Le 12 septembre dernier, alors que le Tour de France passe à Lyon, des milliers de personnes sont dans la rue. Seulement deux jours auparavant, le maire, Grégory Doucet, qualifiait le Tour de France de « polluant ». Qu’en est-il vraiment ?
Dans un monde sans COVID, juillet rime avec Tour de France. Bien que la course soit une promotion majeure de la petite reine, son impact carbone n’est pas neutre. D’abord, chaque équipe compte un bus et un camion, ainsi que plusieurs voitures auxquelles s’additionnent les dizaines de l’organisation. Les retransmissions télévisées nécessitent 5 hélicoptères et plusieurs motos. On comprend aisément que pour encadrer les 176 coureurs au départ, les conséquences environnementales sont importantes. De plus, les forçats de la route eux-mêmes ne sont pas irréprochables. Bidons ou déchets lancés en pleine nature sont ainsi légions. Enfin, les spectateurs ne sont pas exempts de tout reproche.
Penchons-nous sur la caravane publicitaire. C’est là que le bât blesse. En effet, cette dernière attise les critiques. 15 millions de goodies distribués (la plupart sont en plastique), 160 véhicules pour 11 km de cortège ! Certes, on peut noter quelques points positifs. Du côté social, les 460 postes sont en majorité des jobs étudiants. Au niveau culturel, la caravane fait partie d’un folklore attendu par 10 à 12 millions de personnes chaque juillet. Ces deux arguments ne semblent cependant pas compenser l’externalité négative que le Tour génère.
Une prise de conscience traduite en actes
Un bref bilan s’impose désormais. Oui le Tour est une tradition. Mais c’est aussi un désastre écologique. A notre époque, cela fait un peu tâche. ASO, l’organisateur de l’événement, n’a cependant pas attendu les critiques d’élus écologistes pour réagir.
Cette année, les véhicules de l’organisation étaient tous hybrides. Lors de 5 étapes, des véhicules électriques étaient utilisés. Dans les deux cas, c’est inédit. Si le Tour fait la promotion des territoires français, il essaye également de faire celle des bons gestes. Des clips vidéo ou encore des stages de conduite éco-responsable sont des exemples de la campagne de sensibilisation menée. En outre, Ecosystem, organisation de collecte et recyclage, est présente dans la caravane. L’association y organise des actions, telles qu’une collecte d’objets usagés ou une distribution de téléphones reconditionnés.
Quand c’est possible, le plastique est banni. Les goodies ne sont par exemple plus emballés. Ils sont pensés pour être (un peu) plus utiles. Conformément à la législation européenne, ce qui est à usage unique n’a plus sa place. On privilégie le biodégradable ainsi que le recyclé.
En ce qui concerne les sportifs, les règles vont se durcir. Cette année, on comptait 126 zones de collecte de déchets réparties le long des 3 500 km du parcours. De plus, l’an prochain, tout jet de déchets hors de ces zones devrait être pénalisé. Amendes et temps de pénalité individuels ou collectifs sont évoqués.
Un problème qui touche tout le monde du sport
Enfin, le Tour de France, c’est le vélo. A l’heure où ce mode de transport propre et économique est plébiscité, quelle plus belle vitrine que la Grande Boucle ? À travers sa campagne « L’Avenir à vélo », les organisateurs initient les jeunes à la discipline. Les enfants peuvent apprendre, dans certaines villes, à adopter un comportement sûr, ainsi qu’à réparer leurs machines. Des dons de vélos sont également effectués pour des enfants de milieux défavorisés.
Certes, le Tour de France n’est pas l’événement vert par excellence. Néanmoins, la comparaison avec d’autres compétitions sportives comme les Jeux Olympiques ou la Coupe du Monde semble plutôt flatteuse. Si le Tour est visé aujourd’hui, c’est bien le monde du sport qui est concerné. Enfin, le Tour, troisième événement sportif mondial, a totalement pris conscience de ce problème, et semble en mesure de le limiter. Rome ne s’est pas faite en un jour. La mue de la Grande Boucle et du sport en général, elle, demandera encore quelques années.
Julien Haderer, L2 MIDO