Planter des arbres pour protéger le climat : solution miracle ou mirage ?

Planter des arbres pour protéger le climat : solution miracle ou mirage ?

2560 milliards de tonnes. D’après les derniers rapports du GIEC, c’est la quantité ahurissante de CO2 accumulée dans l’atmosphère depuis le début de l’ère industrielle.

Selon les experts, il faut contenir voire réduire la masse de ce « gaz à effet de serre » pour limiter le réchauffement climatique. Capables d’absorber et de stocker le dioxyde de carbone, les arbres sont parfois présentés comme une solution miracle. En finançant la plantation de feuillus via des start-ups comme Ecosia, particuliers et entreprises pourraient lutter contre le dérèglement climatique. Alors, aux arbres citoyens ?

La forêt est-elle vraiment un « puits de carbone » ?

Pour vivre, l’arbre absorbe de la lumière, de l’eau et du CO2. Par le processus de « photosynthèse », il les transforme en nutriments et en oxygène. Pari gagnant donc : le gaz à effet de serre est « capturé » dans l’arbre. Plusieurs limites existent cependant.

La quantité de CO2 stockable dépend de la masse, de la densité ou de la teneur en eau du bois. Se pose aussi la question de l’âge des arbres : les jeunes feuillus pratiquent moins la photosynthèse. Plusieurs années sont nécessaires pour que la quantité de carbone capturée soit significative.

Il ne faut pas non plus oublier que l’arbre respire : il absorbe du dioxygène et produit du CO2. Mais plus il fait chaud, plus l’arbre respire et moins il pratique la photosynthèse. D’après une étude parue en 2020 dans la revue Nature Communications, passés les 25°C en moyenne, la plupart des arbres rejettent plus de CO2 qu’ils n’en absorbent. Nul besoin de préciser qu’avec le réchauffement climatique, cette situation sera de plus en plus fréquente.

La hausse des températures favorise aussi les feux de forêts. Ils génèrent beaucoup de gaz à effet de serre puisqu’un arbre brûlé rejette dans l’atmosphère tout le CO2 stocké.

Quels bénéfices apportent les start-ups planteuses d’arbres ?

On l’a vu, les arbres sont loin d’être une solution miracle. Néanmoins, leur plantation présente un certain nombre de bénéfices. Il serait faux de dire qu’un arbre ne fait qu’absorber du CO2. Mais ce serait mentir que d’affirmer qu’il ne permet pas d’en capturer de grandes quantités. 

En 2020, l’entreprise Ecosia estime que les 100 millions d’arbres plantés grâce à elle ont permis d’éliminer par jour plus de 1700 tonnes de CO2. Cette quantité quotidienne couvre l’empreinte carbone annuelle de 160 Français.

Les applications et les start-ups comme Ecosia ont le mérite de démocratiser l’investissement forestier qui a longtemps été réservé aux plus riches. Plus besoin de posséder des hectares de terres pour participer à la reforestation. Sur le principe donc, la démarche de ces entreprises planteuses d’arbres reste tout à fait louable. Certains points doivent cependant attirer l’attention des particuliers et des entreprises.

Une solution qui présente certaines limites

Tous les arbres ne sont pas bons à planter ! Christian Kroll, fondateur d’Ecosia interrogé par le média WE DEMAIN, explique : « ce qui est important, c’est de planter des arbres aux endroits où ils devraient être plantés pour ne pas déstabiliser l’écosystème ».

Autre limite : planter des arbres ne fait pas tout ! Comme le rappelle Églantine Goux-Cottin, spécialiste des forêts interviewée par Carenews : « Avant de penser à la plantation, il faut se pencher sur les forêts et donc les stocks de carbone préexistant. » La préservation des massifs forestiers reste une priorité.

Dernière ombre au tableau : la compensation carbone reste résolument problématique. Annuler sur le papier ses émissions carbone en plantant des arbres ne remplacera jamais le fait de réduire sa production de CO2 à l’origine.

La plantation d’arbres n’est pas une solution miracle. Mais si elle est bien utilisée, elle contribue à lutter contre le dérèglement climatique. Églantine Goux-Cottin reste optimiste. Selon elle, il est possible de penser des critères pour contrôler ces solutions de compensation carbone et en tirer le plus de bénéfices possibles pour le climat. On pourrait par exemple interdire le recours à ces méthodes aux entreprises qui n’ont pas déjà fait tout leur possible pour réduire leurs émissions de CO2. 

By La Plume, Dauphine

 



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