Hors-jeu dans le football Qatari

Hors-jeu dans le football Qatari

« Le Qatar finance le PSG et… le terrorisme ». Cette banderole réalisée par les supporters bastiais suite à l’attaque du journal satirique « Charlie Hebdo » le 7 janvier 2015 avait suscité la polémique. Journalistes et politiques s’y étaient alors mêlés sans parvenir à éteindre l’incendie. Au-delà des critiques dont il convient de nuancer la véracité, force est de constater que le Qatar est parvenu à s’acheter une conscience et une aura à travers sa diplomatie sportive. Retour sur la construction d’un empire…

Un développement national

Le Qatar, conscient du capital d’attraction que représente le football a pris le parti de tout miser sur le ballon rond. Sur le plan national, Doha tente de promouvoir la Qatar Stars League à coup de millions de dollars en attirant d’anciennes gloires du football mondial, à l’image de Xavi, ancien capitaine emblématique du FC Barcelone.

La formation est également devenue une priorité. La création de l’académie Aspire devait combler le vide laissé par l’interdiction de naturaliser des joueurs étrangers depuis 2005. Pourtant, la sélection nationale est encore à la peine et le risque d’une sortie de route lors de la Coupe du monde 2022 n’est pas à exclure.

Une marque internationale

Pour s’imposer dans le cercle fermé du football, les dirigeants qataris ont bien saisi l’importance de l’image. Ils se sont donc dotés d’un réseau de diffusion télévisée grâce à « Al Jazeera Sports ». En France, les téléspectateurs n’ont pas eu d’autres choix que de s’abonner à la chaine BeIn Sports à partir de 2011 car elle retransmet les championnats de football espagnols, allemands et français, la Champions League (coupe d’Europe) mais aussi le basket américain (la NBA) et le handball… Depuis septembre 2017, le groupe a d’ailleurs dépassé les 3,5 millions d’abonnés.

Cette domination qatarienne pourrait pourtant prendre fin à cause de l’inflation des droits-télé. En interne, la direction songe à une sorte « d’alliance » avec l’autre géant en péril, Canal +, car la concurrence s’annonce rude avec l’émergence de SFR qui s’est offert les droits de la Première League (championnat de football anglais) et de la Coupe d’Europe. La chaine qatarienne fait donc les frais d’une politique de surenchérissement à l’image de TPS ou d’Orange à une autre époque.

Le PSG : image de marque du Qatar

L’arrivée d’investisseurs qataris (QSI, Oryx Qatar Sports Investments) au sein du football français a complétement modifié la hiérarchie sportive et économique du championnat. Le rachat du club de la capitale au fonds d’investissement Colony Capital a offert à la famille royale une vitrine et une légitimité dans le monde cloisonné du carré vert. Le recrutement de stars comme Zlatan Ibrahimovic, Javier Pastore, Thiago Silva, David Beckham et plus récemment Kylian Mbappé ou Neymar a fait changer le club de dimension. Craint sur la scène européenne et éternel favori au titre de champion de France, le PSG est désormais une marque internationale avec 32 millions de fans sur Facebook et un merchandising impressionnant. Les ventes de maillot ont explosé mais c’est surtout la stratégie de « licensing » qui semble porter ses fruits. L’internationalisation de l’institution « PSG » a permis d’attirer plus de 70 marques qui exploitent désormais la licence du club afin d’améliorer leur activité commerciale.

Toutefois, la cuisante défaite sur le score de 6 buts à 1 face à Barcelone risque de coller à la peau de QSI. De même, l’incapacité du PSG à atteindre le dernier carré de la Champions League laisse un goût amer dans les tours de Doha. La réputation du Qatar risque donc d’être assimilée à celle de perdant…

Une coupe du monde illégitime ?

L’attribution de la Coupe du monde 2022 n’a pas laissé insensible les acteurs du football. Accusé de corruption, les évènements qui ont émaillé la construction des stades n’ont fait que ternir l’image du pays. Les nombreux reportages sur les conditions de travail des ouvriers ont suscité des polémiques et interpellé les ONG. L’absence de syndicats, les conditions de travail (chaleur, non-respect des normes de sécurité…) et la faiblesse des salaires ont contribué à une certaine défiance des observateurs vis-à-vis du Qatar. Les pétrodollars ne suffisent donc pas à s’acheter une éthique…

 

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