Les mille et une couleurs de la nouvelle vague
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Les mille et une couleurs de la nouvelle vague

Depuis son émergence dans les salles de cinéma parisiennes des années 1950, la Nouvelle Vague a transcendé les frontières du septième art pour influencer profondément d’autres domaines artistiques et culturels. On t’emmène aujourd’hui (re)découvrir son rayonnement continu, de la plume des écrivains à la musique, en passant par l’objectif des photographes.

 

Un mouvement pionnier d’idées et esthétiques uniques

Si la Nouvelle Vague t’évoque beaucoup de choses et surtout rien, pas de panique. Trêve de digression, la New Wave c’est quoi ? Tout d’abord au cinéma.

Les réalisateurs ont expérimenté sur tous les aspects, les acteurs, les décors, le montage, l’écriture. Le dénominateur commun ? Créer un sentiment de vérité. C’est en effet à la spontanéité et au réalisme que se raccroche la Nouvelle Vague. Pour cela, les artistes font appel à des acteurs non professionnels, tournent en extérieur dans des décors réels, coupent les scènes brusquement sans transition fluide et donnent de la profondeur à leurs personnages. L’anti-héros, ring a bell ? Aujourd’hui, les films de la Nouvelle Vague devenus cultes ne se comptent plus. François Truffaut, pour ne citer que lui, sort en 1959 Les Quatre Cents Coups, long-métrage semi-autobiographique où l’auteur met sur pellicule ses sentiments, des plus nobles aux plus ordinaires : l’amitié, la détresse, la douleur de l’abandon. De l’humain, du vrai grâce à la plongée dans l’intériorité des protagonistes.

Agnès Varda, avant d’être la BFF de JR, s’est aussi imposée dans ce mouvement révolutionnaire. C’est par des personnages d’une apparente normalité que la réalisatrice partage avec le spectateur sa vision et ses engagements, de manière plus efficace qu’à travers des figures manichéennes/théâtrales auxquelles peu s’identifient. C’est le début des films en couleur et associées à des plans plus mobiles, ces créations qui se rapprochent du documentaire rompent avec les conventions narratives traditionnelles et séduisent grandement. 

 

Une influence transversale dépassant les projecteurs

Bien au-delà de l’écran argentique, les artistes se sont réapproprié les techniques du mouvement pour capturer cette subjectivité et humanité dans leur œuvre. 

Beaucoup de productions cinématographiques sont des adaptations d’œuvres littéraires mais les écrivains contemporains ont également souvent emprunté des éléments de la Nouvelle Vague. Dans Moon Palace, que je vous conseille fortement, même si j’avoue qu’il a pris longtemps la poussière sur ma table de chevet, Paul Auster écrit sur l’histoire de Marco Stanley Fogg et sa quête d’identité dans le monde moderne. On y retrouve l’idée de rupture inhérente à la Nouvelle Vague, avec l’utilisation de personnages, évènements, situations ordinaires pour illustrer une réflexion profonde sur soi-même et sur l’Amérique. Créer une résonance avec le lecteur en utilisant des éléments ordinaires, même esthétique documentaire et réaliste que les images emblématiques des films de Truffaut et Godard. 

Mes goûts musicaux créant parfois la controverse, je parlerai de ce domaine d’un point de vue scientifique (absence de subjectif, serais-je en train de faire de l’anti Nouvelle Vague en écrivant sur le sujet ?) Pas besoin de chercher longtemps, le genre de la « new wave », apparu à la fin des années 1970, se caractérise par son côté expérimental. Côté instruments, de la guitare électrique, de la basse, et le fameux synthétiseur. Joy Division, Depeche Mode, Eurythmics s’essayent ainsi à de nouvelles sonorités. Si aujourd’hui, le synthé ou la boîte à rythmes ont un petit côté rétro, la popularité de la new wave reste grande et de nouveaux sous-genres en sont dérivés, comme l’électro.

Enfin, pas de cinéma sans image (il y a bien un César qui récompense cela). On peut prendre comme référence les œuvres de Raymond Cauchetier et de Georges Pierre qui relatent l’avènement de la Nouvelle Vague au cinéma. Les clichés de tournage capturés par les photographes de plateau répondent aux nouveaux codes érigés par le mouvement : moments fugaces et spontanés, tels que le fameux baiser entre Belmondo et Anna Karina sur le tournage de Godard. En embrassant ses idées novatrices et son esprit d’expérimentation, c’est le monde de l’art tout entier qui honore l’héritage du mouvement tout en perpétuant son influence.

 

La Plume

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