Fiers de leurs vingt millions de spectateurs à travers le monde et de leurs trente-huit Emmy Awards (ce qui est un record), Jon Snow, Daenerys et leurs compères de Game Of Thrones ont su conquérir le cœur et l’imagination des fans. L’univers de la série, qui prend place à Westeros, n’y est sûrement pas pour rien. Entre rivalité, morts et guerres en tout genre, Game Of Thrones nous a tenu en haleine pendant huit saisons. Moins mise en avant mais tout aussi importante, l’économie de Westeros reste énigmatique. Alors, pour ton plus grand plaisir, La Plume te propose une plongée dans le système économique d’un des univers de fantasy les plus impressionnants.
Une banque toute puissante qui ne prête qu’aux riches
La grande majorité de l’action de la série prend place sur un continent : Westeros. Ce dernier est certes divisé en royaumes, mais il reste dirigé par celui ou celle ayant l’honneur d’hériter du trône de fer (ou d’avoir tué tous ses concurrents). On se retrouve donc face à une monarchie absolue, qui nous évoque le système féodal moyen-âgeux.
Pour autant, qui dit système politique, dit inévitablement système économique. L’économie n’est clairement pas l’enjeu principal que souhaitaient mettre en avant les scénaristes. On peut pourtant en apercevoir les rouages entre deux exécutions. Tout fan qui se respecte nous le dira, on ne peut pas parler de l’économie de Westeros sans parler de la Banque de Fer. Évidemment, The Iron Bank, pour les puristes de la VO, est l’institution principale de l’économie de Game Of Thrones. Se situant à Braavos, elle agit comme une banque centrale et, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’est pas très arrangeante.
Considérée comme “faiseuse de roi”, elle ne prête qu’à ceux en qui elle a entièrement confiance et qui auront le pouvoir de la rembourser. Car, oui, “la banque de fer obtiendra toujours son dû”. Et nous te conseillons de ne pas chercher à les contourner si tu ne veux pas te retrouver la tête sur un pique … Simple conseil d’ami.
La Banque de Fer est dans ce sens une institution politique également. Les personnages savent exprimer leur peur vis-à-vis d’elle. Crainte renforcée par la position monopolistique de la Banque. Certains décident même de créer des alliances, à travers des mariages notamment, pour s’assurer le pouvoir et la possibilité de les rembourser.
En résumé, la Banque de Braavos exerce un contrôle total sur les royaumes de GOT et, comme nous pouvons le voir à travers la série, elle reste l’interlocuteur principal des personnages en temps de guerre.
Un continent en crise
“Crise” est un bien faible mot pour décrire l’état politique, économique et social de Westeros. Pour autant, certains aspects de l’univers sont intéressants. Notamment lorsqu’ils sont mis en perspective avec la réalité.
Tout d’abord, Westeros est un continent en guerre, au sein même du continent, mais aussi avec des ennemis extérieurs. Une théorie d’Adam Smith évoque que les pays menés par la violence sont beaucoup moins propices à la croissance. Barry Weingast, politique à l’Université de Stanford, mena une étude dans l’objectif de confirmer cette théorie. Les résultats sont assez univoques : les dix pourcents des nations les plus pauvres subissent un coup d’État presque chaque année. Dans GOT, le moins que l’on puisse dire, c’est que la violence est omniprésente. Depuis la mort de Robert Baratheon, qui régna pendant un temps relativement paisible après la destruction des Targaryens, les maisons n’ont cessé de combattre pour s’imposer sur le trône de fer. Elles mènent donc des économies de guerre et sont à la merci de la banque de fer. Les royaumes s’endettent avec des risques de défauts conséquents. Et si tu ne t’es pas endormi pendant les cours d’Éric Leblanc ou en lisant le début de cet article, tu sais ce qu’il se passe quand la banque de fer n’obtient pas son dû…
La croissance est généralement menée par le progrès technologique. On peut pourtant penser que la guerre crée de l’innovation. Or, ce n’est pas le cas dans le monde de GOT. Par exemple, alors que la guerre contre les marcheurs blancs se rapproche, aucun royaume ne décide de produire massivement du dragonglass ou du Valyrian Steel, seules armes efficaces contre ces zombies effrayants. Autre point à ne pas négliger, la banque centrale se situant sur un autre continent, il n’y a aucune banque locale présente sur Westeros, ce qui freine les initiatives d’innovations.
