Remporter une élection en 2016 pour les nuls

Remporter une élection en 2016 pour les nuls

Il y a quelques mois le Brexit, la semaine dernière Donald Trump, l’année 2016 est riche en surprises coté élections. Certes, l’actualité alimente aujourd’hui plus que jamais les desseins populistes des grands vilains de ce monde. Si vous désirez les rejoindre et pourquoi pas à votre tour bafouer éthique et droits de l’homme, La Plume vous a préparé un petit guide pas piqué des hannetons qui vous servira à coup sûr !

 

On attaque directement par le meilleur, et pas le plus compliqué. Il va vous falloir appliquer une formule particulièrement efficace : prenez un enjeu quelconque, au hasard les migrants. Usez d’amalgame pour le transformer en quelque chose de plus croustillant capable d’appâter le chaland, nos migrants deviennent voleurs, violeurs ou terroristes à votre convenance. Enfin, le plus important, proposez une solution simple et efficace censée résoudre le problème dans la minute (pourquoi n’y a-t-on pas pensé plus tôt ?!). Là on peut se faire plaisir : murs géants, quotas, destruction d’abris, le choix est vaste. De l’insécurité à l’éducation en passant par le chômage, cette opération est à répéter autant de fois qu’un enjeu sociétal délicat se présentera à vous.

Ne soignez pas votre image

Dans les médias, évitez cette erreur de débutant qui consiste à se censurer pour respecter les principes élémentaires de bienséance. Vous ne vous adressez pas à la personne qui vous pose les questions, ni même à ce public de jeunes adultes bienpensants qui s’offusque à chacune de vos déclarations. Votre cible, c’est la masse. Cette immensité sombre, affamée de vos paroles. Vous ne les voyez pas, ils sont chez eux, derrière leurs téléviseurs, leurs radios, empêtrés dans leurs quotidiens sordides et répétitifs, marqués dans leur chair par leur petite condition. Ils ont soifs de solutions, idéalisent un changement qui ne viendra probablement jamais, apaisant du mieux qu’ils peuvent leur douleur dans une vaine recherche de coupables. Instrumentalisez leur souffrance, exploitez-la ! Elle est votre carburant. Ils veulent des boucs-émissaires ? Trouvez-en ! Le gouvernement en place, les étrangers, la mondialisation, les traités, alliances, ONG, ententes, qu’importe ! Martelez minutieusement vos solutions géniales à chaque apparition, tenez bon les assauts des détracteurs, ne changez jamais de cap.

Dites leur ce qu’ils veulent entendre

En débat, laissez vos concurrents vous prouver que vous avez tort, démonter vos arguments méthodiquement. Ils se trouveront géniaux, doués, de véritables machines médiatiques, des bêtes politiques ! Ils n’ont rien compris. Vous ne cherchez pas à avoir raison, mais à transmettre une vérité, celle que vous avez créée et qui vous fera élire. Vous n’en pensez probablement pas un mot, mais vous savez qu’elle fait mouche. Les gens n’ont que faire des démonstrations socialo-économico-démagogico-politiques de votre adversaire, ils ne les comprennent pas. Trop compliquées, trop abstraites, trop hypocrites… Ils se rassurent en se persuadant que vous, au moins, les comprenez. Vous tenez le bon bout.

Laissez les s’acharner contre vous

La couche supérieure de la population entreprendra de vous détruire. Les médias s’indigneront à chacune de vos apparitions, chacun ira de son petit commentaire pour vous salir. Vous trainerez une image si négative que vos proches vous laisseront tomber, on aura honte de s’afficher à vos côtés. Plus personne ne vous prendra au sérieux. Vous incarnerez alors ce qui se fait de pire en matière d’ordure (j’ai jamais dit que ça allait être agréable !).
Les gens commenceront alors à se dire que finalement vous n’êtes pas si dangereux que ça. Un taré pareil, qui oserait voter pour lui ? Les médias, vos plus grands complices dans cette immense farce, traceront des autoroutes à vos adversaires. Ils auront gagné avant d’avoir joué. Tout le monde s’accordera pour dire que vous n’avez aucune chance.

 

Tout le monde ? Non ! Bien sûr que non ! Seulement cette infime couche minoritaire ô combien bruyante que l’on retrouve à la télévision, sur les réseaux sociaux… Elle vous aura tellement craché dessus que l’on aura oublié la menace que vous incarnez. Vous, vous avez fait votre travail. Vos fidèles sont derrière vous, cette gigantesque masse oubliée par vos concurrents. Celle à qui vous vous adressez depuis le début, dont vous avez consciencieusement entrepris de remplir les cerveaux de toutes les absurdités que le votre est capable de créer. Trop occupés à vous détruire et à soigner leurs images, vos adversaires en ont oublié l’essentiel : proposer des alternatives réalistes à vos non-solutions.

 

C’était bien joué de votre part, il faut l’avouer. Vous avez à présent tout le loisir de vous contredire, de revenir sur l’intégralité de vos propositions, de littéralement rire au nez de cet électorat trop naïf qui a eu la stupidité de voir en vous une solution. Savourez votre revanche…

L’équipe de La Plume et moi même vous donnons rendez vous en Avril 2017 pour assister à votre échec cuisant ! À moins que…

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