The only bad in «bad boy» is how badly I want him

The only bad in «bad boy» is how badly I want him

Tu  as adoré Massimo de «365 Dni», Christian Grey de «50 shades of grey», ou, tout simplement, ce jeune homme au regard sombre qui ne répond pas à tes messages depuis deux semaines ? Tu es peut-être atteint.e de «Bad Boy Fever». Ne t’inquiète pas, tu n’es pas en phase finale ! Je vais, en effet, essayer de te sauver, en plus ou moins 8000 caractères. Faut-il encore que tu veuilles être sauvé.e.

Le bad boy: Analyse du spécimen

Tout d’abord, c’est quoi un bad boy ? Selon Michael R. Cunningham, ce sont des «hommes qui suintent de testostérone, ce qui amène à de l’audace, associée à une sexualité sur-exagérée». Ce spécimen a vu une évolution de son appellation : bad boy, rebelle, fuckboy, et, même, mâle alpha. Tu as, sûrement, déjà entendu un.e ami.e dire (ou, tu as toi-même dit) : Non, mais il est trop gentil, je veux un homme viril moi !».

Le terme de «mâle alpha» est issu d’une étude menée par L. Dave Mech en 1977 sur le comportement des loups et louves en captivité. Il observe qu’un loup mâle émerge comme dominant dans chaque meute observée. Le biologiste ne tarde pas à écrire son premier grand succès «The Wolf, où il conceptualise le «mâle alpha», et établit des similitudes avec l’homme alpha : viril, puissant, musclé, et misogyne. Vingt ans plus tard, ce même biologiste mène son enquête à nouveau, mais, cette fois, dans l’habitat naturel de l’espèce étudiée. Et c’est là qu’il se rend compte d’une très grande erreur : les mâles dominants n’étaient, en réalité, que des parents qui défendaient leurs bébés, ce qui augmentait le respect des autres membres de la meute à leurs égards. Dave Mech tente alors d’ôter des librairies son propre livre, mais le mal était fait. Quatre décennies plus tard, nous retrouvons encore des spécimens qui expliquent que l’Homme est un animal, et que les mâles alpha dirigent la meute. À ça il faut répondre : Non, Paul-Henri, les deux animaux dont l’ADN s’approche le plus du nôtre sont les bonobos, qui vivent dans des sociétés matriarcales, et les chimpanzés, dont le dirigeant est souvent le mâle qui effectue le plus de faveurs et offre le plus de «cadeaux» aux femelles (American Journal of Primatology). Si on s’en tient à notre «instinct animal», nous devrions être plus attiré.e.s envers les papas, les mamans, les femmes fortes et les hommes sensibles et attentionnés.

Donc, non, Marie, tu ne te fais pas traiter comme une stagiaire parce que ton crush est un mâle alpha.    

C’est mes hormones qui me rendent folle de lui ?

Lorsque l’on ne blâme pas notre comportement dénué de fierté sur notre origine animale, on s’en prend à notre corps. Et, en effet, l’Université du Texas a effectué une recherche sur la stimulation hormonale que différents types d’hommes et de techniques de drague peuvent engendrer chez différentes femmes. Le résultat de cette étude va en rassurer plus d’une : les femmes sécrètent plus de phéromone (attirance), de sérotonine (bien-être), d’ocytocine (attachement) et d’endorphine (plaisir) face à des discours de beaux parleurs. C’est pour ça que je ne sors qu’avec des connards, alors !

Oui, ça l’aurait été, si je n’avais pas omis un détail crucial ; les femmes sécrétant ces hormones étaient toutes en ovulation. Effectivement, lorsqu’une femme est en ovulation, son corps recherche un partenaire lui permettant de créer une progéniture idéale ; quoi de mieux, pour un utérus, qu’un homme qui nous promet de rester jusqu’à la fin, d’être toujours là, pour le bon et le mauvais (même si, entre nous, on sait pertinemment qu’il va se mettre à courir à la première démonstration d’affection) ?

Donc, non, Marie, sous réserve d’être en ovulation 24h/24h, tu n’es pas médaille d’or du «Vu à 12:17» à cause de tes hormones. 

Si ce ne sont pas mes hormones , c’est mon inconscient !

Ce n’est pas l’instinct animal, ce n’est pas le corps…. Plus qu’une option : c’est mon inconscient qui me joue des tours. Et tu vois juste ! Comme le dit Patricia Delahaie; «[…] plus que le voyou ou le rebelle, c’est celui qui ne nous aime pas et qui va nous faire du mal. Cette psychologue explique et démontre que les femmes (ou toute personne attirée envers les hommes) qui aiment les bad boys ont souvent dû se battre durant leur enfance pour obtenir de l’amour et de l’attention ; en somme, pour ces individus, s’il n’y a pas de défi, il n’y a pas d’amour !

Un concept psychologique très connu est derrière cette attraction paradoxale. Et non, je ne parle pas de «daddy issues», mais du syndrome de Stockholm.

Vous connaissez, probablement, l’histoire de cette maladie si vous avez regardé «Casa de Papel». Le 23 août 1973, un groupe d’individus armés prend plusieurs personnes en otage lors d’un hold-up, à Stockholm. Ce dernier a duré cinq jours, à l’issue desquels les otages ont exhibé un comportement aberrant ; ils/elles refusaient de laisser la police emmener les agresseurs, allaient les visiter en prison, et une des otages a même épousé un des hommes ayant scotché de la dynamite à son abdomen. A contrario, un autre hold-up à New York, en 1984, s’est terminé d’une manière radicalement différente. Un des agresseurs a été touché par une balle de sniper, et deux des femmes prises en otage ont porté le blessé à la fenêtre pour que le sniper puisse «finir le boulot». Mais alors, qu’est-ce qui fait la différence entre les deux situations ? Majoritairement, la durée de l’agression. En effet, si un être humain est sujet à une situation angoissante et menaçante pendant trop longtemps, il/elle tentera de dissiper les émotions négatives et de soulager le stress en recherchant de l’espoir dans ce qui l’entoure; il m’a fracassé le crâne, mais il m’a ramené un snickers juste après !», «oui, il m’a isolé.e de mes ami.es, mais il me laissait aller aux toilettes.». Quel est le rapport avec le bad boy, me direz-vous ? Lorsque l’on côtoie un de ces spécimens, on se retrouve enfermés dans une prison émotionnelle tout aussi puissante qu’une prison physique. De ce fait, on recherche à développer de l’empathie pour notre agresseur, afin de nous soulager, et de nous sentir moins en danger. Tu te diras sûrement «c’est vrai, il m’insulte tout le temps, mais c’est parce qu’on lui volait son goûter en école primaire.». Alors, oui, j’extrapole, j’hyperbolise, mais c’est pour faire passer un message, et essayer de te sauver de cette prison morale. L’amour n’est pas un défi. La relation n’est pas un combat. Si tu en sors vite, tu auras moins de chance de développer le syndrome de Stockholm, et tu pourras vivre l’idylle que tu mérites.

Donc, Marie, en somme, tu choisis ton destin. Vas-tu épouser ton agresseur, ou le porter à la fenêtre pour l’achever ?

Lilya Grouze, M1 marketing et stratégie

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