Après le lancement de la télévision en trois dimensions et le flop monumental qui a suivi, la réalité et le monde virtuel s’embrassent de nouveau pour former une alchimie faussement novatrice : la réalité augmentée. Cette dernière existe depuis une vingtaine d’années mais elle commence seulement à intéresser le grand public. En plein essor, elle s’invite chez nous sans cesse un peu plus chaque jour, nous apportant une nouvelle expérience sensitive.
Cette technique a d’abord fait irruption dans Jurassic Park de Steven Spielberg sorti en 1993. Premier film à avoir utilisé le principe de la réalité augmentée, le but était d’inscrire des images virtuelles dans un décor bien réel. Beaucoup d’autres oeuvres cinématographiques ont ensuite suivi cet élan, comme les épisodes de la saga Star Wars.
Néanmoins, en 20 ans, les procédés ont bien évolué. Selon le chercheur à l’Université de Caroline du Nord, Ronald Azuma, spécialiste de la réalité augmentée, celle-ci répond aujourd’hui à trois caractéristiques : « la combinaison du réel et du virtuel, de manière interactive et en respectant l’homogénéité perspectiviste ». Son principe majeur réside donc dans le fait qu’elle rend possible la superposition d’objets virtuels en temps réel avec la perception de réalité que nous avons.
Désormais, la réalité augmentée n’est plus seulement accessible au cinéma, elle intègre notre environnement au travers de supports spécifiques tels que des tablettes ou smartphones. Nous retiendrons ainsi les lunettes de l’entreprise Oculus qui fonctionnent selon le principe de l’immersion. Elles vous permettent d’être totalement isolés de l’extérieur et plongés dans l’univers d’un jeu vidéo, vos mouvements deviennent alors ceux du personnage. Mais la « AR » (Augmented Reality) ne touche plus uniquement notre perception visuelle, elle s’étend à tous nos sens.
Ainsi, le monde virtuel et la réalité ne peuvent plus être envisagés comme deux espaces distincts. Notre monde se trouve enrichi de virtualité, d’où le terme de réalité augmentée. Les usages possibles sont presque sans limites, allant de l’aide à la décision à l’art en passant par le divertissement, elle envahit et facilite notre vie en nous étonnant. La « AR » c’est, en effet, aussi des outils tant pratiques que accessoires dont nous sommes friands. Les développeurs de l’application « Metro Paris » ont par exemple pensé aux personnes dépourvues d’un sens aiguisé de l’orientation : grâce au principe de réalité augmentée, il suffit de tenir votre téléphone devant vous pour que les stations de métros les plus proches apparaissent à l’écran. A New York cette fois, la récente application «Tunnel Vision » innove, vous n’aurez juste qu’à voir la vidéo qui suit pour vous en persuader.
Et que dire de l’application makeup Genius, initié par L’Oréal qui permet de tester son maquillage via la caméra de son smartphone ? Un luxe pour les indécises… Ainsi, cette nouvelle technologie a également été exploitée par le commerce. Les unes après les autres, les marques lancent leur propre application « AR ». Plutôt que de passer des heures à essayer et réessayer des paires de lunettes chez l’opticien, certaines enseignes et sites Internet vous proposent d’essayer instantanément n’importe quelle paire. Aussi, Converse propose au client d’essayer virtuellement différentes paires de chaussures, Ikea de visualiser les meubles disposés comme bon vous le semble chez vous, avant même l’achat. Estimant à près de 60% les clients de supermarchés désirant obtenir des informations avant d’acheter un produit, à 20% ceux qui utilisent leur téléphone pour le faire, le géant de l’informatique IBM a lancé une application répondant parfaitement à ce besoin. Elle peut, par exemple, présenter au client les produits sans gluten, ou plus simplement trier les produits en fonction de leur prix.
Enfin, si vous avez toujours rêvé de vivre un concert de Jack White mais vous n’en avez pas eu l’occasion, voici le mode d’emploi : téléchargez l’application Third-D et munissez-vous d’un Google CardBoard, c’est à dire d’un casque en carton que vous pouvez sans difficultés fabriquer vous-mêmes. Ainsi, vous vous retrouvez totalement immergés dans l’univers de ce « génie excentrique » du rock’n’roll. Une expérience bluffante bien loin des hologrammes qui s’agitent sur scène. Dans une version plus minimaliste, la marque britannique de prêt-à-porter TopShop a réalisé une vaste opération de communication en permettant à des passants d’assister virtuellement au défilé de celle-ci.
Avec la réalité augmentée, la science est encore au service de la flemmardise de l’être humain et des entreprises qui profitent d’une nouvelle forme de communication et d’un marché lucratif en approche, et ça ne va certainement pas pour nous déplaire…
Vous avez toujours rêvé de changer la réalité, faites-le maintenant !