjamin avec le Pr El Mouhoub Mouhoud, Président de l’Université Paris Dauphine – PSL 

Soutenir le concours Tous Éloquents, en quoi est-ce important pour vous ?

El Mouhoub Mouhoud : L’université et la société, en général, ne sont pas des institutions inclusives en soi, de manière naturelle, mais présentent de nombreuses barrières visibles ou invisibles à l’entrée et surtout à la réussite de chacun : les chances d’accès et de réussite ne sont pas les mêmes selon les caractéristiques des individus (sociales, territoriales, ethniques…) indépendamment de leurs compétences intrinsèques ; c’est aussi le cas des caractéristiques liées aux différents types de handicap. C’est pourquoi des programmes d’accompagnement sont mis en place, dans notre université comme dans d’autres institutions.

Le concept de Tous Eloquents a le mérite d’élargir la question de l’éloquence à plusieurs handicaps comme un moyen de promotion de l’insertion, de l’intégration, du déploiement des qualités individuelles de chacun. Vous donnez la parole à des personnes qui a priori ne seraient pas candidates à un concours de cette nature.

Cet événement exceptionnel autour du handicap permet de réduire les barrières visibles ou invisibles  en défaveur de certains individus indépendamment de leurs compétences intellectuelles et personnelles. J’y vois, ainsi, une œuvre d’utilité publique.

Mounah : Oui en effet : ce qui est très intéressant, c’est que dans le langage on parle de « personnes sourdes et muettes » mais certaines d’entre elles participent au concours, et elles parlent ; donc ces personnes ne sont pas muettes ! Ce sont des notions qui sont encore très peu connues, d’où l’importance d’en parler.

Chirine : En tant que coach formateur et bénévole, on se rend rapidement compte de ces différences et je peux vous dire que l’on apprend également de ces spécificités. C’est une expérience humaine incroyable, pour chacun de nous. Tous Éloquents n’est pas juste un concours, c’est tout un programme (auquel participent des bénévoles dauphinois) qui vise à donner confiance aux candidats et à leur faire prendre conscience qu’ils ont les clefs, qu’ils peuvent y arriver. On a un certain imaginaire des concours d’éloquence, avec une manière de parler particulière, alors que l’essence même de l’éloquence, c’est la capacité à émouvoir et à faire passer des messages. 

El Mouhoub Mouhoud : Oui, c’est fondamental que le public puisse se rendre compte de la puissance qui émane du fait de briser certaines barrières symboliques. 

Quel est le rôle de Dauphine et plus généralement des institutions pour le handicap ? 

El Mouhoub Mouhoud : Une des missions des universités comme Dauphine dans le cadre de son programme « Egalité des  chances » est de mettre en place des mécanismes qui favorisent la prise d’initiative, et d’augmenter les chances données à chacun de parvenir à ses objectifs, notamment professionnels. Donc en tant que Président d’université, je ne peux que donner de l’écho à cette belle initiative.

Benjamin Louis : C’est d’ailleurs pour cela qu’à travers le concours, l’idée est de montrer qu’on a tous les capacités de s’exprimer, et de se faire entendre. Il y a un manque de représentation et de visibilité du handicap qui rend cet exercice difficile. A travers l’éloquence, on donne la parole à des personnes qui ne l’ont pas habituellement. Ils apprennent beaucoup d’eux, et vice-versa : le plus grand nombre pourra apprendre du handicap : la salle est faite pour accueillir 2500 personnes !

 

By La Plume, Dauphine.



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