Dans les stades ou sur les consoles : le virtuel prend-il le pas sur le réel ?

Dans les stades ou sur les consoles : le virtuel prend-il le pas sur le réel ?

Avec la pandémie, stades et gymnases se voient privés de leur atout phare : le public. Alors que, à l’heure où j’écris cet article, la Ligue 1 se prépare pour la 28ème  journée et que les équipes de NBA entament leur 35ème match de la saison, la magie de nos sports préférés s’évapore petit à petit. Le phénomène ne semble cependant pas tout à fait récent. Avec l’avènement de jeux vidéo de plus en plus réalistes, une question se pose : le virtuel a-t-il pris le pas sur le réel ?

Une ambiance qui sonne faux

J’ai dernièrement décidé de me plonger dans le monde des podcasts. Naviguant entre les émissions de développement personnel et de tueurs en série, j’ai trouvé mon bonheur dans la section sport de mon application. Grand fan de basket, j’ai d’abord cherché, pour me rassurer, une émission m’affirmant que oui, les Warriors peuvent décrocher une nouvelle bague. Quel ne fût pas mon désarroi en m’apercevant qu’aucun spécialiste NBA n’ait sérieusement envisagé cette possibilité ! C’est alors qu’un titre attira mon attention : Le foot s’est-il dissous dans les pixels et les données ? de la chaîne Le code a changé. Dans ce podcast, un sujet piqua ma curiosité. Alors que les jeux vidéo ne sont censés n’être qu’une pâle copie de la réalité, la logique ne tend-elle pas à s’inverser ? 

Un point particulier me semble pertinent pour analyser ce dilemme : l’ambiance. Les dirigeants des fédérations ont tous cherché à combler le manque de public en créant une fausse ambiance. Comment, alors que l’on regarde un match de Ligue 1, ne peut-on pas faire le parallèle avec la fausse atmosphère de FIFA ? Comment ne peut-on entendre qu’un brouhaha désagréable quand Stephen Curry inscrit 62 points en un match ? Le seul effet ressenti est celui d’une bande son enregistrée sur ordinateur. Démoralisant. L’objectif initial, mettre un peu de vie dans ces matchs, était pourtant tout à fait louable. 

Apprendre sur console

Un autre aspect de cette virtualisation du sport s’observe dans l’apprentissage des joueurs ou entraîneurs. La Big Data et Internet ont développé une nouvelle façon d’appréhender le jeu. Il est désormais beaucoup plus facile d’obtenir des masses d’informations sur des joueurs et toutes sortes de statistiques. André Villas-Boas, ancien entraîneur de l’Olympique de Marseille, est par exemple un grand champion du jeu de simulation Football Manager (non, il n’a pas coaché le Winchester FC). Il a d’ailleurs continué d’utiliser la base de données du jeu lorsqu’il était superviseur du FC Porto, entraîné par Jose Mourinho.

Les jeux vidéo obligent les joueurs à développer une prise d’initiative et un sens tactique tout à fait différents. En grandissant avec cela, les sportifs développent une intelligence de jeu nouvelle, qui ne se résume plus au simple talent. Dans le podcast cité précédemment, un exemple très parlant est donné. Les quarterbacks, tacticiens du Football Américain, sont aujourd’hui bien plus forts et bien plus intelligents que ne l’étaient leurs homologues du passé.

Fifa et 2K sont entrés dans la culture populaire et sont désormais des outils de comparaison. Des notes sont en effet attribuées aux joueurs. Celles-ci peuvent faire polémique car témoignent d’une supposée hiérarchie dans la réalité. Nous pouvons prendre l’exemple de Tyler Herro, joueur du Miami Heat et auteur d’un exceptionnel parcours au sein de la bulle, jusqu’à atteindre la finale face aux Lakers. Herro n’est qu’un sophomore de 21 ans et, même s’il s’est montré adroit lors des playoffs 2020, ses statistiques restent moyennes. Il obtient pourtant la note de 83 sur NBA 2K21, soit la même note que Jrue Holiday, pourtant au-dessus statistiquement et disposant de plus d’expérience (ce dernier ayant une moyenne de 17,4 points par match contre 15 points par match pour le jeune floridien). 

Alors, faut-il s’inquiéter ou au contraire s’enjouer de la collision de ces deux mondes ? Sacré dilemme, auquel je ne sais pas encore répondre.

Marié Marc-Adrien, L3 Gestion

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