Douce démobilisation citoyenne

Douce démobilisation citoyenne

par Juliette Broudin

44,6% d’abstention. Chiffre historique mais quel triste record.

Depuis un moment, nous nous étions presque habitués à une démobilisation des citoyens aux élections européennes, mais une nouvelle barre vient d’être franchie pour des élections législatives sous la Vème République. Selon l’institut de sondage IPSOS, ce sont principalement les électeurs du FN et du Modem qui, ne retrouvant pas leur candidat désigné au second tour, ne se sont pas mobilisés. Mais derrière ce record absolu se cachent deux phénomènes : une démobilisation des citoyens entre les deux tours des élections mais aussi une abstention croissante lors des élections législatives. Comment donc expliquer ce lamentable résultat ?

Les élections législatives marquent la fin d’une (trop ?) longue campagne qui aura duré plus d’un an, en débutant avec les primaires socialistes voire auparavant.

Et pour ces élections, les français y associent malheureusement peu d’enjeux. Exception faite de querelles républicaines ou injures fortement médiatisées, le Parlement a-t-il une visibilité suffisante pour avoir un sens profond aux yeux des Français ? Ces dernières années, les projets de lois du gouvernement se sont multipliés au détriment des propositions en provenance du Parlement. Bataille d’ego ? Jouissance suprême de voir une loi à son nom ? La loi se fait aujourd’hui dans les bureaux des ministères et nous en oublions la coproduction législative, pourtant essentielle à la naissance d’une loi. Ce jeu masque le travail du Sénat et de l’Assemblée faiblement interprété par les experts et retransmis par les médias.

Mais le caractère présidentiel de notre république n’est pas la seule source d’un taux de participation en déclin. Aux dernières élections présidentielles, les commentateurs ont d’ailleurs insisté sur la participation « surprise » des citoyens alors que les sondages indiquaient une abstention massive.  L’élection présidentielle fait passer les autres occasions de voter comme des élections de seconde zone, voire inutiles.

Les français ne sont surtout pas dupes : l’opinion est très préoccupée par des enjeux sociaux lourds et les effets de la crise. Or, durant ces semaines de campagne, les débats idéologiques furent totalement absents.

L’UMP et le PS n’avaient en effet aucun intérêt à les développer. Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement Ayrault a préféré multiplier les « cadeaux » politiques, comme par exemple la hausse de 25% de l’allocation de rentrée scolaire, afin de satisfaire son électorat et s’assurer la discipline du Front de Gauche, remettant à plus tard les questions cruciales du déficit budgétaire et des dépenses publiques. Du côté de la droite, les ténors de l’UMP ont déjà depuis longtemps d’autres enjeux en tête : la présidence du groupe parlementaire à l’Assemblée nationale, poste clé pour l’opposition, et le Congrès de l’UMP, consécration du duel Copé-Fillon où, plus que deux personnalités, se sont deux visions de la droite française qui s’opposent.

Et encore une fois, il a fallu que le romanesque s’immisce dans la campagne et submerge le politique.

Si le premier tour des élections s’est concentré sur Hénin-Be

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