La Coupe Davis est morte. Vive la Coupe Davis ?

La Coupe Davis est morte. Vive la Coupe Davis ?

La dernière édition de la Coupe Davis telle que nous la connaissons vient de se terminer à Lille, par la revanche des Croates sur les Français après la coupe du monde de Football. La réforme de la compétition de 118 ans, portée par le footballeur Gerard Piqué et sa société Kosmos, ne fait pas l’unanimité. Pourquoi est-elle tant décriée ?  

 

Après 118 ans, la Coupe Davis a connu sa dernière édition sous sa forme historique. Bien que l’édition 2018 n’a rien à voir avec celle de 1900, certaines traditions ont perduré : 3 jours de compétition, avec 4 simples et un double, les matchs en 3 sets gagnants qui peuvent durer jusqu’au bout de la nuit, et les rencontres organisées par un des deux pays concurrents, avec le public soutenant sans limite leur pays.

Cependant, le format centenaire peine à attirer les meilleurs joueurs mondiaux. Son principal reproche : un calendrier qui encombre le programme des joueurs. Avec 4 week-end dédiés à la Coupe Davis par an, la saison des joueurs peut s’étendre jusque fin Novembre pour les finalistes, avec une reprise des matchs officiels dès Janvier. Rafael Nadal et Tomáš Berdych, vainqueurs de la Coupe, avec respectivement l’équipe d’Espagne (2008, 2009, 2011) et de République Tchèque (2012, 2013), ont milité pour une compétition étalée sur 2 ans, afin d’alléger le calendrier des joueurs. Sans succès.

A l’initiative de la société Kosmos, gérée par le footballeur Gerard Piqué, défenseur espagnol du FC Barcelone, la Fédération Internationale de Tennis (ITF en anglais) a adopté à plus de 70% une large refonte du format de l’épreuve. Cette réforme vise notamment à réduire l’impact de la Coupe Davis dans le calendrier, en ne gardant que 2 semaines de compétition : une phase qualificative en Février, puis une phase finale en Novembre. Les rencontres se dérouleront toutes en un lieu unique (Madrid a été choisie pour la prochaine édition), avec 2 matchs en simple et un match de double, en 2 sets gagnants. Enfin, la nouvelle formule veut attirer les meilleurs joueurs mondiaux, en offrant une généreuse donation totale aux joueurs (20 Millions de dollars, seuls les 4 tournois du Grand Chelem offrent un Prize Money plus élevé).

Bien que la réforme vise à attirer davantage les meilleurs joueurs mondiaux, certains se montrent sévères à l’encontre de la nouvelle formule. Novak Djokovic et Roger Federer, n°1 et n°3 mondiaux, critiquent l’organisation dans une seule et même ville, à la fin de la saison. Avec de nombreux joueurs obligés de finir leur saison prématurément à cause des blessures, la phase finale pourrait attirer moins de Top Players que prévu. Rafael Nadal et Juan-Martín Del Potro, respectivement n°2 et n°4 mondiaux, n’auraient pas pu défendre les couleurs de leur pays cette année par exemple. Federer remet en question l’implication du footballeur dans le projet. Il met notamment en garde : « La Coupe Davis ne doit pas devenir la Coupe Piqué ».

Il est surtout reproché à la nouvelle formule de mettre fin à des traditions héritées de 1900, et qui font l’attrait de la compétition. Le public en terrain « neutre » ne pourra jamais égaler les fans en fusion de Lille lors des 2 dernières finales de la France. Il semble improbable de déplacer 20 000 français à Madrid pour soutenir les Bleus… Les matchs en 3 sets gagnants, bien que physiquement plus contraignants pour les joueurs, font durer le suspense des matchs. Et la Coupe Davis est souvent le spectacle d’incroyables performances. On peut noter la performance de Gaël Monfils qui bat Roger Federer, alors n°2 mondial, en finale en 2014.

La Coupe Davis avait indéniablement besoin d’être reformée. Redynamiser l’attrait de la compétition pour les meilleurs joueurs mondiaux était nécessaire. La campagne 2017 avait vu la France triompher, sans qu’aucun français ne batte de joueur classé dans le Top 30. Avait-elle pour autant besoin d’une telle transformation ? Sans doute. Mais la Coupe Davis pourrait seulement devenir un tournoi de fin de saison comme les autres, avec une importante motivation financière. Et le boycott de nombreux joueurs (Djokovic, Zverev, Pouille…) vient compliquer l’idée d’attirer le Gratin du Tennis Mondial. Gerard Piqué s’est toutefois montré confiant pour la première édition en 2019. Celle-ci relèvera-t-elle les attentes promises ? Réponse en Novembre 2019 à Madrid.

 

Léandre Bierré, L3 GBD Mannheim

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