À LA CONQUETE DES RECORDS

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Renaud Lavillenie - La Plume

 

Le 15 février dernier, le Français Renaud Lavillenie bat le record du monde du saut à la perche en franchissant 6,16 mètres, lors du meeting de Donetsk en Ukraine. En détrônant Sergueï Bubka et sa performance que l’on pensait hors d’atteinte, le perchiste rentre dans l’histoire de sa discipline. Cet exploit exceptionnel justifie, quelques mois après, un retour sur les recordmans de l’histoire du saut à la perche.

Le recensement de ces athlètes débute peu avant la Première Guerre mondiale avec la création de l’Association des fédérations d’athlétisme (IAAF). L’Américain Marc Wright est le premier à sauter 4,02 mètres en 1912, à Cambridge. S’en suit une période de domination américano-norvégienne – l’absence des perchistes européens s’expliquant par leur large dissémination durant la Grande Guerre – fortement marquée par les performances du Norvégien Charles Hoff et de son homologue américain Franck Foss. Puis, de 1927 à 1969, c’est la pleine hégémonie américaine avec le passage du record du monde de 4,60 mètres à 4,77 mètres entre 1940 et 1942, sous l’impulsion de Cornelius Warmerdam.

 

 L’apparition de la fibre de carbone, une véritable révolution matérielle

Celui-ci reste, d’ailleurs, l’un des derniers utilisateurs des perches en bambou progressivement fabriquées, dès les années 1950, à partir de composants plus flexibles tels les alliages d’aluminium ou de cuivre. Toutefois, ces modifications n’auront pas les résultats escomptés au niveau des performances.

C’est pourquoi, d’autres matériaux sont recherchés. L’introduction des premières perches en fibres de carbone est ainsi le point de départ d’une grande avancée technique; pour la première fois, les 5 mètres sont atteints par l’Américain Brian Sternberg, en 1963, à Philadelphie. Devant une telle efficacité, la fibre de carbone devient peu à peu LE matériau de prédilection des perchistes.

Les campus universitaires américains s’investissent rapidement dans la discipline et les performances s’en ressentent. Pas moins de douze records sont battus entre 1963 et 1969 ; la plupart du temps par des Américains comme Brian Sternberg, John Pennel, Fred Hansen, Bob Seagren et Paul Wilson.

Il faut attendre le début des années 1970 pour que sonne la fin de la mainmise américaine sur le saut à la perche et le retour européen. Le Suédois Kjell Isaksson dépasse, par exemple, la hauteur de 5,50 mètres en 1972.

 

La perche, véritable jardin des Européens à partir des années 1980

Après une dernière prééminence outre-Atlantique avec Dave Roberts en 1976 qui passe au-dessus des 5,70 mètres, la discipline devient la chasse gardée de l’Europe à partir des années 1980. Dès lors, perchistes polonais, français et soviétiques vont s’adonner à une impitoyable rivalité. Rien qu’en 1980, le record du monde sera battu cinq fois, par le Polonais Wladyslaw Kozakiewicz et les Français Thierry Vigneron et Philippe Houvion, pour culminer à 5,78 mètres. En 1984, semble commencer le règne du Soviétique Sergueï Bubka sur le monde du saut à la perche. Excepté le Français Thierry Vigneron et le Soviétique Rodion Gataullin, aucun athlète ne parviendra à perturber l’archi-domination de Bubka, qui établira trente-cinq records du monde entre 1984 et 1994 et qui deviendra, non seulement, le premier perchiste de l’histoire à franchir la barre des 6 mètres mais aussi le détenteur, durant vingt ans, de deux records inégalés ; 6, 15 mètres en salle (1993) et 6,14 mètres en plein air (1994).

Pour la première fois, le 15 février dernier, l’impossible devient possible, l’inégalable est surpassé : Renaud Lavillenie franchit 6,16 mètres sous les yeux du « Tsar » Sergueï Bubka. La course vers les étoiles est loin d’être terminée …

Julien DA SOIS, DEGEAD 2

 

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