Sur l’Art…

Sur l’Art…

L’art est un moyen d’expression visant à réveiller la subjectivité d’autrui et c’est bien là tout son paradoxe. Une création artistique passe par une phase où elle n’est qu’hypothèse, n’existant que dans la tête de l’artiste : reste à ce qu’elle prenne forme. Tant qu’elle n’existe pas à part entière, elle résulte de mon pour-soi, puisque cette œuvre change, se modifie, prend une autre forme dans mon imagination.

Cependant, son existence n’est pas pleine puisqu’elle n’est pas perçue par autrui : l’interprétation d’une œuvre permet la révélation de sa valeur artistique. L’art existe parce qu’il est perçu par autrui. Lorsque j’imagine une future création artistique, cette dernière ne peut être perçue, et n’existe qu’à un état imaginatif.

Elle se développe continuellement dans mon esprit jusqu’à la métamorphose, c’est-à-dire le moment où elle passe d’une évolution permanente à un statut figé. Les interprétations de l’œuvre varient parce que les perceptions de l’œuvre changent, mais elle reste la même en elle-même : elle existe donc de par sa perception par autrui.

Dans mon esprit, l’œuvre n’est qu’idée. Sa forme finale, une fois réalisée, n’est qu’une vue à un moment donné par l’artiste. Ainsi, l’œuvre en-soi est celle qui existe, qui reste inchangée mais dont les interprétations varient. L’œuvre pour-soi, celle qui évolue dans la pensée, n’existe pas car elle n’est pas perçue par autrui. L’artiste capture l’œuvre qu’il imagine à un instant précis.

Elle évolue infiniment jusqu’à la mort de l’artiste, qui marque la fin de la pensée réflexive qui porte l’œuvre pour-soi. L’art vit uniquement au stade réflexif et se fige, une fois réalisé, pour donner lieu aux divers interprétations.

Mais l’art résulte-il uniquement du fruit de ma pensée ou existe-il vraiment ?

Un débat qui doit se confronter aux réalités du vivant, à la matière physique qui est une condition nécessaire à « l’existence » d’une chose. Si je touche l’œuvre d’art, elle existe physiquement mais uniquement si ce que je touche est réel et n’est pas une projection de ce que j’aimerais voir. L’art n’est pas exempte de ce rapport à la matière, la création artistique que je perçois existe à la condition que la matière physique soit réelle. Je dois donc poser un axiome qui montre mon acceptation du monde qui m’entoure. Et la création artistique que je perçois ? Est-elle réelle ?

Si l’œuvre d’art existe en tant que chose, son « aura », comme le définissait Walter Benjamin, n’existe pas réellement et sera sujet à une existence plurielle, une existence subjective à l’individu qui l’observe.

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