La Russie a annoncé le mardi 26 juillet dans un discours télévisé qu’elle allait quitter, peut-être le dernier lieu de dialogue entre les russes et les américains, la station spatiale internationale (ISS) d’ici 2024. Mais la NASA affirme ne pas avoir reçu de notification officielle de ce retrait.
L’ISS dans son ensemble aurait dû prendre fin en 2024 mais la NASA a décidé, à la suite d’un commun accord noué avec d’autres agences spatiales, de prolonger la durée du contrat jusqu’en 2030.
Une annonce qui brise la relation russe-occidentaux déjà frêle
La guerre en Ukraine mène à des conséquences insoupçonnées, jusque dans l’espace. L’annonce russe du retrait de l’ISS intervient une dizaine de jours après la nomination d’un nouveau patron à la tête de Roscosmos, l’agence spatiale russe, Iouri Borissov. Par cette annonce, ce dernier marche sur les pas de son prédécesseur, Dmitri Rogozine, qui souhaitait déjà agir ainsi durant son mandat.
La coopération spatiale entre russes et occidentaux est fragilisée par la guerre en Ukraine. Elle est d’ailleurs la source de deux événements majeurs. Le 24 février, l’invasion russe de l’Ukraine entraîne une réponse immédiate de Joe Biden qui déclare dans un discours télévisé vouloir « réduire drastiquement l’importation de produits de haute technologie vers la Russie ». L’objectif est de ralentir sa conquête spatiale. Le 3 juillet suivant, l’agence spatiale russe publie des photos montrant trois cosmonautes russes avec le drapeau de la république séparatiste de Lougansk le jour de sa prise de contrôle totale par les russes. La NASA condamne alors fermement « l’utilisation par la Russie de l’ISS à des fins politiques pour soutenir sa guerre contre l’ukraine ».
Un rôle russe majeur et une transition compliquée
La Russie est une actrice incontournable dans le projet de la station depuis son intégration par les Américains en 1993. Pendant 10 ans, c’est grâce aux Russes que les astronautes sont envoyés dans l’espace après l’abandon des navettes spatiales en 2011. Et ce sont uniquement les capsules russes Soyouz qui ont permis l’embarcation des astronautes à bord. Ce monopole a pris fin en 2021 avec l’arrivée des capsules Crew dragon du géant américain Space X. Mais les Russes conservent tout de même un rôle décisif dans cette collaboration. Depuis 2000, il y a toujours au moins un cosmonaute russe au bord de la station.
Les partenaires devront préparer la transition. Ce sont des propulseurs russes qui régulent l’orbite de la station autour de la Terre et il faut trouver un moyen pour les remplacer. Cependant la NASA tend à s’affranchir de cette dépendance en améliorant ses nouveaux cargos Cygnus qui permettent un maintien en orbite de la structure orbitale.
Un rapprochement avec la Chine
De plus, la Russie a annoncé qu’elle allait construire sa propre station spatiale, qui deviendra « la principale priorité » du programme spatiale internationale. Mais le projet reste très flou. Personne ne sait quand cette dernière prendra son envol en orbite. Le plus probable est que les cosmonautes russes décollent et s’entraînent dans la station spatiale chinoise.
Cette situation laisse présager la division du monde spatial en trois blocs :
- Le premier bloc, qui reste dans l’ISS et qui est formé des différentes agences spatiales occidentales (NASA, ESA, JAXA…).
- Le second rassemble les entreprises privées comme SpaceX, Virgin Galactic, Axiom ou encore Blue Origin qui mènent une lutte sans relâche pour s’accaparer des parts de marchés et des installations déjà en orbite (comme l’ISS).
- Et le dernier, qui semble se dessiner, est celui de la Russie et de la Chine, disposant d’un secteur privé en étroite collaboration avec l’État. Elles pourraient travailler conjointement en vue de remporter la lutte spéciale menée face à la NASA et aux acteurs privés américains.
Les deux pays ont déjà pour projet la construction d’une station orbitale autour de la Lune. En concurrence directe avec le projet lunaire Gateway mené par les Européens et les Américains pour déposer un astronaute sur la lune.
By La Plume, Dauphine.
