Levons la tête pour contempler l’immensité du vide qui nous enveloppe, impossible pour nous de soupçonner l’existence d’objets devenus source de pertes économiques, de débats philosophiques et même de conflits géopolitiques.
Invisibles à l’œil nu pour la plupart d’entre eux, les débris spatiaux sont des objets de fabrication humaine dont l’utilité matérielle n’est plus avérée. Considérés comme obsolètes, ces objets sont condamnés à errer indéfiniment dans l’orbite terrestre. Longtemps délaissés, ces objets sont aujourd’hui au cœur d’une question devenue centrale : comment réguler leur population ?
Une multiplication historique des débris
Depuis la première mission spatiale en 1957, le nombre et la masse d’objets en orbite ont augmenté. C’est lors de la mission Spoutnik I, lancée par l’Union Soviétique, que les premiers débris spatiaux sont apparus. À la fin de ses 21 jours de vie, l’étage central du satellite de plus de 6 500 kg est resté en orbite pour 70 jours de plus avant de revenir sur Terre. Ce satellite russe marque le début d’une augmentation linéaire du nombre et de la masse d’objets présents en orbite. Le catalogue du système américain de surveillance de l’espace montre que de 1957 à 2006, 250 nouveaux objets par an se retrouvent dans l’espace. En 2021, 34 000 objets de plus de 10 cm errent dans l’espace mais seuls 22 398 sont catalogués. Cette différence s’explique par l’absence de considération des objets militaires et par la perte de vue de certains d’entre eux.
Des conséquences économiques et politiques
La multiplication inquiétante des débris spatiaux entraîne des coûts exorbitants relatifs aux manœuvres d’évitement et aux combustibles utilisés afin de manoeuvrer dans l’espace. Il faut que les satellites partent dans l’espace avec plus de carburant par pure prévention pour ce genre de situations. Il est nécessaire d’avoir une équipe de maintenance qui surveille la trajectoire des satellites et de l’ISS afin d’anticiper toutes collisions. La station, à cause des nombreux débris aux orbites plus élevés, est obligée de naviguer aux alentours de 400 km d’altitude, dans la zone moins peuplée de débris.
Cette question entraîne aussi des litiges politiques, réaffirmant les rivalités géopolitiques dans l’orbite circumterrestre. L’exemple le plus marquant est sans doute celui du 27 mars 2019 ou le gouvernement indien a testé l’un de ses nouveaux missiles antisatellites. Ils tirent sur l’un de leur satellite devenu obsolète, Microsat-R, créant en quelques secondes 6 500 nouveaux débris. Un acte qui n’est évidemment pas passé inaperçu et qui à provoqué de vives réactions, notamment du côté de la NASA.
Des outils techniques en voie de développement
On dénombre plusieurs moyens techniques d’évacuation des débris. Le premier type de méthode de nettoyage consiste à capturer un objet avec un bras robotique doté de tentacules ou de crochets. Le débris est alors ramené sur Terre contrôlé par l’engin. En décembre 2020, l’agence spatiale européenne (ESA) a signé le premier contrat avec une start-up Suisse appelée ClearSpace, visant à enlever un débris spatial de l’orbite dès 2025. L’objectif de la mission est de s’emparer de la fusée Vera, laissée en orbite depuis 2013, à l’aide d’un satellite nettoyeur de 500 kg. Ce dernier est censé capturer le satellite inactif grâce à ses tentacules pour le faire redescendre dans l’atmosphère, où il se désintègrera avec l’engin nettoyeur. Si cette solution technique semble être la plus prometteuse, il en existe d’autres, crédibles, encore à l’étude. Une technique consiste à s’inspirer des techniques de pêche pour élaborer des technologies permettant d’attraper de gros objets. Le débris est immobilisé par un lancé de filet, de harpon, ou de grappin.
Leur croissance inquiète, mais ces débris ne représentent pas une menace pour l’Homme, mais pour les projets de conquête de l’espace : explorer Mars, retourner sur la Lune et développer des réseaux de satellites plus importants.
By LaPlume, Dauphine