Mladenovic, l’espoir du tennis féminin français

A 19 ans, Kristina Mladenovic est annoncée comme l’héritière d’Amélie Mauresmo et de Marie Pierce. Après des débuts professionnels difficiles marqués par des blessures et des doutes, la Franco-Serbe semble enfin lancée vers les sommets. Sans se presser.

Depuis les fins de carrière d’Amélie Mauresmo et de Marie Pierce, le tennis féminin français est à la dérive. Alizé Cornet et Aravane Rezaï ont un temps laissé entrevoir le début d’un renouveau avant de disparaître des radars. La première est en effet passée du 11ème rang mondial en février 2009 au 88ème fin 2011, et est actuellement 44ème. La trajectoire est encore plus inquiétante pour la seconde qui pointe aujourd’hui à la 168ème place mondiale alors qu’elle était Top 15 en octobre 2010. Au final, seule Marion Bartoli, 11ème, parvient à se maintenir dans le gratin du tennis féminin. Problème, elle est en froid avec la Fédération française de tennis, la faute à un père trop envahissant, et n’est donc jamais retenue pour participer à la Fed Cup. Résultat, l’équipe de France ne fait plus partie du groupe I (les huit meilleures nations), et doit même se battre pour rester dans le groupe II. Et dire qu’il y a à peine dix ans Mauresmo, Pierce, Loit et Cohen-Aloro remportaient cette compétition face aux Etats-Unis…

Des débuts professionnels délicats

Aujourd’hui, la France ne compte que cinq joueuses dans le Top 100 à la WTA. Parmi elles se trouve la jeune Kristina Mladenovic. Baignée dans le milieu du sport depuis son plus jeune âge par un père handballeur et une mère volleyeuse, la Franco-Serbe commence à faire parler d’elle en 2007 lorsqu’elle s’adjuge son premier titre chez les juniors, à Sfax. Après avoir remporté l’épreuve junior des Internationaux de France, elle devient championne du monde junior en 2009. Mais son passage chez les adultes est délicat. Deux blessures dont une au poignet retardent son apprentissage. Malgré deux victoires consécutives aux ITF de Sutton et Stockholm en 2011, «Kiki» vit des débuts professionnels difficiles. Bénéficiaire de sept wild-cards en Grand Chelem, elle s’incline à chaque fois au premier tour. Le bac, la séparation avec son entraîneur Georges Goven… La transition est longue. Pourtant, le talent est bel et bien là. « Elle sait ce qu’elle veut, elle est hyper ambitieuse, elle a une personnalité. Jeune, elle a tout gagné, tout le monde la voyait là-haut, elle signait des contrats de future numéro 1 mondiale. Mais elle est 150e à dix-neuf ans » commentait en début d’année 2012 Thierry Ascione, son nouveau coach.

Le déclic new-yorkais

2012, c’est justement l’année de la révélation. Après une première sélection en Fed Cup et une victoire en double aux côtés de Virginie Razzano contre la Slovaquie, Mladenovic se révèle aux yeux du grand public à l’US Open. A New York, l’immense française (1m85) sort d’abord Marina Eraković, alors 53ème mondiale, avant d’écraser la tête de série n°17 Anastasia Pavlyuchenkova. Elle s’incline finalement au troisième tour face à la numéro un française, Marion Bartoli. Qu’importe, le déclic s’est produit. « Ça fait longtemps que je la connais et que je dis qu’elle a beaucoup de potentiel. Elle est vraiment en train de prendre de la maturité. Ce sera une adversaire très dangereuse dans les prochains mois » prévient celle qui vient de la battre. Grâce à un énorme service, déjà flashé à 200km/h à Roland Garros, et à un coup droit très puissant, la native de Saint-Pol-sur-Mer remporte le tournoi de Taipei, en simple comme en double. Des succès qui lui permettent d’intégrer le Top 100 et de remplir son compte en banque. « Tant mieux si les sous tombent, mais ça reste secondaire pour moi, assure la principale intéressée. Le plus important, c’est de rester en bonne santé, d’être heureuse sur le terrain et de profiter de tous ces moments. »

2013, année de la confirmation ?

Reste désormais à confirmer. Actuellement 76ème mondiale, Mladenovic a encore plusieurs paliers à franchir, notamment sur le plan physique. « Quand je vois sa volonté, si physiquement on arrive à faire ce qu’il faut - ce sera la clé - et que, médicalement, on s’entoure bien pour éviter les blessures, elle peut vraiment avoir une super belle carrière » explique Ascione. Décomplexée par ses récents succès, la grande espoir du tennis féminin français n’en reste pas moins lucide. « J’ai toujours cru, je crois et je croirai toujours en moi. Ces défaites m’ont servie. Certes, ça a été difficile, mais je suis sur la bonne voie, confie-t-elle dans les colonnes de L’Équipe. Je sais que je suis sur la bonne route. Mon tennis se mettra en place petit à petit, le temps qu’il faudra. » Signe d’une maturité nouvelle, indispensable pour durer. Et peut-être devenir l’héritière de Mauresmo et Pierce.

 

Quentin Moynet

Laisser un commentaire

Fermer le menu