Les 19 et 20 novembre prochains, vous aurez l’occasion de voter pour vos élus syndicaux. Temps central de la vie étudiante, il est pourtant parfois difficile de s’y retrouver. Pour vous aider à mettre vos idées au clair, La Plume a rencontré les trois listes étudiantes.
Téo Soler, étudiant en L2 LSO et membre de la liste Dauphine Ensemble, a accepté de répondre à nos questions.
- Pourriez-vous expliquer aux étudiants le rôle d’un syndicat auprès des responsables de l’Université ?
Quand des décisions sont prises dans l’Université, ce n’est pas simplement la Présidence qui claque des doigts. En réalité, les décisions sont discutées dans les conseils puis votées. Étant donné que les Universités sont des administrations publiques, les conseils sont constitués de représentants de chaque groupe de personne, que cela soit les enseignants-chercheurs ou les étudiants. Le rôle des syndicats est donc, dans un premier temps, de représenter les étudiants et, dans un second temps, de se spécialiser dans les différentes décisions qui vont être prises pour pouvoir mieux défendre les droits et mieux représenter les intérêts des étudiants dans les conseils. En fait, la majorité des étudiants n’ont pas forcement conscience des décisions qui sont prises et des différents rapports de force au sein de l’administration.
- Cette année représente un contexte particulier, que pensez-vous pouvoir apporter aux étudiants d’un point de vue académique (notamment sur les cours à distance) ?
On a mené tout un travail de réflexion pour savoir comment adapter la vie étudiante aux cours à distance. Dans un premier temps, on peut apporter beaucoup au niveau de la communication pour permettre aux étudiants d’avoir tous les outils en main. On peut aussi apporter quelque chose au niveau des modalités d’évaluation. On a bien vu qu’il fallait apprendre à vivre avec le Covid. Nous, on propose de donner la possibilité aux étudiants de se projeter en adaptant les modalités d’examen à la conjoncture. Ça veut dire que si on peut les passer en présentiel, on les passe en présentiel. Si on ne peut pas, comme dans la situation actuelle, dans ce cas, on adapte. Étant donné que les modalités sont votées en début d’année, on propose d’anticiper les choses pour permettre aux étudiants d’avoir de la visibilité sur leur semestre. La solidarité est également quelque chose d’extrêmement important pour nous. C’est quelque chose qu’on veut promulger à Dauphine. On voit souvent sur Promodau des personnes demander des exposés ou encore des tuteurs. L’objectif est de mettre en place une plateforme de cours en ligne pour centraliser les cours et que tout soit accessible en 2 clics.
- Ce n’est pas une nouveauté, la santé mentale est un enjeu principal des études supérieures. Pensez-vous que les syndicats ont un rôle à jouer pour aider les étudiants à ce niveau-là ?
Tout à fait. À Dauphine, on a une psychologue qui est seulement présente le lundi matin et le vendredi. Avec les cours à distance, le manque de contact social et la perte de la vie associative, les différents problèmes mentaux sont exacerbés, que ça soit la solitude, la déprime, … C’est le rôle des syndicats de mettre en place des choses pour permettre aux étudiants dans le besoin d’avoir un suivi adapté mais également de mettre en place tout un travail de prévention, donc des relais de solidarité, pour ces mêmes étudiants. On est dans une situation très particulière en ce moment : des étudiants sont rentrés en province, d’autres sont dans un autre pays. La conjoncture n’est vraiment pas favorable à ce qu’on soit solidaires. Pour aider les étudiants dans le besoin et renforcer la solidarité, il y a deux échelons : un qui passe par l’administration et un autre qui passe par l’organisation de nous-mêmes, les étudiants. Par exemple, on se bat pour avoir une psychologue accessible en téléconsultation toute la semaine. À notre niveau, on veut mettre en place un numéro afin que les étudiants qui ont des problèmes puissent nous appeler.
- Dauphine est caractérisée par sa vie associative forte. Elle tourne cependant au ralenti cette année. Pensez-vous que cela représente un risque sur le long-terme et si oui, que proposez-vous pour le contenir ?
