Vous connaissez certainement ce délicieux vertige qui vous emporte quand vous parlez avec un passionné, quelqu’un dont la joie communicative vous attire irrémédiablement dans son univers. C’est cette sensation qui traversa nos trois « journalistes » lorsqu’ils rencontrèrent les musiciens de Z Comme. Leur musique n’est « que » le reflet de cette ardeur. À grands coups de rythmes envoûtants et de mélodies aériennes, le groupe en quête du zon vous emmène vers une dimension nouvelle et mystérieuse. Votre plus grand rêve est de parcourir le monde ? Vous en avez désormais les moyens à moindre frais, car avec quelques euros seulement vous pourrez vous acheter Mockba 80, premier EP sept titres du groupe. Croyez-moi, vous voyagerez bien plus avec cet album qu’à bord d’un avion.
2009. Nous sommes du côté de Château-Thierry dans l’Aisne. Et dans l’Aisne, il y a des champs de betterave. Des mines abandonnées. Des picards (abandonnés ?). Et dans l’Aisne, il y a des jazzmen. La preuve à trois : Z Comme. Tout commença par une passion commune pour John Zorn, jazzman américain très éclectique (de la musique juive traditionnelle au punk hardcore !). Le groupe axonais débute en reprenant son riche catalogue et en s’appropriant certains de ses morceaux (Ne’eman, sur Mockba80 par exemple). De fil en aiguille, une identité se forge et le trio se met peu à peu à composer. C’est en 2011 que la formation actuelle de quartet fut adoptée, ce qui nous mène tout droit jusqu’en mai 2013, date clé de sortie de leur EP.
À mi-chemin entre composition et improvisation, Mockba 80, c’est un peu comme la Macédoine de votre grand-mère. Voyez plutôt : vous prenez comme base un jazz préalablement passée au filtre de la musique traditionnelle juive par John Zorn, vous y ajoutez une touche d’influences des musiques d’Europe centrale et des Balkans, vous mélangez ça avec une bonne dose de vibraphone pour allonger et aérer le son ; enfin, vous saupoudrez le tout de darboukas et autres percussions nord-africaines puisées dans l’héritage culturel de votre percussionniste. Hétérogène, vous trouvez ? C’est pourtant ce mélange même qui fait la force de Z Comme. Par leur capacité à assimiler et à synthétiser toutes ces cultures qui les touchent de près ou de loin, nos musiciens ont réussi à développer un son homogène sans être répétitif et dépaysant sans être rébarbatif. Il est intéressant de noter que le Z au fil de leurs compositions prend un second sens : après Zorn, derrière le Z se cache… Zulfikarpašić. Bojan Zulfikarpašić (Bojan Z en version courte), pianiste de jazz franco-serbe connu et reconnu des amateurs, dont l’album Humus sorti en 2012 illustre parfaitement l’ouverture d’esprit en prenant des accents rock’n’roll. Chaque nouvelle inspiration est ainsi source de progression du son pour le groupe picard qui se définit aujourd’hui comme auteur d’un « jazz/world music » groovy.
Derrière la musique se cachent des idées et des envies. Le partage et le plaisir de jouer transparaissent ostensiblement dans les voix des musiciens de Z Comme. Ils désirent que leur musique parle aux gens qui l’écoutent, et cela se voit dans leur joie de monter sur scène. Nous leur avons demandé ce que serait leur « punchline », un message qu’ils auraient à faire passer pour nous autres étudiants : « Soyez curieux ! ». Tout écouter, tout découvrir, et vivre toutes les musiques : c’est en fait ça, le zon.
Mockba 80, sorti en mai 2013, distribué par Believe Digital, disponible sur iTunes, Qobuz, BandCamp, Spotify, Deezer, Amazon et sur www.zcommemusic.blogspot.fr .
Fred JORAND
5 Jan 2014… Tout est vrai … Moi aussi, j’ai voyagé à l’écoute de cet album .
Bonne continuation, bonne année, plein de bonheur et plein de concerts .