Le 18 septembre prochain aura lieu le référendum sur l’indépendance de l’Écosse. Après 307 ans d’union avec l’Angleterre, les Écossais remettent le statut de leur pays en question. Bien que ce référendum soit prévu depuis 2009, les contours d’une éventuelle sécession restent flous principalement au sujet du partage et de la taxation des réserves d’hydrocarbures en mer du Nord.
L’une des questions clés soulevée par l’indépendance est celle du partage des ressources pétrolières. D’après les experts, près de 90 % des ressources d’hydrocarbures du Royaume-Uni se situe dans les eaux territoriales écossaises. Elles représentent aujourd’hui 1,6 % des recettes fiscales de Londres, mais elles représenteraient 15 % de celles de l’Écosse si cette dernière devenait indépendante. En effet, si l’indépendance était proclamée, le nouvel État conserverait 90% de ces revenus lui permettant, selon le Scottish National Party (SNP), de devenir l’un des pays les plus riches au monde avec un PIB par habitant de plus de 31 000 euros par an contre 26 000 euros dans le reste du Royaume Uni. Le Premier ministre écossais Alex Salmond, ne démord pas de cet argument et rêve d’une indépendance stimulée à l’or noir.
Cependant, il faudrait que Londres cède la totalité des puits de pétrole, ce qui n’est pas chose faite. Par ailleurs, même si l’Écosse possédait l’essentiel des hydrocarbures, rien ne prouve que ses finances publiques soient stables. Les revenus que ces hydrocarbures génèrent sont en effet très variables (entre 2,5 à 13 milliards de livres sterling soit 3 à 15,5 milliards d’euros) par an et selon le prix du baril. D’après le SNP, qui relativise, le pays pourrait également compter sur les revenus du tourisme et des énergies renouvelables qui sont en expansion.
Pour contrer l’argument central des sécessionnistes qui affirment que les réserves d’hydrocarbures de la Mer du Nord seraient mieux gérées et profiteraient davantage aux Écossais, le Premier ministre britannique, David Cameron, a annoncé récemment un plan de soutien au secteur pétrolier. Pour la première fois depuis 90 ans, il a tenu un conseil de Ministres britanniques à Aberdeen, capitale écossaise de l’industrie pétrolière où il a promis de mettre en place les conclusions d’un rapport qui avait été commandé en juin dernier par Westminster à Ian Wood, un vétéran du secteur resté neutre politiquement. Selon ce dernier, pour optimiser les revenus du pétrole dans la région, la principale recommandation porte sur la création d’un nouveau régulateur permettant de faciliter la collaboration entre les opérateurs concernant l’exploration, le développement des champs d’hydrocarbures et les infrastructures, fournissant ainsi plus de revenus au Royaume Uni. Par ailleurs le ministre britannique de l’Énergie, Ed Davey, a affirmé qu’une partie d’un programme public sera dédiée à la construction de la toute première usine de capture et de stockage de gaz carbonique en Écosse. David Cameron a en outre souligné que seul le Royaume Uni avait les épaules assez larges pour exploiter comme il se devait ces richesses, compte tenu notamment de la volatilité des prix de marché des biens en question.
Alex Salmond a alors immédiatement cité la Norvège comme exemple de petit pays qui avait su exploiter son sous-sol réfutant ainsi les dires de David Cameron. Il a entre autre insisté sur le fait que les changements de taxation, décidés par le Trésor britannique, ont plus que tout ralenti les investissements en Mer du Nord. Pour cela, le Premier ministre écossais, pro-indépendantiste propose alors la création d’un « fonds souverain », c’est-à-dire de placer les bénéfices provenant de ces ressources dans un fonds exceptionnel qui pourrait être utilisé pour renflouer le budget en cas de besoin, comparable à celui mis en place par la Norvège, en prélevant un dixième des revenus du pétrole, soit environ un milliard par an. Mais les patrons de BP, géant pétrolier britannique, et de Royal Dutch Shell se sont tout deux prononcés contre l’indépendance écossaise, car tous craignent les incertitudes et les coûts liés à cette indépendance, dans le cadre d’une industrie qui a besoin d’investissements importants sur le long terme. De plus, le ministre britannique de l’Économie George Osborne ayant rejeté l’idée d’une union monétaire (une zone Sterling) en cas d’indépendance de l’Écosse, l’indépendance reste donc loin d’être acquise. Selon un sondage ICM publié récemment, 37% des Écossais comptent voter «oui», contre 49% pour le «non».
Et l’adhésion à l’UE ?
Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a sérieusement mis en doute la possibilité que l’Écosse puisse intégrer l’UE en cas d’indépendance. En effet, si le gouvernement écossais est sûr de lui et affirme à propos de l’Écosse : « On est membre depuis quarante ans, et on le reste », ce n’est pas l’avis de plusieurs juristes, dont Barroso, qui indique que l’Écosse indépendante devra postuler pour rejoindre l’UE et obtenir l’accord unanime des États membres. Il semblerait par ailleurs que l’Espagne s’y oppose étant donné les poussées indépendantistes actuelles de la région catalane.