Starlink en Amazonie : Manaus ne répond toujours pas

Starlink en Amazonie : Manaus ne répond toujours pas

Le réseau satellite de Space X devait révolutionner l’accès à Internet, en démocratisant le haut-débit pour l’ensemble de la planète. Un enjeu notamment pour les régions isolées du globe, comme l’Amazonie, équipée aujourd’hui à 90% des antennes d’Elon Musk. Mais contrairement à d’autres succès du milliardaire sud-africain, la faisabilité de Starlink est remise en question. Focus sur un projet disruptif, aux difficultés d’application multiples.

Starlink : cékoi ?

Moins connu que les lanceurs de satellite, le réseau de Space X est pourtant au cœur de l’activité de la société. L’objectif de Starlink est de déployer une constellation de satellites grâce aux lanceurs Falcon 9 pour répondre tant à la question de la montée d’exigence de qualité des réseaux Internet qu’à la fracture numérique. Sa particularité vient de l’emplacement de ses satellites. Ceux-ci sont placés sur une orbite terrestre basse plutôt que sur une orbite géostationnaire, fréquemment exploitée par les satellites de télécommunications et météorologiques. Cette position leur permet de rester au-dessus du même point de l’équateur. Se placer plus bas que cette orbite signifie être plus proche de la Terre, et permet donc aux satellites Starlink de réduire le temps de latence entre émission et réception du réseau. 

Starlink est aussi capable de décharger 50 à 60 satellites par lancement grâce à leur compacité, et d’étendre ainsi plus rapidement sa constellation. Ces deux propriétés permettent de répondre aux enjeux posés, en plus de proposer des antennes à bas prix, grâce à la détention propre de leurs lanceurs de satellites. 

L’Amazonie, un marché porteur… et des clients variés

Plus d’un an après la commercialisation de ses services, Starlink compte déjà 500 000 clients en juin 2022. C’est à cette date qu’Elon Musk rencontre le très sympathique Jair Bolsonaro. Le milliardaire voit en Starlink l’opportunité de répondre à deux défis majeurs. Déployer Internet au-dessus de la forêt amazonienne permettrait de fournir du réseau à 19 000 écoles situées dans des zones rurales, et de détecter la déforestation illégale. Bien entendu d’un SEUL point de vue environnemental, très cohérent connaissant le degré d’implication du président brésilien d’alors sur le réchauffement climatique. Dans le cadre d’un projet pilote, Starlink avait annoncé fournir à certaines des écoles des antennes gratuites pour encourager le Brésil à investir dans son dispositif. 

Un projet sur les rails donc, et qui un an plus tard fait déjà des heureux. Mais pas ceux escomptés. En 2023, pas de partenariat concret avec le ministère de l’Education brésilien, seulement trois écoles fournies en antennes (celles du projet pilote) et une épine dans le pied de Lula. L’élu se trouve en effet souvent en débat avec l’agence nationale de l’environnement et la police sur le sujet Starlink. Para quê ? Parce que cet Internet haut-débit à bas prix a grandement facilité le trafic de divers réseaux clandestins qui exercent leur activité à l’ombre des 400 milliards d’arbres de la forêt. D’après les faits rapportés par BBC News Brasil, 32 antennes Starlink ont été saisies depuis le début de l’année, notamment dans le cadre d’exploitations minières clandestines. Chouette bilan pour un projet censé aider à diminuer la déforestation. Après, on ne peut pas leur en vouloir, dur de repasser à la radio pirate quand on a goûté à la fibre. 

Mégaconstellation = mégacollision ? 

Il n’y a pas que sur Twitter (X pardon, c’est l’habitude) qu’Elon Musk veut tout renverser. On a déjà évoqué la compacité des satellites Starlink, qui permet de multiplier leur mise en orbite à chaque lancement. Mais si d’un point de vue économies d’échelle, c’est assez bénéfique pour Space X, beaucoup de scientifiques mettent en garde contre un possible syndrome de Kessler. Le principe : plus il y a de satellites et de débris en orbite, plus les collisions sont fréquentes et créent en chaîne de nouveaux débris et de nouvelles collisions. Un cercle vicieux qui dure jusqu’à ce que les débris tombent sur Terre. Il faudrait peut-être dire à Elon d’inclure un casque dans son kit découverte…

 

La Plume

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