À 12h45 (19h45 heure française), le mercredi 13 septembre, la France a reçu l’attribution définitive de la part du CIO des jeux olympiques d’été 2024, un siècle après sa dernière participation (en 1924). La candidature a débuté le 15 septembre 2015, où 3 étapes se sont succédées pour enfin finir le 13 septembre à Lima au Pérou. Pendant ces 3 étapes, ont été discutés le concept et la stratégie des jeux, l’aspect juridique et financier ainsi que l’expérience et l’héritage des sites olympiques.
Les jeux olympiques d’été sont l’évènement sportif le plus médiatisé dans le monde avant même la mythique coupe du monde de football : 3,2 milliards de personnes ont regardé au moins une minute les jeux olympiques de Londres. Il est donc prestigieux pour une ville de les accueillir, autant pour sa réputation que du point de vue touristique. Paris est l’une des villes les plus attractive du monde et fait rêver de nombreux étrangers grâce à sa gastronomie, son «luxe à la française» ou encore son architecture haussmannienne. Les touristes n’auront donc aucun mal à y venir pour acclamer leur nation.
De nombreuses personnalités ont soutenu le projet de Paris 2024, et Paris a fait une grande campagne de communication, notamment avec l’éclairage de la Tour Eiffel aux couleurs des JO ou des spots publicitaires. Son attribution ne fut pas une grande surprise, d’autant que la ville s’était mis d’accord avec Los Angeles (principal concurrent) pour que Paris accueille les jeux olympiques en 2024 et que Los Angeles les accueille en 2028.
Des jeux oui, mais à quel coût ?
Il y a cependant un aspect de cette obtention à ne pas négliger : le coût financier. En effet, ce que les jeux olympiques de Paris vont coûter au contribuable peut inquiéter lorsque l’on voit que ceux de Pékin ont couté 42 milliards de dollars et que les jeux d’hiver de Sotchi ont, eux, couté 50 milliards de dollars (les plus chers de l’histoire). Nous voyons de façon empirique une certaine course à la démesure sur les jeux ces dernières décennies. Cependant, ces prix sont à relativiser, car pour les jeux de Sotchi il n’y avait quasiment aucune infrastructure, ce qui n’est pas le cas de Paris.
La ville lumière est également une capitale sportive et dispose de ce fait de 95% des infrastructures nécessaires pour accueillir les jeux olympiques avec par exemple le stade de France, le parc des princes, Rolland Garos ou encore l’Accor hôtel aréna (Paris-Bercy). Cependant, 3,3 milliards d’euros ont tout de même été prévus dans le dossier de candidature auprès du CIO afin de les rénover ; 3,3 autres milliards ont également été prévus pour les dépenses organisationnelles, financés par les billets et le sponsoring. Le budget total planifié dans le dossier de Paris est donc de 6,6 milliards d’euros. Chiffres qui sont toutefois à relativiser fortement dans la mesure où les budgets initiaux sont très souvent dépassés, comme ce fut le cas pour le budget des jeux de Sotchi qui était initialement de 12 milliards de dollars (4 fois moins que le coût réel).
Des externalités positives ?
Il est plus compliqué de prévoir les recettes que les dépenses, cependant, le centre de droit et d’économie du sport (CDES) prévoit une retombée économique entre 5,3 et 10,7 milliards d’euros. Cette étude effectuée pour la candidature de Paris auprès du CIO montre aussi que l’impact salarial de l’évènement serait entre 119 000 et 247 000 nouveaux emplois en fonction de la retombée économique, mais ces emplois seraient pour la plupart saisonnier.
Anne Hidalgo, la maire de Paris a promis de dépolluer la seine afin d’y accueillir les épreuves en eau libre, l’objectif est de rendre cette dépollution pérenne et de permettre aux parisiens de s’y baigner après 2024. Aujourd’hui, se baigner dans la seine est passible d’une amende de 38 euros et entraînerait de sérieux problèmes d’hygiène. Le pari est donc lancé.
Les jeux olympiques à Paris ont un autre avantage : les transports en communs parisiens sont très efficaces. Quelle que soit votre localisation dans la capitale, vous serez à moins de 400 mètres d’une ligne de métro. Paris disposera aussi de 90 000 chambres d’hôtel. Un objectif est de construire le village olympique autour de la cité du cinéma qui sera le restaurant où les sportifs pourront gouter à la célèbre gastronomie française. Le village laissera ainsi après les jeux près de 3 500 nouveaux logements qui auront accueilli pas moins de 17 000 athlètes. Le centre de Paris sera à 15 minutes du village olympique et 85% des sportifs seront à moins de 30 minutes de leur lieu d’épreuve. Le quartier du village sera en plus considéré comme un « éco-quartier », car responsable écologiquement et à proximité du stade olympique ainsi que du centre aquatique. Ce village olympique sera proche des compétitions et connecté au reste de la ville. Il sera de plus présent dans ce que l’on pourra appeler « le grand Paris » car la grande partie des épreuves ainsi que le village olympique tiendront dans un rayon de 10 km.
Il est tout de même intéressant de savoir que d’autres épreuves s’effectueront en banlieue parisienne comme par exemple les sports équestres aux abords du célèbre château de Versailles.
Des synergies avec d’autres projets
Le 26 juin 2007, Nicolas Sarkozy lança l’idée du grand Paris à l’horizon 2030 : cet horizon paraissait jusqu’alors dur à réaliser… Cependant, ces jeux seront à priori un réel accélérateur du projet.
C’est aussi une bonne occasion – et cela est prévu – de respecter les accords de Paris sur le climat, afin de faire des jeux avec une plus faible empreinte énergétique et de rendre au sport sa valeur principale de santé qui lui est propre.
En plus des jeux, le grand Paris bénéficiera peut-être de l’exposition universelle de 2025 pour laquelle Paris est candidate – réponse prévue en novembre 2018. Même si d’un point de vue financier ou organisationnel, de tels évènements à une année d’intervalle semblent difficile à réaliser. On peut néanmoins rappeler que l’exposition universelle de 1889, nous a laissé le magnifique souvenir de la Tour Eiffel, aujourd’hui devenue l’emblème incontesté de notre capitale.
Il est important de noter que Paris ne sera pas la seule ville concernée par les JO, car d’autres grandes villes de France accueilleront le football et la voile se déroulera à Marseille.
Paris a été reconnu par le CIO comme une ville pouvant organiser « des jeux remarquables », notamment grâce à sa grande expérience en termes d’organisation d’évènements sportifs, sa passion pour les sports olympiques et son attrait touristique important. En 2024, un éclairage nocturne inédit est d’ailleurs prévu avec au centre la Seine rayonnante, on pourra ainsi plus que jamais l’appeler « la ville lumière ».