GOT présente aussi une société très inégale. Les Lannisters qui, pendant une grande partie de la série, règnent sur les sept royaumes, peuvent être considérés comme des dictateurs qui n’agissent que dans leurs propres intérêts. Un exemple concret est la reconstruction de la flotte royale, alors que cet argent aurait pu être réinjecté dans l’économie. Les Starks, les Tyrells et autres maisons ne sont pas en reste et ne mènent pas non plus une politique très solidaire au sein de leur royaume. Les dettes sont plutôt utilisées pour organiser des tournois, des festins ou des actions de guerre.
Enfin, la menace d’un hiver rude se rapproche fortement et représente l’un des enjeux principaux de la série. Pour autant, l’agriculture reste la ressource principale des habitants de Westeros et le manque de diversification risque de se faire ressentir.
Pour faire court, Westeros est donc un continent faisant face à une crise, qu’elle soit sociale, politique ou économique. La guerre et l’hiver menacent aussi. Ce qui n’arrange pas les affaires de nos personnages.
Un parallèle avec notre système économique
En dehors de son scénario rocambolesque, Game Of Thrones se base sur un système économique réaliste, mélangeant intrigues, problèmes médiévaux et contemporains.
Tout d’abord, nous pouvons remarquer que la compétition rude que se livrent les élites dans GOT peut évoquer celle que se livrent les financiers. Avant de monter sur tes grands chevaux, laisse-moi m’expliquer. Dans un article de Quartz, média économique britannique, des traders ont notamment évoqué les parallèles entre les retournements de veste au sein des alliances dans GOT et au sein du monde de la finance. Pour ne faire que les citer, les financiers “change their loyalties all the time, because it’s all about finding the most profit”. «The lesson is that there is therefore no real loyalty». Il ne manque que Cersei et un affreux bonhomme de glace pour conclure la comparaison.
Pour rester dans la métaphore, Game Of Thrones se positionne comme une représentation de nos “saisons économiques”. De nouveau, tu dois te dire que je suis sûrement en train de chercher désespérément des arguments pour étoffer cet article. Aussi étonnant que cela puisse paraître, cela n’est pas le cas. Cette métaphore nous vient directement du grand chef George Martin. L’Été représente les périodes de croissance tandis que l’Hiver se veut récessions et crises. Le dernier hiver économique connu est la crise de 2008, suivie d’une période de relative croissance et de reprise. Mais comme les saisons se succèdent de façon inévitable, un nouvel hiver, inattendu, est arrivé, comme dans la série. Si nous étions des maisons dans GOT, que ferait-on face à ce froid glacial ? Si nous étions des Starks, on accumulerait bois et nourriture pour se cloîtrer et survivre à l’hiver sans souci. Mais si nous étions des Lannisters, on dépenserait monts et fortunes pour retarder l’arrivée de l’hiver, sans s’inquiéter des conséquences et sans faire de réserves. Au final, quelle est la bonne stratégie ? Cette question restera sans réponse.
Game Of Thrones a su captiver des millions de spectateurs à travers le monde. Pourtant, Daenerys et compagnie nous cachent encore bien des secrets. La guerre entre les Starks, les Baratheon et autres fauteurs de troubles a beau être finie sur nos écrans, elle est loin de l’être dans nos esprits.
Parce que l’art est immortel, La Plume adore l’exposer dans toutes ses couleurs et interprétations. Alors, si toi aussi, tu veux rejoindre ceux qui finiront sur le trône, c’est en B120 que ça se passe.
Marc-Adrien Marié, M1 Marketing & Stratégie