Ces petits cafés, tremplins pour les jeunes musiciens

Ces petits cafés, tremplins pour les jeunes musiciens

Alors qu’aujourd’hui les sondages décrivent les français (et surtout les jeunes) comme parmi les plus déprimés d’Europe, voire du monde, les bars de la capitale perdent en parallèle de la clientèle de jour en jour. Certains cafés ont décidé de remédier à cette tendance en faisant de la musique live leur atout. La Plume en a visité quelques uns.

Le Réservoir
Le Réservoir, rue de la forge royale

Timothée Levis, assis sur un haut tabouret, guitare électro-acoustique en main, reçoit les applaudissements chaleureux du public du Réservoir. Il vient d’interpréter son dernier morceau « Bateau ivre ». Pour le jeune musicien, le Réservoir, ce café-bar situé au coeur du 11ème arrondissement, a été le lieu qui a lancé il y a un an, sa carrière d’auteur-compositeur. « Oui, je joue souvent dans cette salle. C’est ici que j’ai rencontré Carmen qui a accepté d’être mon manager. J’ai été son coup de cœur. Maintenant elle m’aide à trouver une maison de disque, raconte-t-il, encore enjoué de sa récente performance. J’aime cette salle parce que les gens, même s’ils viennent pour le lieu, sont réceptifs à ma musique. »

L’an dernier, Timothée est arrivé en demi-finale du festival Génération Réservoir, un événement organisé par le bar, qui est « une chance donnée aux jeunes artistes », fait remarquer Carmen Bouchet. Grâce à cela, Timothée a pu jouer dans de nombreuses salles parisiennes parmi les plus réputées. Pour lui, en tant que jeune artiste n’ayant pas encore enregistré d’album, se produire dans des salles comme le Réservoir est une étape obligée. « Je passe deux à trois heures par jour à faire du booking (recherche de salles). Cela demande une vraie stratégie, souffle-t-il. On doit débloquer les salles les unes après les autres. » Carmen explique que les labels, avant de signer, regardent avant tout le nombre de salles dans lesquelles a joué l’artiste. « C’est le seul moyen d’établir sa crédibilité».

« Les musiciens me remercient souvent »

« Mon père est un vrai passionné de jazz, annonce Sabrina. Alors quand la concurrence s’est faite rude dans le quartier, on a décidé de se recycler et d’organiser des petits concerts. » Cette jeune femme aujourd’hui avocate, continue à aider son père à gérer son café, situé dans le 5ème arrondissement. Le café Universel est maintenant une référence dans le milieu du jazz. « Les musiciens me disent souvent qu’ils se sentent ici comme chez eux, et nous remercient ». Et même si la plupart du temps, les musiciens sont payés « au chapeau », se p roduire dans une telle salle représente un vrai tremplin pour eux. « Finalement, tout le monde y gagne » conclue Sabrina en souriant.

A quelques rues du parc des Batignolles, dans le 17ème arrondissement, Clément alterne entre la cuisine et l’accueil des clients. Il a acheté son café, le Tempo, il y a deux ans, et en a fait un lieu où la musique est reine. Trois à quatre fois par semaine, des groupes viennent se produire dans son arrière salle. « J’ai  voulu construire quelque chose d’accessible, où le mot d’ordre est l’ouverture. » explique-t-il avec entrain. Alors je fais mon possible pour accueillir des jeunes groupes et les aider à se lancer. » Il salue des passants dans la rue, des habitués du café. « Ce genre de projet, ça prend le cœur. J’ai l’impression d’avoir créer quelque chose de magique ici ». Cette après-midi, il a prêté sa salle pour le tournage d’un clip de salsa. Les notes qui s’échappent du café font danser quelques passants dans la rue.

 

 

 

Cet article a 2 commentaires

  1. j’apprécie au plus haut point ce papier et la démarche qu’il décrit. Oui on peut exister en dehors de la médiatisation et il y a tout un art vivant, qui se porte très bien, où le talent pullule … C’est vrai pour la musique populaire, pour l’opéra, le théâtre, la danse … Continuez

  2. Il serait bon de préciser que, si l’intention est parfois bonne, le côté «tremplin pour musiciens» reste le plus souvent une manière d’avoir une animation non rémunérée dans son commerce.
    Une pensée pour les artistes qui ne trouvent sur Paris que des plans où on les exploite sous couvert de leur donner un terrain d’expression…

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