Dauphinois, vous êtes Charlie.
Rassemblement à Dauphine. Photo : Phinedo

Dauphinois, vous êtes Charlie.

Rassemblement à Dauphine.  Photo : Celia Salmon
Rassemblement à Dauphine.
Photo : Phinedo

«Nous sommes Charlie. »

Aujourd’hui, jour de deuil national en France, drapeaux en berne. Hier, douze personnes perdaient la vie. Le monde entier leur rend hommage, Dauphine ne fait pas exception.

À
Stéphane Charbonnier, dit Charb
Jean Cabut, dit Cabu
Georges Wolinski
Bernard Verlhac, dit Tignous
Bernard Maris
Frédéric Boisseau
Franck Brinsolaro
Elsa Cayat
Philippe Honoré
Ahmed Merabet
Mustapha Ourrad
Michel Renaud

Vous êtes Charlie.

Et aujourd’hui, ce sont soixante-six millions de Français endeuillés qui pleurent. Les rassemblements spontanés qui se poursuivent aujourd’hui reflètent leur désarroi. Un mot d’ordre: ”Protégez notre liberté d’expression”. En s’attaquant à Charlie Hebdo, qui cultive l’indépendance, la provocation et incarne cette liberté, ils se sont attaqués à chacun d’entre nous.

100 000 personnes se sont rassemblées hier dans la France entière. Des messages venant du monde entier expriment leur solidarité avec les proches des victimes. Qu’ils soient dessinateurs ou écrivains, certains n’hésitent pas à prendre leur plume, à la manière des caricaturistes de Charlie Hebdo pour rendre hommage aux victimes.

Indignation.

Mais où va le monde ? Que se passe t-il sur la planète ? L’actualité n’est plus qu’une fresque de la connerie humaine. Et ça fait mal. Plus de limites, plus de barrières, tuer pour tuer ou avec de faux prétextes. Cette bêtise de l’homme, Charlie Hebdo n’avait pas peur de la dénoncer. Sans crainte des menaces, sans peur des répercussions, personne n’aurait mis d’entrave à leur liberté d’expression.
Alors ce soir je pleure. Pour les victimes d’abord. Mais aussi pour ce monde sans devenir qui me donne envie de fuir. Et comme soutien, par pitié, n’abandonnez jamais votre plume et faites couler de l’encre plutôt que du sang.
Annaelle Assaraf

La mort dans les maux : quand les mots sont morts.

Je n’ai pas d’énième commentaire à faire sur le délitement des valeurs de mon pays, de son ordre social, des notions de res-paix, d’amour et de libertés fondamentales. Tout est dit un peu partout aujourd’hui. Je n’ai pas non plus grand-chose à ajouter sur la nécessité d’éviter les amalgames.
Je soupire. Franchement les mecs, vous avez déconné. On était bien, hier encore, quand on pouvait faire semblant d’ignorer. Se dire que tout était loin, et que cette guerre pour la paix et les libertés, on avait encore le choix de la faire, ou pas.
Ce n’est pas Damas ni Alep, c’est ici Paris : le front s’étire jusqu’au cœur des zones qui se voulaient en sécurité.
Un jour, un homme partit dans l’espace, le premier, et s’exprima ainsi : « Chers amis, lointains ou très proches. Habitants de tous les pays et de tous les continents. Dans quelques minutes, un puissant vaisseau cosmique m’emportera loin dans l’espace. J’ai peine à décrire ce que j’éprouve mais il me semble que j’ai vécu toute ma vie dans l’attente de ce moment-là. »
C’est dans les mêmes termes que j’aurais voulu m’exprimer. Chers amis, tous, d’ici, d’ailleurs ; je voudrais que vous comme moi trouvions ce vaisseau, celui des droits de tous et des libertés, de l’éducation et la paix, celui qui nous permettra à notre tour de pourfendre les ténèbres infinies de l’horreur barbare, de l’obscurantisme fanatique et de la violence déshumanisée. Je peine à décrire ce que j’éprouve, mais il me semble que je vivrais toute ma vie dans l’attente de ce moment-là.
Beaucoup d’amour, et tous mes sentiments de compassion pour les victimes de la barbarie, toutes, de Charlie Hebdo comme d’ailleurs.
Charles Moulinier

Des pensées.

