Le 27 Juillet 2019, le pouvoir russe arrête plus d’un millier de manifestants qui luttaient à Moscou pour la tenue « d’élections libres ». Le 23 janvier 2021, l’histoire se répète lorsque deux mille personnes sont arrêtées lors d’une manifestation en soutien à Navalny. Des slogans anti-Poutine tels que « la Russie sera libre » ou encore « Poutine est un assassin » sont scandés par la foule réunie place Pouchkine. Un homme semble représenter ces mouvements de contestations face à Vladimir Poutine : Alexeï Navalny. La Plume vous invite à découvrir les positions du principal opposant au pouvoir russe, au travers de son parcours.
Lutte contre la corruption
Navalny a commencé en 2010 à publier des enquêtes, sur internet, réalisées par ses soins. Sa stratégie pour prouver et ensuite dénoncer la corruption est simple : il achète des actions d’entreprises qu’il juge suspectes, ce qui lui permet de bénéficier du statut d’actionnaire et d’accéder aux différents bilans financiers des entreprises en question. Il a ainsi dénoncé la disparition de 2,9 milliards de fonds publics qui auraient dû être utilisés dans la construction de l’oléoduc Sibérie-Pacifique.
Positions politiques
Si ses opinions sur Poutine et sur la corruption en général sont assez claires, Alexeï Navalny reste difficile à cerner politiquement. Il a été proche des milieux nationalistes et a participé en 2011 à la marche russe, manifestation dans laquelle étaient proclamés des slogans anti-migrants. Il a également publié sur sa chaîne YouTube en 2007 une vidéo dans laquelle il comparait les rebelles tchétchènes à des cafards. D’un autre côté, le 20 janvier 2019, il a participé à une manifestation qui réunissait plus de 20 000 personnes pour réclamer des élections libres suite à l’invalidité d’enregistrement d’une soixantaine de candidats au Parlement de la ville. Le Kremlin accuse Alexeï Navalny d’être à la solde des États-Unis en mettant en avant l’argument de ses études, réalisées à l’Université de Yale.
De l’opposant numéro 1 à la prison et l’empoisonnement
La première condamnation d’Alexeï Navalny remonte à 2011 lorsqu’il passe 15 jours en prison pour « désobéissance aux forces de l’ordre ». Cette arrestation faisait suite à un mouvement de contestation contre des fraudes aux élections. Navalny y avait inventé un slogan contre le parti politique de Poutine : « Russie unie : parti des voleurs et des escrocs ». Grâce à la notoriété de son blog, à ses positions définies contre la corruption, Navalny est de plus en plus présent sur la scène politique russe. Il se placera même deuxième avec 27 % des voix aux élections municipales à Moscou en 2013, dernières élections auxquelles le pouvoir l’a laissé participer.
Le 20 août 2020, alors qu’il prenait l’avion dans le cadre d’un déplacement, Navalny se sent mal. L’avion atterrit en urgence et l’opposant russe est transporté à l’hôpital et placé dans le coma. Il semble être victime d’un empoisonnement. Il est ensuite, grâce à des pressions internationales, transféré à Berlin, qui confirmera l’intoxication.
Le 17 janvier 2021, Navalny rentre en Russie. Il y est arrêté dès son arrivée et condamné le 2 février de la même année à deux ans et huit mois d’emprisonnement pour ne pas avoir effectué son contrôle judiciaire hérité d’une autre affaire, alors qu’il ne pouvait pas s’y rendre, car il était en période de convalescence à Berlin à la suite à son empoisonnement. Du fait de sa condamnation il n’a pas pu être présent, le 27 février 2021 au rassemblement à l’hommage en l’honneur de Boris Nemtsov, opposant à Poutine, assassiné en 2015 par balle à bout portant à proximité du Kremlin.
Au moment où ces lignes sont écrites, Alexeï Navalny est incarcéré à la prison « IK-2 » situé à une centaine de kilomètres de Moscou.
Alexei Navalny est un homme ambivalent, parfois considéré par certains comme un homme politique, par d’autres comme un anarchiste. Ce qui est certain, c’est qu’il dérange le pouvoir russe.
