La femme newtonienne, créatrice de fantasme

La femme newtonienne, créatrice de fantasme

par Hugo Matricon

Le Grand Palais expose jusqu’au 17 juin la première grande rétrospective d’Helmut Newton, dont les clichés nous transportent vers un monde d’opulence, de pouvoir et de sexe qu’il se plaisait à nous relater, sans complexes aucuns.

La simple évocation de son nom nous laisse imaginer la magnificence d’un corps féminin, souvent nu, frappé d’une certaine obscénité. C’est en cela que l’on en ressort hébété, réalisant au fil des clichés que Newton, loin de cette inconvenance à laquelle beaucoup le rattachent, est avant tout un artiste ayant soutenu autant l’émancipation que la libéralisation sexuelle de la femme. Peu de photographes auront mis à nu des femmes en les investissant d’autant de pouvoir.

Bonne visite.

L’exposition commence par un autoportrait où l’on y voit H. Newton photographiant une femme aux jambes interminables, accompagné de sa femme. Ce cliché nous rappelle la place centrale qu’à occupée June Newton dans l’œuvre de son mari. C’est en 1947, alors qu’elle posait pour lui en tant que modèle, qu’elle décida de tout quitter, dont son métier d’actrice, pour cet homme qu’elle affirmait « littéralement obsédé par son travail ».

Sur votre gauche, vous pouvez distinguer la première salle. Mais où sont passées les femmes nues ? Cette pièce retrace la campagne de mode dont est à l’origine Newton pour André Courrèges.  Au delà de l’originalité des poses et du style, un détail (les clichés sont en partie en noir et blanc) ne doit pas nous échapper : on distingue un mannequin black, seul sur le cliché, alors que les modèles noirs à cette époque ne prenaient jamais une place aussi centrale dans les photographies. Face moins connue de l’artiste : il participa à l’affirmation des femmes noires dans un monde encore en proie à un racisme omniprésent.

Continuez votre chemin et entrez dans cette immense salle. Sur votre droite vous pourrez observer la technique du « vêtu-dévêtu » propre à Newton. L’habillement laisse place à la nudité, les positions sont les mêmes, les regards provocateurs aussi. Mais le regard du spectateur, en particulier masculin, commence à s’émoustiller !

Retournez vous : bienvenue dans le monde des femmes newtoniennes. Observez la stupeur des personnes qui réalisent que les clichés sont tirés à taille réelle ! Elles sont immenses, le regard dur, droites et fières d’être femmes. Le point serré contre leur sexe dissuade les plus entreprenants d’entre nous. Elles ne sont pas aguicheuses. Nous, public masculin, semblons désemparés par cette rudesse bercée d’aplomb. Nous n’entrerons pas comme ça.

Ces clichés ne sont pas ceux de femmes nues. Ce sont des invitations au fantasme. Fantasme de parvenir à conquérir ces corps convoités qui ne cessent de nous tournez le dos lorsqu’on leur montre notre fébrilité. Implacables.

Un moment érotique pour les hommes, de frustration (au regard de cette plastique qui relève du divin) pour les femmes, tournez vous sur votre droite, le voyage n’est pas terminé. Un moment d’hésitation après avoir distingué le visage assombri des vieilles dames pendant que leurs conjoints semblent retrouver un enivrement qu’ils avaient depuis longtemps laissé dans le lit conjugal, laissez vous tenter! Bienvenue dans la « salle du sexe ». Séquences masochistes, positions licencieuses, scènes de meurtre après la découverte de drap souillé au parfum d’adultère, tout est là. Il ne faut pas s’attendre à y voir de la pornographie. Newton joue ici essentiellement sur la mise en scène. Pour l’anecdote, il affirma posséder chaque jour une paire de menottes sur lui, non pour s’en servir, pour les photos. Évidemment. Nous retrouvons ici la dimension profondément charnelle, voire débauchée, qui fit le succès de Newton. Ne cachant pas son attrait pour les situations scabreuses, il se déclara lui même « voyeur professionnel ». Messieurs, un changement d’orientation se présume-t-il ?

« J’aime photographier les gens que j’aime, les gens que j’admire, les gens célèbres et surtout tristement célèbres ». L’avant dernière salle nous rappelle que Newton était aussi un grand portraitiste fasciné par la célébrité : il se plaisait à photographier ceux qu’il appelait les « famous in the infamous ».

Ce qui frappe le spectateur, c’est avant tout l’abandon dont semblent habitées les femmes, victimes du talent newtonien. Les positions sont singulières, les regards bruts, les expressions uniques. Newton a le secret de figer l’inné.

Voyez ce portrait de Deneuve réalisé en 1976, respirant la sensualité. Comme l’après d’un ébat, la cigarette au bout des lèvres, le regard troublé par une envie non assouvie, une bretelle tombante sur une épaule dénudée. Tout est là. Catherine Deneuve le confessa, après bien des années : « Les mains dans le déshabillé, cela s’est fait tout naturellement ».

Enfin, laissez vous surprendre par la « salle des spéciaux », œuvres inclassables. Attardez vous sur cette jeune femme, à quatre pattes, le regard aguicheur. Une nouvelle invitation au fantasme? Mais pourquoi cette selle sur le dos ? Ce cliché est tiré d’une campagne que Newton fit pour la maison Hermès. Selon l’anecdote, le président du groupe, au premier regard, tomba dans les pommes. Il n’en reste pas moins que la campagne connut un grand succès.

La pomme, fruit de tentation, gravite autour de l’astre fantasmagorique newtonien. Et nous aussi,  on en tombe à la renverse, sans pesanteur aucune.

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