Que l’on soit acteur ou spectateur, le sport est un domaine qui nous touche tous de près ou de loin. S’il est généralement associé aux valeurs nobles du partage, il semblerait que nous assistions aujourd’hui à un bouleversement du fondement vertueux de la pratique sportive.
Le sport a pour objectif premier de réunir les Hommes. Que ce soit des joueurs autour d’un but commun, des supporters derrière une même équipe ou une nation fière de ses couleurs. Le sport rassemble, soude et unit. C’est un vecteur de paix qui fait fi des différences au moyen de guerres pacifiques que se livrent des adversaires se respectant et s’estimant mutuellement. Deux milliards de téléspectateurs étaient ainsi devant leur poste pour suivre la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Pékin en 2008, quasiment un tiers de notre planète !
Une mondialisation aux conséquences désastreuses
Ça, c’est le sport en théorie. Dans la pratique, et aujourd’hui plus que jamais, le sport est également un instrument de division. Pas de par son objectif premier, qui est la prouesse physique couplée à l’heureuse association d’individualités derrière un objectif commun de victoire. Non, ce n’est pas le sport lui même qui divise, mais plutôt la tournure sur-mondialisée qu’il prend.
Quand on parle de mondialisation, on pense tout de suite business, intensification des échanges et course au profit. Le sport n’échappe malheureusement pas à ces clichés. En témoigne le débat des doubles nationalités qui est plus que jamais d’actualité. Si l’on se rappelle le battage médiatique provoqué par l’hésitation du footballeur Nabil Fekir, franco-algérien ayant choisi d’endosser le maillot bleu au terme d’une longue hésitation, le cas le plus polémique est sans doute celui du footballeur Diego Costa. Ancien attaquant de la sélection brésilienne, le joueur, motivé par l’appât du gain, décida en 2013 de virer de bord pour jouer la Coupe du monde sous les couleurs espagnoles. Cette décision lui aura valu une procédure de dénationalisation de la part d’un Brésil vexé à l’aube de sa Coupe du monde.
Les nouveaux enjeux amenés par de tels événements sportifs dépassent aujourd’hui largement le cadre du sport et manquent parfois d’endommager les relations diplomatiques internationales. Ce potentiel explosif qu’a le sport n’est pas récent. En 1969 a eu lieu la « guerre de cent heures », conflit opposant le Salvador et le Honduras. 3 000 morts, 15 000 blessés et plus de 50 000 foyers à la rue. Lourd bilan lorsque l’on sait que l’événement déclencheur du conflit fut un match de football organisé à l’occasion des qualifications du Mondial 1970.
Un domaine détourné
Certains acteurs distillateurs de haine ont bien compris les possibilités terrifiantes qu’offrent le sport et l’instrumentalisent pour servir leurs sombres desseins : prise d’otages lors des Jeux Olympiques de Munich en 1972, attentats lors du marathon de Boston en 2013 et près du Stade de France en 2015, etc. Le sport, de par le potentiel destructeur qu’il offre – foules massives, rassemblements –, est aujourd’hui le terrain de jeu favori des fanatiques désireux de semer leur répugnante idéologie à travers le monde. Plus que la recherche d’une destruction matérielle et physique, ce sont les valeurs du sport que les terroristes essayent de briser. Rejet de la fraternité, de la compétition saine et du rapport de force moral et enrichissant qui caractérise la pratique sportive. Ce but qui plane en filigrane au dessus de chacune de leurs actions peut se résumer à un seul mot : diviser. Cette idée de division se retrouve bien sûr à échelle internationale, où un groupuscule fanatique exploite une activité pacifique pour affirmer ses idées et inspirer un sentiment de crainte, mais aussi à échelle nationale, où le jeu beaucoup trop facile des amalgames vient par la suite entamer la nation dans sa chair en divisant ses citoyens.
A tous ces aspects sombres qui entachent aujourd’hui l’image du sport pourraient s’ajouter le développement inquiétant des produits dopants ou encore la corruption omniprésente qui gangrène les hautes instances décisionnaires. Mais il serait malhonnête de charger le bilan sans conclure sur quelque chose de positif. Il est important de garder à l’esprit que l’ensemble des points négatifs précédemment cités ne dépendent pas du sport en lui-même. Il peut en effet être un prétexte pour s’enrichir, débuter un conflit armé dont les causes sont souvent plus profondes, ou encore améliorer l’image et la puissance d’une nation. Toutefois, la diplomatie, l’économie, la géopolitique ou les marchés sont des concepts étrangers à ce qui fait l’essence même de la pratique sportive. Autant de choses auxquelles vous ne réfléchissez pas pendant votre footing du dimanche matin ou votre séance natation du mardi soir, et encore heureux. La vertu première du sport n’est-elle pas avant tout de vous changer les idées en vous coupant de la réalité ? On ne saura d’ailleurs que trop vous le conseiller mais croyez-nous, pour être en forme tant dans votre corps que dans votre tête – surtout après les fêtes –, pratiquez une activité physique régulière !
bourcet thomas
15 Nov 2019merci pour ton article ! Bien utile en cour de SES