La démocratie participative, ou quand les habitants se mobilisent pour façonner leur quartier

La démocratie participative, ou quand les habitants se mobilisent pour façonner leur quartier

C’est dans le village de Saillans dans le département de la Drôme, comptant 1 221 habitants, que la démocratie participative a envahi la municipalité. C’est parti d’un simple désaccord entre le maire et les habitants : le maire étant en faveur d’un projet, et les habitants contre. Le maire avait cependant le pouvoir d’imposer celui-ci, à l’inverse des simples citoyens. La représentativité citoyenne prenait donc le pas sur la volonté des citoyens.

Mise en place de la démocratie participative

A la veille des municipales en 2014, les habitants décident d’organiser des réunions publiques et de composer des groupes d’habitants pour réfléchir sur certains thèmes. Les principales raisons de ces changements sont l’attrait pour la transparence, la collégialité entre les membres et la participation des citoyens. Le groupe nomme une tête de liste, la nomination est donc accordée après une concertation, plutôt qu’après une élection et uniquement un choix entre plusieurs individus. Le taux de participation augmente de 80% et le représentant des habitants devient plus qu’un simple conseiller général. La mairie devient un lieu convivial et non plus uniquement la maison du pouvoir. Le problème identifié par les habitants de Saillans est simple : les citoyens doivent se prendre en charge et s’impliquer volontairement dans la municipalité pour que les élus leur délèguent du pouvoir. Ce nouveau fonctionnement rend donc le citoyen plus actif.

Fonctionnement

Mis à part le mode électoral, c’est tout le fonctionnement de la mairie qui évolue à Saillans. Les citoyens qui veulent s’impliquer sur certains thèmes peuvent le faire en participant aux « groupes action-projet », et plus d’un quart de la population adulte s’y implique. Encore un changement : les élus reçoivent des indemnités symboliques, 150 euros pour un conseiller municipal et 1000 euros pour le maire, « la politique n’est pas une profession » et la municipalité repose sur l’expertise des usagers. Les règles s’assouplissent et les citoyens se responsabilisent à travers leur implication dans la municipalité. Des comités de pilotage sont également mis en place pour rendre compte de l’état d’avancement des projets aux habitants. Les citoyens souhaitant s’impliquer côtoient les élus et leur soumettent certaines idées, pour prendre en compte leurs expériences en tant qu’habitants. Le village entre dans un renouveau, un juste milieu entre les « vieux » habitants et les plus jeunes qui veulent construire un village à leur image.

Et maintenant ?

Aujourd’hui les commissions participatives sont bien ancrées dans la vie du village, au minimum bisannuelles et ouvertes à tous les habitants souhaitant s’y investir. Le but de ces commissions est toujours de rassembler les avis des habitants sur des projets, mais également de proposer de nouveaux projets, et ainsi travailler avec les élus qui prendront en charge leur mise en place. Les décisions finales restent cependant entre les mains des élus.

Sur le site de la mairie, on peut avoir accès à tous les comptes rendus des « groupes action-projet » par thématique. Celle de l’environnement est nettement représentée dans les réunions, l’autopartage ou le covoiturage sont petit à petit mis en place dans le village. Les habitants soulèvent également certaines demandes, comme la priorité aux piétons dans la ville, la limitation des voitures dans l’enceinte du village. Lors de ces rencontres les habitants participent également à améliorer et développer leur implication dans la vie de la municipalité, en mettant en avant les changements qui peuvent être apportés, comme le besoin de soutenir certains projets, la mise en place de plus de temps de partage, échanger sur les rôles des commissions et des « groupes action-projet » pour attirer plus de participants. Le fonctionnement de la municipalité se développe donc dans le village de Saillans, tout en cherchant à s’améliorer de plus en plus depuis 2 ans pour impliquer un maximum de citoyens.

Mode de démocratie durable ?

Pendant deux mois un collectif s’est réuni pour construire les bases d’un fonctionnement collégial pour la municipalité. Une réunion publique a marqué le départ, des petits groupes ont été mis en place pour discuter sur différents thèmes, et au fil de la réunion, des propositions émanaient de chaque groupe. A travers leur rassemblement, les habitants font peser leur volonté face aux grandes enseignes ou à la mairie et construisent leur village à leur image : refus du passage d’une départementale, réduction de l’éclairage public la nuit en fonction des saisons, des heures, des jours et des quartiers, ajustements en fonction des retours des usagers. Il y a cependant un profil-type de participants à cette nouvelle démocratie : plus de seniors, moins d’implication des plus jeunes. Mais pour être légitime et bien fonctionner, la démocratie participative doit mobiliser un maximum la population, et surtout des individus de toutes les générations. Enfin, ce mode de fonctionnement doit constamment se renouveler pour s’adapter aux changements de la société et pour être productive. Cette expérience doit se développer dans d’autres villes et sous plusieurs formes pour avoir un effet significatif et pour pouvoir se perfectionner.

L’exemple de Saillans a donc bien montré qu’il est possible de s’impliquer encore plus dans la vie citoyenne. N’hésitez donc pas à lancer le mouvement à votre échelle, dans votre quartier ou même dans votre entreprise.

Cet article a été écrit par Noise Dauphine, n’hésite pas à aller jeter un oeil à leurs autres productions sur leur blog !

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