Des femmes et des Lettres
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Des femmes et des Lettres

Littérature et féminisme n’ont pas toujours fait beau ménage. Les femmes, aussi bien en tant qu’écrivaines qu’héroïnes, se sont longtemps vues exclues du monde littéraire. Les personnages féminins sont les victimes de cette tragédie de plumes et papiers.

S’il y a bien deux choses que j’aime, ce sont les livres et les femmes. Et lorsqu’on les lie, ça fait des étincelles. La littérature a longtemps été un domaine dominé par les hommes. Aujourd’hui encore, leurs œuvres se voient accorder une place importante, notamment dans la fiction. Mais alors se pose la question de l’écriture de personnages féminins, et de la représentation des femmes dans la littérature produite par des hommes. Comment créer un personnage réaliste, intéressant, et marquant lorsque ce n’est pas notre domaine de prédilection ? Et comment donner aux femmes la profondeur intellectuelle qu’elles méritent ?

Dans la littérature classique, certains personnages féminins ressortent : Jane Eyre, la Princesse de Clèves, Elizabeth Bennett… Leur point commun ? Toutes sont les héroïnes de romans écrits par des femmes. Un premier problème se pose : les femmes sont rarement au cœur de l’écriture des hommes. A quelques exceptions près - chez Balzac et Maupassant, principalement -, les personnages principaux des plus grands romans des siècles derniers sont en majorité des hommes. Les femmes ont longtemps été absentes ou du moins secondaires dans les pages de romans. Ce manque d’importance donné à leurs histoires explique le peu de profondeur de bien des personnages féminins. Pour écrire des héroïnes intéressantes, encore faut-il leur laisser une place au sein des œuvres littéraires.

Si on dépasse la barrière du manque de personnages et donc du manque de matière à analyser, on peut s’intéresser aux lexiques utilisés pour décrire les femmes dans les romans. Le choix des mots est essentiel pour comprendre quelle place est donnée au personnage, et à fortiori aux femmes en général. Certains chercheurs se sont donc penchés sur la caractérisation des femmes au niveau le plus resserré. Le champ lexical utilisé pour évoquer les femmes se distingue de celui utilisé pour les personnages masculins. La femme décrite par Zola est la somme de son environnement, de son histoire, et d’une symbolique qui lui est propre. La construction du personnage se fait en plusieurs couches. Le travail d’écriture lui donne un relief nécessaire à la mise en place d’un décor et d’une intrigue efficaces. La question du genre de l’auteur, et donc de ses biais inconscients à l’égard des femmes, est essentielle. L’écriture d’un personnage féminin est influencée par des prénotions et des idéaux, qui trouvent bien souvent leur source dans le rapport au genre des auteurs.

Mais que dit le personnage féminin de son époque ? Est-il le produit de représentations de la femme au moment de son écriture, ou plutôt le miroir d’une réalité ? Il est difficile d’imaginer que les auteurs laissent de côté leurs personnages féminins au point de ne pas leur conférer de véritable but dans leur récit. Alors comment les femmes sont-elles utilisées dans la littérature ? Sont-elles de simples adjuvantes à la grandeur d’un héros masculin, ou peuvent-elles se développer en tant que personnages complets ? Les exemples d’Eugénie Grandet, Thérèse Raquin, ou La cousine Bette donnent à voir des femmes fortes, au centre de leur propre histoire, et dont la psychologie est disséquée tout au long d’un roman. Pourtant, cette littérature s’inscrit plutôt dans une critique de la société du XIXème siècle et une étude des conditions sociales dans une tendance naturaliste. Là encore, le personnage féminin serait donc un outil pour servir le dessein quasi-scientifique de son auteur.

Les femmes n’ont pas été gâtées par la littérature des siècles passés. D’Anna Karenine à Emma Bovary, la femme est victime de ses passions, mélancolique, séductrice. De Madame de Rénal à Madeleine Forestier, elle est secondaire à un personnage masculin. Mais si les héroïnes romanesques ont su traverser les époques, c’est bien que certains écrivains ont su trouver le mot juste.

By LaPlume, Dauphine

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