Le musée d’Orsay a l’audace de nous faire visiter, jusqu’au 2 janvier 2014, les entrelacs de la chair masculine dans l’art à travers sa nouvelle exposition Masculin/Masculin et une sélection de plus de 200 œuvres. Il se place dans la lignée autrichienne du Leopold Museum et sa présentation Näker Männer qui eut autant de succès qu’elle fut controversée : l’obligation de couvrir les pénis de trois footballeurs nus présents dans l’oeuvre « Vive la France » de Pierre et Gilles, couverture de l’exposition, n’est autre que le témoignage du puritanisme ambiant habitant toujours notre siècle. Notre époque, à travers ses médias et sa filmographie par exemple, érige un féminin porteur d’érotisme en principale figure du nu et rompt avec l’idée judéo-chrétienne d’un homme élevé en genre humain préexistant la femme : Eve n’est-elle pas née de la côte d’Adam ? Ainsi, l’exposition a le mérite de nous rappeler que le nu était avant tout masculin, notamment depuis l’art gréco-romain.
L’exposition commence vers les années 1800, ancrées dans le néoclassicisme qui porta le nu masculin à ses heures de gloire. La femme, ne devant pas être dévoilée pour des questions de bonnes mœurs, laisse sa place à une représentation classique et antique de la masculinité incarnant la perfection des proportions et le canon de l’époque à travers les nombreuses peintures académiques de la rétrospective (Le berger Pâris, Desmarais). L’homme classique, parfait et porteur d’un idéal, ouvre ensuite la voie à l’homme humanisé du mouvement naturaliste. Le nu n’est plus alors un prétexte pour rappeler une certaine prédominance mais un procédé permettant de rallier représentation et fidélité. Rompant la bienséance, les draperies d’autrefois cachant l’organe originel lèvent le voile sur un homme non idéalisé (Egalité devant la mort de Bougereau ou encore Ron Mueck). Vous y trouverez aussi l’homme moderne émergeant avec le XIXème et le positivisme tous deux vecteurs d’un regard hygiéniste porté sur le corps masculin. L’homme sportif à la silhouette athlétique sonne d’ailleurs comme un écho aux exigences classiques. L’homme moderne déraciné se mue ensuite en homme naturel. Corps nus et nature s’assemblent et se répondent tel ce « Jeune assis au bord de la mer » d’Hyppolyte Flandrin. Vous y apercevrez enfin l’homme meurtri et souffreteux. Ses tourments transparaissent clairement dans les Bacon ou les Schiele de part des postures introspectives et tortueuses. L’homme est supplicié pour lui rappeler l’érosion croissante de sa domination (Arch of Hysteria de Louise Bourgeois). Mais l’impression demeure que ce caractère morbide n’est qu’un nouvel artifice au service de la magnificence du masculin. Toujours.
Au total, le musée d’Orsay lève le voile sur une thématique de l’art encore ici peut exploitée. Mais on pourrait regretter une visite trop thématique -voire trop schématique-. Les figures classiques, moderne, naturaliste ou asservie de l’homme ne dialoguent pas assez entre elles au fur et à mesure du parcours. De même, il aurait été pertinent d’insister davantage sur le questionnement du nu masculin par les artistes femmes, trop souvent absentes à l’exception de Louise Bourgeois et d’Orlan (Origine de la guerre). On pourrait enfin pleurer l’absence d’échos à l’homosexualité -hormis Le bain de Paul Cadmus- pourtant présents dans beaucoup d’œuvres du XXème et brûlants d’actualité. Mais la pluralité de la figure masculine dans l’art est bien présente, ce qui permet de faire sortir le nu du domaine de la sculpture. On y apprend beaucoup, on en rigole souvent. Et pour vous, Lectrices, selon les dires de certaines, on y fantasme. Aussi.
Bonne visite !
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