Le réchauffement climatique a pour conséquence d’augmenter les inégalités entre les pays. Les pays les moins développés sont ceux qui subissent le plus les répercussions du réchauffement climatique. Que faire à l’heure où les inégalités environnementales prennent le pas sur les inégalités sociales ?
Les pays à revenus faibles et intermédiaires : grandes victimes du réchauffement climatique ?
Les pays pauvres souffrent d’autant plus de la crise climatique qu’ils n’en sont que très peu responsables. Alors que les pays développés sont de loin les principaux émetteurs de CO2, 90 % des décès liés à la pollution atmosphérique surviennent dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires. Les 10% des revenus les plus riches sur Terre sont responsables de 52% des émissions de CO2, contre seulement 7% pour les 50% les plus pauvres. Le top 1% est à lui seul responsable de 15% des émissions mondiales de CO2 (d’après un rapport d’Oxfam et du Stockholm Environment Institute). En pratique, les inégalités carbone ont tendance à favoriser les inégalités sociales. Les “frontline communities” - dixit Alexandria Ocasio-Cortez dans son projet de loi pour un green new deal - ces personnes qui sont déjà directement impactées par le réchauffement climatique proviennent généralement des pays pauvres. On estime actuellement à 20 millions le nombre de réfugiés climatiques et les prévisions semblent en annoncer 150 millions d’ici 2050. La conclusion est sans appel : les pays pauvres subissent largement le réchauffement climatique, ils sont souvent en première ligne des désastres climatiques, alors qu’ils sont de loin les plus faibles pollueurs. Il faut donc agir vite pour éviter une catastrophe sociale.
Les financements carbone et la justice climatique
Malgré une prise de conscience sur l’existence de ces iniquités fortes, les pays développés prennent des mesures bien trop faibles pour s’attaquer au problème. Le 24 octobre 1970, à l’ONU, les pays développés font la promesse de contribuer au développement et à la transition des pays pauvres à hauteur de 0,7% de leur PIB. Cependant, les promesses n’ont été que partiellement tenues car aujourd’hui, 50 ans plus tard, 5000 milliards de dollars supplémentaires auraient dû être obtenus par les pays à revenus faibles et intermédiaires.
Dans l’Accord de Paris de 2015, à l’issue de la COP 21, la question de la justice climatique n’est quasiment pas abordée. Le terme de justice climatique n’apparaît qu’une seule fois et n’est même pas rigoureusement défini. En signant l’accord, les pays se sont engagés à contribuer à hauteur de 100 milliards d’euros à la transition des pays pauvres pour compenser leurs émissions de CO2 qui ont de fortes conséquences sur les pays en voie de développement. Cependant, une fois de plus, les promesses ne sont que partiellement tenues et les États-Unis se sont retirés de l’accord. La justice climatique pourrait être la cheville ouvrière des négociations internationales avec la prise en compte de l’équité entre les pays dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Mettre en place des instruments de lutte contre le réchauffement climatique
Plutôt que des accords de type “promesses et révisions de promesses” tels qu’ils sont adoptés jusqu’à présent, les économistes plaident généralement en faveur d’une taxe carbone ou d’un marché des droits d’émission généralisé à l’échelle mondiale. Le prix du carbone doit être déterminé de manière à ce que les incitations par les prix réduisent les émissions mondiales à un niveau acceptable pour la collectivité. A l’inverse, les accords actuels sont peut-être trop peu ambitieux. Même dans l’hypothèse d’un respect strict des mesures de l’Accord de Paris, les scientifiques envisagent une augmentation de la température de plus de 3 degrés d’ici 2100 (d’après des études de 2019).
Nassim Chamakh, L3 CPGE