Le regret, les remords, la déception, la tristesse, la honte. Ce sont autant d’émotions qui nous traversent mais qui ne changent pas la réalité de nos actes. Et si nous avions simplement fait les mauvais choix ?
1998. Yair Landau, employé de Sony Pictures, est envoyé par la firme pour négocier les droits d’adaptation de Spiderman au cinéma avec Marvel. À cette époque, la célèbre société de comics est au plus mal, la banqueroute n’est pas loin. Ike Perlmutter, alors directeur général, fait une contre-offre à Landau : 25 millions contre les droits d’adaptations de l’ensemble des personnages de la Marvel. L’offre semble parfaite. Seulement, la direction de Sony en décide autrement. Landau signera seulement un contrat pour la licence Spiderman contre 10 millions de dollars. Selon ses dires, pour les dirigeants de Sony, “personne n’en a rien à foutre de tous les autres personnages de Marvel”. 2008. Disney rachète Marvel et lance le premier film du Marvel Cinématics Universe (MCU) : Iron Man. Spoiler alert, il deviendra par la suite, la saga cinématographique la plus rentable de l’histoire.
1954. Les frères Mcdonalds achètent 8 machines à Milkshake à Ray Kroc pour leur restaurant. Ce dernier est impressionné par l’invention des frères, un procédé de fabrication à la chaîne des hamburgers, aka le fast-food. Il harcèle alors les deux frères pour devenir l’agent exclusif de la franchise, qui finissent par accepter. En 1961, Ray Kroc possède plus de 228 restaurants Mcdonalds, ce qui déplaît aux frères. Face à leurs désaccords, ils signent l’acte de vente des droits de la chaîne de restaurants en échange de 2,7 millions de dollars et 1 % de royalties sur les bénéfices. Des royalties…qu’ils n’obtiendront jamais.
Aujourd’hui, ces choix semblent évidemment mauvais. Ô combien Sony aurait-il gagné en achetant les droits de Marvel ? Ô combien les frères Mcdonalds n’auraient-ils pas perdu en refusant à Ray Kroc ses propositions ? Mais ce type de situation s’applique également à nos propres vies. Combien de fois n’avez-vous pas décidé d’emprunter un chemin plutôt qu’un autre, un chemin qui s’est montré par la suite bien meilleur. Après cela, vous pouvez vous contenter de dire “ si j’avais su, je l’aurais fait.” Combien de fois n’auriez-vous pas pu acheter du Bitcoin quand il ne coûtait encore que 3 $ ? Aujourd’hui, vous regrettez. La déception de ne pas avoir saisi votre chance vous prend au coup. Vous avez fait le mauvais choix.
Mais est-ce vraiment un mauvais choix ?
La dimension de bon et de mauvais est dure à définir. Même si pour le cas de Sony, entreprise privée, il est plutôt préjudiciable de n’avoir pas saisi la chance de gagner gros avec Marvel. Si nous prenons du recul et que nous nous éloignons de ces critères réducteurs, que démontrent ces choix ? Qu’intrinsèquement, ils nous définissent. Sony voulaient-ils vraiment s’asseoir sur plusieurs milliards de dollars de chiffre d’affaires ? Non, mais comment pouvaient-ils s’imaginer un seul instant qu’une licence qu’ils méprisent au plus haut point ait du succès ? Ce choix témoigne de leur manque de connaissances sur le sujet et de leur orgueil Les frères Mcdonalds voulaient-ils donner toute leur richesse à un requin du business ? Non, mais leur volonté de mener une vie tranquille ne faisait pas bon ménage avec leur envie de fortune. Ce choix témoigne de leur propre contradiction, qui a fini par les perdre.
Et nous alors ?
Nous sommes pareils. Nos choix nous définissent plus que par mauvais ou bon, éléments qui ne s’arrêtent qu’à la finalité des choses. Ils sont d’ailleurs à écarter de tout biais de confirmation. Rien n’assure que prendre l’autre chemin mènerait au résultat actuel. Rien ne dit que Sony aurait fait de Marvel ce qu’il est aujourd’hui. Imaginez-vous acheter tous les bitcoins en 2010, cela n’aurait pas eu le même impact. Pour autant, ils témoignent de tout ce qui fait notre personne. Votre choix n’est ni bon, ni mauvais, il est simplement le vôtre. Fait à une période de votre vie où vos idées vous ont conduit à prendre ce chemin et tenter votre chance ailleurs.
Wilhem Godeau , L3 Gestion