On a écrit un rapport sur la vie associative qui détaille l’impact que va avoir cette année blanche sur les associations sur le long terme. Et le constat est alarmant puisque la pierre angulaire des associations, c’est le contact social. On l’a bien vu, les associatifs portent une mission d’intérêt général. Ce sont les premiers individus que les L1 apprennent à connaître, qui les intègrent dans la fac, qui sont les premiers points de repères. C’est à partir de ce constat que la liste Dauphine Ensemble s’est créée. Dès que la circulaire qui interdisait aux associatifs d’organiser des événements est sortie, les présidents de chaque asso de filière se sont rassemblés pour pouvoir trouver des solutions. Derrière, on a naïvement pensé que l’administration accepterait nos propositions, mais tout a été balayé d’un revers de main lors de la réunion avec Patrice Geoffron et Sabine Mage. Et c’est ça qui nous a poussé à nous réunir pour créer Dauphine Ensemble. On s’est pris un mur mais tout n’était pas à jeter. De là, on a écrit ce fameux rapport et on a réfléchi aux solutions possibles. Déjà, il y a très peu de monde le samedi à Dauphine. Des salles sont disponibles, des amphis sont disponibles et, ce n’est qu’une question de logistique, mais on pense que les associations devraient pouvoir se réunir le samedi à Dauphine dans un cadre qui respecte les gestes barrières. À côté de ça, on aimerait mettre en place un fond de secours pour les assos en détresse financière via la CFVE. On aimerait également ne pas réitérer les erreurs faites en septembre : il faut organiser bien plus en avance la prochaine rentrée associative. S’ajoute à cela l’idée d’organiser un mini forum des assos au S2 ou encore la mise en place d’un roulement pour permettre aux assos d’être présentes à tour de rôle sur le campus. Donc on a vraiment beaucoup d’idées mais pour résumer, l’objectif est de prévoir à l’avance, de s’organiser au niveau logistique pour permettre aux associations d’être présentes sur le campus et puis surtout passer par des relais institutionnels pour aider les assos en détresse financière.
- Dans la continuité, augmenter la visibilité des associations auprès des nouveaux étudiants (étant arrivés dans un contexte unique) est-il une de vos priorités ?
C’est une de nos priorités. Cette année, une partie des étudiants n’a pas participé aux événements de rentrée à cause du Covid mais également à cause d’un manque de visibilité flagrant. Personnellement, j’ai développé avec deux trois amis à moi « BuroDauphinois » dans l’objectif justement de permettre cette visibilité là. On a eu plus de 4000 téléchargements et plus de 2600 utilisateurs quotidiens. Et c’est grâce à ça qu’on a pu voir la richesse du tissu associatif dauphinois. Avec les différentes fonctionnalités de l’appli, on a réussi à en partie amortir le choc que le tissu associatif a dû absorber. Par contre, ce n’est pas assez. L’administration peut apporter des relais pour la communication qui sont bien plus importants. Tous les étudiants vont sur MyCourse. Si on peut utiliser la plateforme pour faire passer des informations ça serait très pertinent. Si on peut utiliser les réseaux sociaux de Dauphine, ça serait très pertinent. Les L1 qui sont présents sur le campus voient bien les TV. Donc, on voudrait que les assos puissent diffuser des spots de présentation. L’objectif c’est vraiment de rendre l’information la plus disponible possible pour que les L1 puissent s’imprégner de la richesse associative qui a été très gravement endommagée par la crise sanitaire. Avec Dauphine Ensemble on se bat pour la vie associative car ça apporte énormément et c’est très complémentaire à la formation théorique que l’on nous enseigne.
- Il faut préciser que tous les dauphinois ne font pas partie d’une association, quelles modalités pensez-vous mettre en place pour que TOUS les étudiants soient entendus ?
On a un socle idéologique assez complet qui nous permet d’être pertinents pour tous car la majorité des étudiants ne sont pas en association. Nos valeurs fédératrices sont vraiment l’écologie, la solidarité et l’égalité hommes-femmes. Dès lors, ces prismes, par lesquels on va voir les différents problèmes qu’il y a à Dauphine, vont nous permettre de représenter les étudiants qui sont associatifs ou non. Par exemple, on a mené des réflexions sur comment adapter les événements à Dauphine aux normes sanitaires mais aussi aux préoccupations écologiques. Les étudiants et les associatifs n’ont pas les mêmes problématiques au quotidien. Ces trois valeurs nous permettent de prendre en compte la complexité de chaque situation. Notre mouvement a été à la base composé d’associatifs mais s’est très largement élargi. Nous ne sommes pas une coopération mais nous représentons tous les étudiants. Que ça soit sur la formation, que ça soit sur la vie étudiante ou que ça soit sur les violences sexistes et sexuelles, nous sommes présents pour apporter des solutions. Notre démarche se veut donc universelle.
- Que souhaiteriez-vous défendre afin de faciliter la vie des étudiants sur et hors campus dans le contexte actuel ?
