La cité perdue du dieu-singe

La cité perdue du dieu-singe

Non, ce n’est pas le titre du dernier Indiana Jones. Une équipe d’expédition vient de découvrir une ancienne civilisation encore inconnue, au cœur de la jungle du Honduras. De quoi faire rêver de nombreux aventuriers…

 

La rumeur de la cité blanche

Le conquistador Hernan Cortès est célèbre pour avoir découvert puis vaincu le puissant empire aztèque. Il obtient la reddition de son dernier empereur, Cuauhtémoc, en seulement trois ans, de 1519 à 1521. Entre-temps, il rencontre une foule d’autres peuples. Tlaxaltèques, Mayas et autres amérindiens, le Nouveau Monde se révèle plein de surprises. Les Espagnols, au prix d’un véritable génocide (plus de 80% de la population indienne exterminés), deviennent riches. Fabuleusement riches. Mais la soif d’or de Sa Majesté Charles Quint est sans limite. Il en faut plus. Alors, Cortès se met en quête d’autres richesses. C’est alors qu’il découvre l’existence d’une rumeur. Selon celle-ci, il y a dans ce Nouveau Monde une abondance plus grande encore que celle des Aztèques. En 1526, Cortès écrit à l’empereur « J’ai des renseignements sur de grandes et riches contrées […] dont le royaume dépasserait celui de Mexico en richesses ». Mais même après leur conquête du continent, les Espagnols ne découvriront jamais cette civilisation. Et pourtant…

En 1940, le mythe renaît de ses cendres. Théodore Morde, journaliste et aventurier, affirme avoir découvert une merveilleuse « cité blanche ». Après des mois passés au cœur de la jungle dans la Mosquitia (région tropicale de l’est du Honduras), il revient les bras chargés d’objets mystérieux. Il tient cependant à garder caché l’emplacement des ruines, afin de les préserver des pillards. Si l’on pense aujourd’hui qu’il n’a en réalité rien découvert, à l’époque les imaginations s’enflamment. D’autant plus que l’aventurier se suicide, emportant ainsi son secret dans la tombe!

 

Une découverte stupéfiante

Ci-dessus, une statue d’un dieu-singe trouvée sur le site maya de Copan (Honduras). Elle est semblable à celle découverte par les chercheurs dans la Mosquitia

 

Il faudra attendre 2015 pour que les archéologues trouvent réellement quelque chose. Grâce à une nouvelle technologie, le Lidar (light detection and ranging) les scientifiques analysent les sols de la jungle hondurienne. Ils y découvrent d’étranges formes rectangulaires enfouies sous la végétation, laissant suggérer une ville. Mais pour en être certain, il faut se rendre sur place. Une équipe de choc composée de scientifiques, d’un ancien soldat des forces spéciales britanniques (SAS) et de l’écrivain Douglas Preston est rapidement volontaire pour l’expédition. Après des jours de calvaire au cœur de la jungle, harassés par les insectes, étouffés par un climat hostile, ils découvrent des ruines par pur hasard. Dans son livre The lost city of the monkey god (la cité perdue du dieu singe), Douglas Preston raconte qu’un des membres de l’équipe a trébuché sur une pierre d’apparence anodine. Sauf que la pierre en question était une statue : une tête d’homme-jaguar, sortant du sol comme une divinité primitive en colère envoyée là pour punir la témérité des aventuriers. Le seul problème, c’est qu’ils n’ont pas tout découvert, et qu’ils ont effectivement été punis…

Peu de temps après être rentrés, certains membres de l’expédition tombent malades. Ils sont victime d’une grave infection transmise par les insectes autour de la cité. La « lèpre blanche » aussi appelée leishmaniose, est une maladie parasitaire qui ronge les muqueuses du nez et de la bouche. Si elle n’est pas soignée, elle entraîne au mieux un handicap, au pire la mort, ses victimes périssant le visage dévoré par le parasite. Protégée par cette barrière d’insectes mortels, la cité reste encore largement méconnue faute d’autres expéditions.

Jusqu’à cette année, où des archéologues redécouvrent la cité et mettent à jour de nombreuses ruines. De grandes places, une pyramide enfouie sous terre, des fortifications et même des anciens emplacements de jeux de balle précolombiens…

Le site n’a pas fini de révéler ses secrets.

 

L’énigme subsiste

Malgré toutes ces découvertes, le mystère reste entier. Qui sait quelle immense étendue recouvrait la cité au sommet de sa gloire ? Cette civilisation vieille de presque un millénaire est tout simplement connue. Les scientifiques ne lui ont même pas encore donné de nom ! On ne sait pas non plus ce qui a causé la chute de ce puissant royaume. Maladies apportées par les Espagnols ? Catastrophe naturelle ? Il faudra sans doute du temps avant de répondre à toutes ces questions. Patience donc…

 Exemple de calendrier précolombien : d’une précision extraordinaire pour l’époque !

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