Journée de grande tristesse et de deuil.
Une pensée pour ces douze victimes.
Une pensée pour vous, écrivains, dessinateurs, dont les mots et les traits ne seront pas oubliés.
Une pensée pour les familles des victimes.
Une pensée pour notre liberté d’expression, salement amochée.
Une pensée pour les musulmans français, humiliés par les actes barbares de monstres qui ne sont en rien leurs confrères.
Une pensée pour ma France, triste et apeurée, mais qui doit rester solidaire et soudée.
Manon Lescroart

Marie-Alix Danton
Marie-Alix Danton

Rassemblement spontané hier soir Place de la République : entre émotion et indignation

Photo : Juliette Dubois
Photo : Juliette Dubois

La sobriété et le respect étaient de mise

Je suis arrivée place de la République bien après l’heure «officielle» des rassemblements. Il devait être 21h30 et il y avait toujours une foule conséquente. La Une de Charlie Hebdo (la caricature «l’amour plus fort que la haine») était projetée sur la statue, puis remplacée par le message «Je suis Charlie». Plusieurs slogans ont été scandés, dont «Charlie n’est pas mort», «l’Encre doit couler, pas le sang» «Tous ensemble pour la démocratie». Les gens brandissaient des stylos, des affiches «je suis Charlie», des anciens numéros de Charlie Hebdo.
Ce qui m’a frappé c’est l’homogénéité de ces personnes venues en masse, pourtant d’âges et de profils très différents. Silencieux, ou scandant des messages d’espoir, de ralliement ou de colère, c’est la sobriété et le respect qui étaient de mise. Aucun débordement. Pas de rires mal placés. Un mausolée illuminé de bougies près de la statue, un petit groupe se recueillant devant. Juste un bel hommage. Et ceux qui s’étaient perchés sur la statue pour initier les slogans ne fatiguaient pas.
Quand j’ai quitté la place aux alentours de 23h30, la foule s’était tue, la place était silencieuse mais beaucoup de gens étaient encore présents.

Ariane Pumir

Dauphine est aussi Charlie.

D’habitude en arrivant à Dauphine on regarde quelle est notre salle de cours, quel sera notre journal du jour. Ce matin, en arrivant, mon sac a été fouillé, l’écran du hall avait revêtu sa couleur la plus sombre, il avait changé. D’habitude à midi à Dauphine, les étudiants déjeunent, discutent, se réunissent. Aujourd’hui aussi ils étaient réunis mais il n’y avait plus aucun bruit. Debout sous la pluie, chacun sentait, que quelque chose avait changé.
Car oui, entre hier et aujourd’hui les lettres de sang ont recouvert les lignes innocentes de dessins. La signature de l’horreur a ébranlé une France endormie dans ses convictions de tolérance, d’égalité, de liberté. Oui, aujourd’hui dans le pays qui a tant lutté pour acquérir ce droit : la liberté d’expression, on porte le deuil de douze de ses fervents défenseurs.
Du plus profond de mon coeur et du bout de ma plume : je suis Charlie.
Aurélia Fellous

« Not in my name. »

Aujourd’hui, ce qui fait le plus peur, ce sont les amalgames, qui associent cet acte perpétré par des terroristes, des barbares, des ”connards ”comme les a appelés Plantu hier soir avec la religion musulmane.
Dans toutes les manifestations de France, des pancartes «Not in my Name» étaient brandies. L’imam de Drancy a réagi: «Si on n’est pas d’accord avec Charlie Hebdo, on répond au dessin par le dessin, à l’art par l’art, à l’écrit par l’écrit, et pas par la haine et le sang.» «Leur haine, leur barbarie n’a rien à voir avec l’islam».
L’Association des Etudiants Musulmans de Dauphine a publié hier soir sur son compte Facebook un statut où ils refusent cette vision erronée de l’Islam portée par les terroristes. L’Islam est une religion où la vie humaine et des valeurs telles que la paix, l’amour sont sacrées.
charlie 4

Dimanche, une marche républicaine est organisée de République à Nation, en hommage aux victimes de cette barbarie inqualifiable. Munissez vous de vos stylos. Et levez haut et fort votre plume, car la plume et l’encre seront toujours plus forts que les armes et le sang.

Armelle Jouan
Armelle Jouan

Propos recueillis par Armelle Jouan

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