On trouve à travers l’Histoire des formes d’esclavage dans quasiment toutes les régions et sociétés du monde. L’esclave est un individu qui a perdu sa condition d’homme libre, il est la propriété d’un maître qui l’utilise tel un objet pour réaliser différentes tâches. Les esclaves babyloniens mentionnés dans le code d’Hammourabi environ 1750 ans avant notre ère, les esclaves à Athènes ou encore ceux issus des peuples vaincus à Rome ne sont qu’une infime partie d’une liste non exhaustive. Mais la forme d’esclavage la plus présente dans nos esprits est sans aucun doute la traite négrière.
La Plume vous invite à découvrir les rouages de ce commerce d’hommes, de femmes et d’enfants.
Le début d’un commerce sans pitié
Dès le début du XVème siècle, le portugais Henri le Navigateur explore les côtes de l’Afrique de l’Ouest avec pour mission de capturer des habitants et de les ramener au Portugal. C’est le début de la traite européenne. En 1455 la traite est déclarée licite par le Pape, l’Église ne prendra position contre l’esclavage qu’en 1839 avec le Pape Grégoire XVI. Cette pratique était légale et régie en France par le Code noir rédigé pour sa première version par Colbert et promulgué par Louis XIV en 1685. Les navires négriers partaient des principaux ports d’Europe (Lisbonne, Nantes, Liverpool…). Ces bateaux ressemblaient à des navires de commerce classiques avec un équipage d’une cinquantaine d’hommes parmi lesquels le capitaine, les officiers, le chirurgien ou encore le charpentier. Malgré la longueur du voyage et la nécessité de transporter des quantités de nourriture importantes pour l’équipage et les esclaves, les membres d’équipages étaient nombreux pour pouvoir surveiller les prisonniers.
L’approvisionnement humain
Une fois partis des ports européens, les navires négriers se rendaient dans des comptoirs sur les côtes africaines afin d’effectuer la négociation et l’achat des esclaves auprès des rois locaux. Les captures effectuées par les Européens ne représentaient qu’une très faible proportion des captifs (environ 2% d’après les estimations de l’écrivain et journaliste Daniel Pratt Mannix). En effet l’Afrique était à cette époque composée d’une multitude d’ethnies, de royaumes, de tribus et de peuples. Les conflits et guerres internes étaient nombreux et le camp vaincu était régulièrement mis en esclavage par les vainqueurs. Les seigneurs des royaumes côtiers vendaient les esclaves capturés lors de guerres ou de razzias aux Européens en échange de verreries, d’or, d’armes, de tabac, pour ainsi dire d’une variété importante d’objets dont les quantités et la nature dépendaient des lieux et des époques.
La fin du voyage
La traversée de l’Atlantique vers les Amériques, d’une durée de deux à trois mois, était particulièrement éprouvante, en particulier pour les captifs. Les maladies étaient nombreuses, par exemple le scorbut qui se traduisait par des hémorragies multiples en raison de carences en vitamine C. Les esclaves étaient enfermés, enchaînés dans des conditions particulièrement dures et inhumaines, si bien que 10 à 15 % d’entre eux mouraient durant la traversée. Une fois arrivés à bon port, après une période de quarantaine pour éviter la transmission de maladies, les malheureux étaient mis en vente tels des objets dont le prix était négociable, dans des marchés aux allures de foires. Une fois le processus terminé, les esclaves étaient conduits dans les exploitations de leur nouveau propriétaire, le plus souvent des plantations agricoles ou des mines. La plupart y finissaient leur vie sous les coups de fouet sans jamais retrouver leur liberté.
Si officiellement l’esclavage a été aboli en 1848 par Victor Schœlcher, il est dans la pratique encore subit par des « invisibles qui ne connaissent pas leurs droits » (Le Monde, Sylvie O’Dy, présidente du CCEM ). Il y aurait en effet 40 millions de personnes asservies dans le monde selon l’Organisation internationale du travail (OIT).
Le passé ne peut être changé mais il permet de pointer les défauts qui persistent dans nos sociétés. C’est à nous de les corriger.