Yuzuru Hanyu, ce nom ne vous-dit rien ? Cet homme japonais de 27 ans n’est pourtant pas inconnu. Il est considéré, depuis quelques années, comme l’un des meilleurs patineurs sur glace.
Un patineur d’exception
19 records du monde battus, deux médailles d’or olympiques, deux en championnat du monde, quatre médailles d’or consécutives de la Finale du Grand Prix ISU entre 2013 et 2016. Le contexte est posé. Et son palmarès ne serait pas complet sans mentionner ses exploits. Il est le premier patineur de l’histoire à avoir fait un quadruple boucle en compétition, et aussi le premier à avoir réalisé le triple axel (l’un des sauts les plus difficiles en patinage). Cet hiver, il n’a en revanche pas gagné de médaille. Il a tenté deux fois, sans succès, le quadruple axel, perdant des points en chutant et ne remportant que la quatrième place.
Six milliards de vues
Pendant les Jeux Olympiques de Beijing de 2022, l’hashtag #YuzuruHanyu a eu près de 6 milliards de vues sur Weibo, le Twitter chinois. Yuzuru Hanyu n’est pas qu’un simple champion du monde de patinage pour ses fans. Ses qualités sont admirées sur tout le continent asiatique. En cause ? Non seulement son talent de patineur, qui lors des prestations, lui donne “un air féérique” selon certains commentateurs chinois, mais aussi sa personnalité. Après avoir vécu le tsunami et le tremblement de terre de Tohoku en 2011, pendant un entraînement, Yuzuru s’est donné pour objectif de venir en aide aux victimes. Il a ainsi fait don des récompenses de ses médailles olympiques de 2014 et 2018, l’équivalent de 16 millions de yens.
Et son physique en est également pour beaucoup. “Son visage est comme le jade, son corps comme le pin, volant comme un oiseau sauvage, se courbant comme un dragon”, décrit Chen Ying, commentatrice sportive chinoise pendant les Jeux d’Hiver de Pyeongchang en 2018. Une étude de 2021 montre qu’il est l’athlète préféré des Japonais, précédant de peu une légende nippone du baseball, Suzuki Ichiro. Mais le contraste est flagrant. Si Yuzuru est l’athlète préféré de 15,3 % des femmes japonaises en 2021, il n’atteint pas le top 20 des athlètes préférés des hommes japonais, affichant un écart net de préférences entre les sexes.
Fanyus et Winnie l’Ourson
Yuzuru Hanyu est une exception dans le monde du patinage. Jamais un autre patineur n’a été si populaire. En 2010, le patineur s’était affiché avec une boîte de mouchoirs à l’effigie de Winnie l’Ourson. Depuis, le personnage de dessin animé n’a plus jamais quitté la star. À la fin de ses performances, sa communauté de fans, appelée “Fanyu”, lui lance des peluches Winnie l’Ourson par dizaines pour l’encourager. S’il en garde quelques-unes, il donne le reste aux enfants dans le besoin. En 2018, il a par exemple donné ses peluches en trop aux enfants de Pyeongchang et Gangneung, villes olympiques de 2018.
Mais l’adoration des fans va encore plus loin. Fortunes dépensées pour assister à ses prestations, comparaison du sportif avec le Christ et tweets sur le moindre de ses faits et gestes. “Peu de sportifs vivants inspirent autant de dévotion que le Japonais Yuzuru Hanyu”, rappelle l’AFP. Une démonstration d’affection qui ne plaît pas à ses principaux concurrents. Rafael Arutyunyan, l’entraîneur de son principal rival, Nathan Chen, a comparé les actions de ses fans à une “guerre psychologique”.
Conflits
La communauté de fans était déjà très étendue au Japon. Mais elle s’est élargie avec les Jeux Olympiques de 2014, ainsi que la sortie de la série d’animation japonaise (« anime ») Yuri on Ice en 2016. Le personnage principal, Yuri Katsuki, semble ressembler à Yuzuru. Mais cette nouvelle communauté a amené de nouveaux conflits. Dans un article du Japan Times, l’écrivaine et traductrice Maria-Laura Mitsuoka explique : “Il y a des affrontements entre de vrais fans de patinage artistique qui sont plutôt objectifs et d’autres personnes qui admirent Yuzu comme un dieu.” L’article du Japan Times continue avec ces lignes : “Une autre cible fréquente de la colère des Fanyus est l’Union internationale de patinage, qui est souvent accusée de fausser le jeu, en sous-notant les routines d’Hanyu.”.
Malgré sa quatrième place aux Jeux Olympiques de Pékin, le double champion olympique continue à ravir les cœurs de ses fans. Mais son avenir dans le sport est plus qu’incertain. Santé fragile, âge qui avance, et nouveaux concurrents mettent en péril sa participation aux Jeux Olympiques de 2026. Lui a affiché son objectif : le quadruple axel.
By La Plume, Dauphine