Certains problèmes dans la formation sont exacerbés à cause du covid, que ça soit les problèmes psychologiques, les problèmes d’intégration dans la promo ou encore les problèmes de mixité sociale et territoriale. À Dauphine, il y a 1/3 d’étudiants de Paris, 1/3 de grande couronne et 1/3 du reste c’est-à-dire de l’étranger ou de Province. Donc on aimerait optimiser cette mixité sociale car les étudiants méritants, peu importe d’où ils viennent, ont le droit d’accéder à la formation de Dauphine. Ensuite, on pense que la formation en 5 ans, c’est ce qui définit la valeur du diplôme. L’an dernier, malgré le fait que la promo soit plus petite, on a eu le même nombre d’étudiants que les années précédentes qui n’avaient pas eu de master. Le droit à la continuité pédagogique est bafoué. On défend Dauphine en 5 ans, on défend Dauphine avec plus de mixité sociale et territoriale et surtout on défend un Dauphine plus émancipateur, où on ne fait pas seulement bachoter les gens mais où on les pousse à la réflexion pour devenir les leaders de demain. Pour devenir ces leaders, il faut davantage prendre en compte les enjeux climatiques, les enjeux liés aux violences sexistes et sexuelles, …
- Un point particulier inquiète les étudiants, il s’agit des mobilités. Vous le savez sûrement, la majorité des mobilités ont été annulées pour l’année en cours. Est-ce un risque pour l’année qui arrive ? En tant que syndicat, que pouvez-vous suggérer aux étudiants de ce point de vue ?
La conjoncture actuelle n’est pas du tout favorable aux mobilités. Nous, on voudrait privilégier les mobilités qui sont faisables dans le cadre de l’Union Européenne. Malheureusement, on a pas le contrôle de la gestion de la crise sanitaire par les différents pays. Mais on essaye de mener tout un travail sur le suivi des mobilités. Quand on arrive au moment des inscriptions, énormément d’étudiants se retrouvent perdus et ne savent pas comment candidater, pour quelles destinations, quelles sont les modalités. Donc, on aimerait organiser dès le début de la L2 un amphi sur les mobilités pour permettre aux étudiants d’avoir tous les éléments et de se projeter. On aimerait aussi mettre en place un suivi des dossiers. Une de nos mesures phares serait la mise en place d’une clinique administrative afin de conseiller les étudiants et de les aider dans leurs démarches administratives. Au vu des différents posts sur Promodau, on aimerait également mettre en place un autre relais de solidarité pour mettre en lien les étudiants déjà partis et ceux qui aimeraient partir, organiser des FAQ pour que les conseils soient les plus complets possibles.
- Si nous devions résumer vos propositions en trois mots, quels seraient-ils ?
Des propositions écologiques, solidaires et égalitaires. Après c’est un peu réducteur car, via le prisme de ces trois valeurs là, on a pu couvrir énormément de problématiques et apporter énormément de solutions. Je comprends que les étudiants n’ont pas tout le temps envie de lire les programmes de 20 pages (rire).
- Que souhaitez-vous dire aux étudiants afin de les convaincre de se déplacer pour voter ?
Même si les conseils nous paraissent tellement loins, qu’on est pris par notre raisonnement micro à penser au prochain contrôle continu, il ne faut pas oublier que cette année est extrêmement importante. Les élus, leurs votes, vont décider de qui sera le prochain président de Dauphine. Ce sont les élus donc le CA, le CFVE et le conseil scientifique qui voteront pour élire le prochain président de Dauphine. Et le prochain président, c’est celui qui va poser la vision de Dauphine pour les quatre prochaines années. On va sortir, je l’espère, du covid et les décisions qui vont être prises vont directement impacter l’entrée des étudiants sur le marché du travail, et donc leur futur. Dans ces conseils, il nous faut élire des gens fort de propositions car on ne peut pas juste critiquer sans proposer quelque chose derrière. En plus, en France, on a de la chance car tous les étudiants, même ceux venus de l’étranger, votent. Donc, pour décider de la prochaine orientation de la fac et pour se saisir de notre futur, l’important, c’est de voter.
- Comment les étudiants peuvent-ils retrouver votre programme/vos propositions ?
Les différentes professions de foi peuvent se trouver sur MyDauphine. J’invite aussi les étudiants à suivre sur les réseaux les différents syndicats étudiants et suivre leur communication. Là on est à 14 jours du scrutin et il va y avoir énormément d’informations. Après bien sûr, pour avoir des informations moins biaisées, MyDauphine reste le plus pertinent.
Propos recueillis par Salomé Ferraris, L3 LISS