Le Bourget : nouveau forum d’orientation ?

Cette année au Bourget, à côté des innovations technologiques de l’industrie aéronautique mondiale, un pavillon fait la vedette : l’Espace Emplois-Formations où entreprises et établissements d’enseignement ont exposé et organisé des opérations de relations publiques RH du 17 au 23 juin. En parcourant les allées de cette 50ème édition du Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace, on peine à croire que la crise touche encore sévèrement la France. Alors que les derniers chiffres du chômage donnent froid dans le dos (ndlr : un nouveau record absolu de chômeurs a été atteint fin avril avec 3.264.400 demandeurs d’emploi sans activité), se trouvent ici des sous-traitants qui décident d’augmenter leurs effectifs ou des usines encore en sous production qui n’arrivent pas à recruter. Mais alors, que se passe-t-il ?

REUTERS/David Moir

La première réponse est qu’en France les métiers techniques n’attirent pas : soudeurs ou usineurs, ces « petits métiers » comme les appellent trop souvent certains, sont délaissés. Un déséquilibre dans les discours des familles et dans les écoles dès le plus jeune âge a créé ce manque de valorisation des métiers manuels dans notre pays. La réorientation dès la classe de 4ème, le bac professionnel, autant de possibilités déconsidérées tant la croyance dans le système de l’éducation nationale, voulu méritocratique et vecteur de mobilité sociale, permettrait qu’un enfant arrivé à la fin de son cursus scolaire « normal » réussisse. Or, ces dernières années, après des réformes de standardisation qui n’ont vocation qu’à créer des « moules », les gouvernements de droite comme de gauche n’ont pas encore trouvé la solution miracle face à la montée du chômage. La France est un pays hétérogène, avec des régions aux caractéristiques et cultures propres et identifiables ; les bassins d’emplois historiques marquent encore nettement le territoire national. Pourquoi l’éducation nationale ne s’ajuste pas en proposant du sur-mesure et une individualisation du système selon les régions ou les secteurs ? Ne peut-on pas imaginer des formations fléchées et des bourses accordées aux enseignements en lien avec les industries qui recrutent des travailleurs aux qualifications bien précises et présentes sur un territoire en particulier ?

P. ROSSIGNOL / REUTERS

Car du côté des ingénieurs aussi, les entreprises cherchent preneurs ! L’adaptation des connaissances pointues de l’aéronautique directement dans les écoles pourrait être une solution. Aujourd’hui, beaucoup d’étudiants quittent leur établissement pour se diriger vers la finance et non vers les secteurs des transports. L’aéronautique ne se situe plus en première place dans les demandes des jeunes diplômés. Les techniques transversales – énergie, pneus, électronique – sont aussi des aptitudes clés du secteur aéronautique. Les gouvernements successifs s’acharnent à modifier un système éducatif qui à la base ne fonctionne plus. Hollande a décidé de s’attaquer en priorité aux retraites pour combler les déficits mais il devra également s’occuper du thème de l’emploi avec urgence. Les politiques ne gardent comme leitmotiv que la notion de « création d’emploi » mais déjà, une adaptation de l’offre et la demande constituerait une avancée considérable.

Ce forum du Bourget est présent cette année pour convaincre les jeunes et les familles. Or comment convaincre quand on sait que la reconnaissance sociale de certains métiers n’est pas là et que la France ne donne pas assez de moyens à des formations nécessaires ? Réformons, adaptons-nous. La France mise sur ses vieux acquis alors que les pays émergents, autrefois à la traîne, tiennent aujourd’hui la figure de fervents concurrents.

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