97 millions, c’est le nombre d’utilisateurs revendiqué par Netflix en ce début d’année 2017. Ce mastodonte de la télévision en streaming a sans conteste contribué à l’engouement général autour des séries télévisées. Néanmoins, ce succès sans précédent depuis les années 2000 ne s’accompagne que difficilement d’une reconnaissance culturelle à proprement parler
Selon un sondage du ministère de la culture paru en 2016, seuls 13% des Français considèrent que les séries télévisées sont de la culture.
Pourquoi un chiffre aussi bas? Peut-on réellement considérer que ce que certains appellent le « 7ème art et demi » n’est en rien culturel ?
En France, les séries ont longtemps été critiquées car considérées comme une forme d’américanisme encombrant. Ce divertissement, « entertainment », avait une connotation péjorative, ce qui explique en partie pourquoi les séries télévisées ont eu dans un premier temps du mal à s’installer dans la culture populaire française. Mais c’est sans compter sur les stratégies des programmateurs de l’époque, qui vont peu à peu faire évoluer les mentalités, en imposant ce genre à part entière aux ménages. Les séries vont être diffusées en prime time, ou dans la matinée voir milieu d’après-midi, pour fidéliser les ménagères. Ce tour de force réussira à rassembler les français quotidiennement autour de leur poste de télévision, et à intégrer ce nouveau genre dans leur paysage audiovisuel.
Si l’engouement et le succès des séries en France n’est donc plus à contester, qu’est ce qui peut justifier qu’à l’occasion des journées du patrimoine, le ministère constate que seul 13% des français considèrent les séries comme de la culture ?
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette perception, mais celui qui nous vient directement à l’esprit est sans doute celui de l’hétérogénéité du genre. Cette catégorie appelée « séries télévisées » recouvre en effet des programmes très variés au ton plus sérieux comme des séries jugées plus distrayantes. Il est donc difficile d’émettre un jugement sur un domaine qui englobe de telles différences. Or, lorsque l’on demande aux français ce qu’ils considèrent comme étant culturel, ils répondent en premier lieu « visiter un musée ou un monument » qui effectivement, recouvre un périmètre moins dispersé et donc plus aisé à définir, à l’inverse des séries.
Une autre explication est celle du temps.
En effet, comme nous l’avons souligné, les séries télévisées sont apparues relativement récemment en France. Face à des activités comme la lecture ou la peinture, on comprend donc que les séries connaissent un écart historique important, qui peut jouer en leur défaveur. La légitimation demande avant tout une évolution des normes culturelles de la société française, pour qu’ainsi ces-dernières puissent se conformer au genre de la série et que ce genre télévisé soit jugé comme un bien culturel légitime. On conçoit alors que si les normes culturelles sont évolutives, cette mutation requiert un certain temps d’adaptation.
Malgré cela, les séries semblent aujourd’hui occuper une place de plus en plus conséquente dans le domaine de la culture et notamment dans celui de l’éducation. De nombreux enseignants se servent en outre des séries comme d’un support pédagogique particulièrement adapté à leur public. Si certains vont voir en MadMen la question du genre, d’autres vont voir en Downton Abbey une manière ludique d’améliorer leur anglais et en House of Cards un moyen concret d’appréhender la politique américaine.
Bien que les séries ne soient pas encore considérées comme aussi légitimes qu’une lecture des Contemplations de Victor Hugo, nul ne doute de leur légitimation dans les années à venir, au vu de la ferveur sans mesure pour ce nouveau genre.
Olivier Pasquier
22 Fév 2017Effectivement, les séries sont plus de le fruit de l’import d’une culture étrangère et de surcroît ne sont pas considérées comme un élément culturel reflétant la culture de notre pays.
Le problème fondamentale à mon sens c’est que ces séries importent un mode de pensée et une vision du monde qui n’est pas la nôtre mais celle du pays producteur (les pays anglo-saxons et surtout les Etats-Unis dans la majorité des cas). C’est un problème car on peut parler d’aliénation culturelle.