« Pollueuse trop cher, ingarable. » La voiture est en crise à Paris. Alors, on opte pour le vélib’, le wakeboard, le longboard, la trottinette, le skate : apanages des hipsters en tout genre.
Sans le « board », restent les rollers : les pieds direct’ sur des roulettes. Sport vintage ou un moyen de transport durable ? Qui sont ces urbains avec un casque et un look décontracté ?
Un peu d’histoire
A l’origine, le roller est un sport … belge ! Le premier patin à roulettes aurait été inventé vers 1760 par un Belge s’inspirant du patin à glace. Puis l’idée voyage en France et aux États-Unis. Le patin se modernise : patin à trois, puis quatre roues, roulement à billes et même patin à moteur. La grève des transports parisiens de décembre 1995 le rend populaire. Peu à peu, le Roller Tout Terrain, le Roller Joering, le kite-roller deviennent des disciplines à part entière. Depuis, le roller séduit. La capitale offre de beaux parcours : le Troca’, place de la Bastille et de la Bourse, les quais de Seine. Internet propose des cours particuliers mais surtout des courses qui réunissent une communauté en plein essor.
Des courses collectives pour chaque niveau
Rouler entretient le lien social et l’esprit solidaire. 6H Roller de Paris est la première course d’endurance à Roller, organisée à Paris. Avec 300 participants en 2022, elle rassemble une population mixte : trentenaires, enfants, couples, familles. L’objectif est simple : « réalisez le plus grand nombre de tours de circuit pendant 6h, en équipe de 2 à 5 patineurs ou en solo ». Au-delà de l’ambition sportive, c’est un défi populaire. La course fédère. Les amateurs de roller sont désormais rattachés à un groupe soudé. L’ambiance est à la fête : des enceintes animent le parcours et encouragent les participants. « Paris Roller » se vend aussi comme un événement gratuit et encadré. Tous les vendredis soir, les amateurs de roulette se donnent rendez-vous à 21H30 gare Montparnasse puis se baladent, le long d’un itinéraire balisé.
Un sport durable ?
D’autres initiatives vont plus loin : Macif Paris Rollers Marathon propose un parcours de 42 km, un vrai challenge auquel se prêtent seulement les plus aguerris. Sur leur site, l’organisation de 2022 annonce : « La course est organisée pendant la journée sans voiture le 19 septembre pour un maximum de sécurité ». Ainsi, la politique de la mairie de Paris semble aller de paire avec la massification de ce sport tendance. 20 minutes évoque aussi le cas de Vincennes où la mairie s’engage dans ce sens. Cet hiver, elle remplace sa traditionnelle patinoire par une piste de roller : moins onéreuse et en phase avec la sobriété énergétique. La pratique du roller s’épanouit donc dans une ère qui se veut écologique et responsable.
Aller à son rythme
Si le roller est une performance sportive, un jeu d’équilibriste, il est surtout synonyme de Liberté ! C’est aller à son rythme, plus vite que les piétons et moins que les moteurs. Grèves des stations services, pollution, transports bondés, pénurie d’essence, inflation… Infos qui nous pompent l’énergie. Ça y est la voie est libre : retour à la marche nordique, au vélo, au roller. Pas question de décélérer, il est temps de carburer. GO ! Levons l’ancre à contre-courant d’un hédonisme confortable. Optons pour le roller. Bien souvent, notre écran nous capture, l’urgence nous presse, une destination en tête et nous ne prenons plus le temps de prendre notre temps. Et pourtant… pourtant, à chaque rue, à chaque trajet son opportunité. C’est un visage, une plaque commémorative, un sourire, la courbe d’un balcon, une devanture qui nous intriguent. A roller, il est temps de dévisager Paris. Soyons les explorateurs de notre vie, des rues que nous traversons.
Cet hiver, le roller multiplie ses atouts : écolo, vintage, alternatif, inclusif… Pourtant, c’est un mode de transport occasionnel qui ne se prête pas aux trajets quotidiens. Les chaussures prennent de la place, le terrain doit être adapté et le trottoir reste réservé aux piétons. Les usagers peinent à trouver leur place et se déplacer nécessite une certaine expertise. Si cette mobilité n’apparaît pas viable pour le moment, elle est une option à envisager. A quand un Paris à roller ?
By La Plume, Dauphine