On entend souvent parler de l’art thérapie, une manière d’accompagner les patients atteints de troubles mentaux vers le chemin de la guérison. Par ailleurs, cette pratique est souvent associée à ce que l’on appelle la psychothérapie institutionnelle. En France, on dénombre 10 000 lieux de prise en charge en psychiatrie, mais ils sont peu à intégrer complètement cette démarche dans leurs processus de traitement. C’est un sujet qui divise les professionnels à travers le monde, ce qui nous pousse à nous demander à quoi sert et comment est pratiquée la psychothérapie institutionnelle.
La psychothérapie institutionnelle est une approche de la psychothérapie qui se concentre sur les dynamiques et les interactions au sein des institutions psychiatriques pour favoriser le bien-être psychologique et émotionnel des patients . Elle met l’accent sur la participation active des patients dans le processus thérapeutique. En effet, ils sont encouragés à s’exprimer librement et à participer aux nombreuses activités organisées au sein de l’hôpital. Cette approche vise à renforcer l’autonomie et l’empowerment des patients, en leur donnant un rôle actif dans leur guérison.
L’histoire de la psychiatrie a toujours été mouvementée, marquée par des asiles où on isolait les malades pour leur faire subir nombre de pratiques déshumanisantes. Cependant, un changement a été opéré au début du 20ème siècle grâce aux apports de psychanalystes tels que Freud. Il aura fallu tout de même attendre la deuxième guerre mondiale pour que la psychothérapie institutionnelle prenne racines. Cette longue transformation a reposé sur le travail acharné de grands noms de la psychiatrie comme F. Tosquelles. Ce dernier s’inspire des écrits psychanalytiques déjà connus par les psychiatres espagnols pour changer les pratiques psychiatriques néfastes de l’époque. Il se base notamment sur les travaux de Hermann Simon qui insistait sur la double nécessité de ne jamais laisser les patients sombrer dans l’inactivité et de soigner l’hôpital avant de soigner les malades.
Aujourd’hui, la psychothérapie institutionnelle peut revêtir diverses formes, comme l’implication des patients dans la réorganisation des espaces physiques, la création de groupes de discussion ou l’adoption de politiques participatives pour améliorer la qualité de vie des patients et favoriser leur rétablissement. Par ailleurs, l’art est un pilier majeur de la psychothérapie institutionnelle. On donne ainsi le nom d’art thérapie à l’usage de l’art sous toutes ses formes à des fins thérapeutiques. Dessin, sculpture, poterie, chanson , danse ou même lecture, tout est mis en œuvre pour reconnecter ces individus à la beauté de l’art.
Généralement, les patients ne participent pas aux ateliers artistiques de leur plein gré mais par obligation dans le cadre de leur traitement. Cependant, la majorité apprennent à apprécier cet exercice leur permettant de s’exprimer autrement et de se changer les idées. Pour Jean Pierre Klein, pionnier de l’art thérapie en France, “l’art-thérapie est un mode d’expression pour des forces intérieures, enfouies en soi, et que les formes ordinaires du langage ou de l’action ne permettent pas d’exprimer”.
L’idée derrière l’art thérapie et la psychothérapie institutionnelle de manière générale n’est pas de remplacer la médication. Leur objectif est avant tout de rendre la psychiatrie moins hospitalo-centrée et plus humaine. C’est le moyen d’accompagner les patients dans leur parcours médical en apportant un brin de joie et de normalité dans leur quotidien.
Les maladies mentales ont toujours été mal vues et les malades ont longtemps été isolés du reste de la société. Depuis que le monde est monde, la psychiatrie est tabou, on met tous les patients dans un même sac, celui de “fous” nuisibles devant être enfermés en lieu sûr. Certes, l’hôpital psychiatrique a été créé afin de les isoler pour mieux les maîtriser mais les choses changent et évoluent. Comme on a pu le voir, la psychiatrie d’il y a 100 ans est révolue et les patients sont maintenant traités comme des être humains à part entière. Enfin, grâce à l’avènement de la thérapie institutionnelle, on a pu briser ce tabou et permettre aux malades de s’envoler de leur prison de verre à travers l’art.
La Plume