Ridau : une critique de «Pyjama pour 6»

Pyjama pour 6 - Marc Camoletti 

Pièce cocasse sur l’infidélité qui multiplie les rebondissements improbables. Les personnages se prennent dans les mailles de leur propre jeu, et à chaque fois qu’ils tentent de s’en extirper ils ne s’emmêlent que davantage. Le public est dans la complicité des supercheries d’un homme, Bernard, trompant sa femme avec une mannequin, Brigitte, qu’il invite dans sa maison de campagne. Il demande à son ami Robert de la faire passer pour sa compagne, mais ce dernier ne peut pas se le permettre car il est déjà l’amant de la femme de Bernard.

La comédie commence vraiment à l’arrivée de la femme de ménage qui s’appelle aussi Brigitte… Quiproquo: Robert la prend pour la Brigitte mannequin… Et ainsi de suite. Ce vaudeville de Marc Camoletti ne vieillit pas même si le mariage est de moins en moins de coutume. On peut dire que la Jalousie est intemporelle, elle, et que ce «théâtre de boulevard» entre en résonance avec notre époque où les individus se «match» si facilement… Une référence au présent des infidélités au XXIème siècle aurait d’ailleurs pu enrichir la mise en scène cantonnée aux années 90.

L’effort d’un décor ringard dépareillait parfaitement avec la condescendance affichée de la maîtresse de maison envers la rusticité de la femme de ménage. Le meilleur jeu revient à Brigitte, la campagnarde, qui jouait avec justesse l’écart de milieu social. L’humour est gras, mais pas grivois. Le surjeu des comédiens souligne le comique mais aurait gagné avec plus de profondeur en hilarité. Trop de va-et-vient sur la scène : les yeux du public se perdent dans les courses des acteurs. Heureusement le «ta ta yo yo» de la femme de ménage nous rattrape et on rigole.

Avec une atmosphère semblable au Dîner de cons, la pièce délasse et permet de se défaire de l’esprit du sérieux du métro (enfin de retour)-boulot-dodo !

Naomi Cordivy, Ridau