Requiem for a Spring Break

Requiem for a Spring Break

les-4-filles-de-spring-breakersHarmony Korine : ça sonne comme le nom d’une actrice porno blonde platine de 18 ans alors que c’est celui d’un réalisateur américain qui a la quarantaine. Spring Breakers, son film, partage cette ambigüité en ayant l’air d’un Projet X 2 : Escale en Californie alors que c’est plus proche d’un film de Gus Van Sant.

Bon après, on ne va pas se mentir, dur de traiter du Spring Break sans une pelletée de plongées visuelles mammaires et cocaïnomanes, autant  en profiter !
Mais ces stéréotypes de clip de R&B non censurés ne sont pas là par hasard. Au contraire, ces interludes de futilité coupable contrastent avec une réflexion bien plus consistante que de savoir si la paire de seins que l’on voit à l’écran est refaite ou non. C’est en fait une grande tristesse qui émane de cet environnement dans lequel les acteurs se noient. De la détresse de jeunes étudiantes qui tentent d’échapper à un quotidien monotone, au gangster blanc caricaturam qui n’existe que par un consumérisme exacerbé, Harmony Korine saisit quelque chose en plus, quelque chose de vrai : la facticité de cette semaine hors des règles.

Cette sensation, cette ambiance difficilement qualifiable est néanmoins saisissable et saisissante lors de certaines scènes tout simplement hallucinantes.  Des moments qui effectivement dépassent, voir surpassent cette orgie étudiante pour atteindre un lyrisme absurde :
James  Franco, en gangster blanc qui se rêve noir, aux dents plus métalliques que celles de Joey Starr, chantant du Britney Spears au piano, entouré de 3 étudiantes en bikini et cagoules roses en train de danser avec des armes à feu… Magique.

Ce constant décalage entre la vie menée et l’expérience perçue par les spring breakers souligné par une voix off résonnante et tentant de raisonner sur la liberté que leur offre cette pause de printemps met en relief le côté pathétique et pitoyable de ceux qui ne se sentent vivre que par cette fiction. Le seul moyen de survivre semble être le retour à la vraie réalité, la fuite vers la monotonie comme seule issue salvatrice en somme.

Cette intellectualisation de la connerie humaine peut être adorée ou détestée, dans tous les cas, l’objet filmique qui en résulte reste très intéressant.

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