CARNET DE VOYAGE – COREE DU SUD – Seoul, hiver 2020 : une ville en suspens
Ruelles vides de Hongdae à Seoul, le 25 décembre 2020.

CARNET DE VOYAGE – COREE DU SUD – Seoul, hiver 2020 : une ville en suspens

A en croire le navigateur français Loïck Peyron, « le plus beau voyage, c’est celui qu’on n’a pas encore fait ». Alors, en attendant de pouvoir à nouveau explorer tous les beaux horizons qui nous restent à découvrir, La Plume vous emmène faire une petite promenade à Seoul, le temps d’une après-midi d’hiver. Sortez vos moufles et disparaissez sous votre bonnet, il risque de faire froid.

A l’autre bout du monde

Jamais je n’aurais vu un avion à destination de Seoul aussi vide. Dix passagers à tout compter, membres du personnel compris. Il faut savoir que les lourdes restrictions imposées par le gouvernement sud-coréen dès le 25 mars 2020 ont su dissuader touristes comme expatriés de venir sur le territoire. Pour cause, dès l’arrivée à l’aéroport international d’Incheon, on demande aux voyageurs de télécharger une application mobile élaborée par les pouvoirs publics. Ensuite, après vérification de l’adresse du logement obligatoire de quarantaine, un véhicule nous escorte directement au laboratoire le plus proche du logement. Impossible de prendre les transports ou se faire raccompagner par un proche, impossible même de rester faire quelques achats à l’aéroport. De toute façon, tout est vide et étrangement silencieux : on n’a qu’une seule envie, sortir de là.

Une fois le test PCR réalisé, le véhicule nous emmène donc au lieu de résidence. Commencent alors deux longues semaines de quarantaine totale sous la surveillance sévère de l’application. Il faut prendre matin et soir sa température et l’envoyer à un agent public, le tout sans poser le moindre pied hors de la maison. Et si l’on oubliait malencontreusement de respecter une de ces consignes ? Au vu des sanctions particulièrement graves en Corée du Sud, on ne vous le conseille pas. En plus d’imposer une amende qui frôle les 10 000 euros et une peine qui peut aller jusqu’à un an de prison, le gouvernement est en effet allé jusqu’à infliger des bracelets électroniques pour surveiller les déplacements des personnes ayant bravé une fois leur isolement.

Aéroport d’Incheon, le 23 octobre 2020.

 

Mais où sont passés les Coréens ?

Une fois l’euphorie de la sortie de quarantaine passée, il ne faut pas être déçu si la ville n’est pas comme on se l’imaginait. Car en Corée du Sud, on ne rigole pas avec le virus. Même si toutes les boutiques restent ouvertes - il n’y a eu aucun confinement depuis le début de la pandémie - les personnes semblent d’elles-mêmes éviter de sortir, toujours dans le but d’éviter les regroupements. Pour être tout à fait honnête, c’est là-bas que j’ai appris à mesurer l’urgence de la situation sanitaire. Il y règne une telle ambiance de lourdeur et de gravité, entre les chaines d’infos « alerte COVID » en continu et l’ensemble de la population respectant à la lettre les recommandations de distanciation sociale, que j’avais l’impression d’être dans une autre dimension.

Un bel exemple de ce respect rigoureux des règles est l’attitude de la jeunesse. Alors que les bibliothèques sont d’ordinaire des lieux très prisés par les jeunes pour étudier, tout était vide. L’examen national d’entrée à l’université, le Seuneug, ayant eu lieu le 14 novembre 2020, n’a pas semblé changer grand-chose à cette peur de fréquenter les lieux publics. Ce qui parait très étonnant si l’on connait l’importance presque vitale que revêt le Seuneug pour les lycéens du pays.

Mapo Central library, le 14 novembre 2020.

De la même manière, dans les cafés coréens (les « coffee shops » comme ils les appellent), l’ambiance autrefois frénétique laisse désormais place à un sentiment de nostalgie de temps meilleurs.

Ediya Coffee - World cup Stadium, le 10 décembre 2020.

Tous les jours bakery – Mapo, le 25 novembre 2020.

 

Sans compter les cinémas et centres commerciaux, toujours ouverts mais toujours vides, au grand dam des commerçants.

MEGABOX cinema – World cup Stadium, le 10 décembre 2020.

Une ville fantôme

 Amateurs de voyages calmes et solitaires, vous trouverez en ce moment votre bonheur dans les rues étrangement silencieuses de Seoul. S’il est clair que du point de vue de la population, l’injonction de rester chez soi est comme partout ailleurs dans le monde ressentie comme une contrainte, il semblerait que le sentiment de nécessité de telles mesures l’emporte sur les désagréments individuels. S’oublier un peu pour assurer le bien-être collectif, voilà la clé qui permet d’expliquer la maitrise du virus en Corée du Sud. Mentalité qui porte ses fruits : début avril 2021, le pays comptabilise quelque 100 400 cas d’infection au Covid lorsque la très grande majorité des pays a depuis longtemps dépassé le million de contaminations (30 millions pour les Etats-Unis, 3 millions en Italie, et 4 millions en France). Un chiffre étonnamment bas même pour la zone Asie-Pacifique, puisqu’au Japon par exemple, le nombre de contaminés frôle les 500 000 cas. 120 000 contaminés pour Taiwan dont la superficie est pourtant trois fois plus petite que celle de la Corée du Sud.

Insadong, le 3 décembre 2020

Hongdae, le 25 décembre 2020 (photo du haut et photo en bas à droite).

 

Marché traditionnel Moraenae, le 21 novembre 2020.

 

Une chose contre laquelle le virus ne peut rien : la beauté du paysage

Il faut tout de même noter que découvrir la Corée en hiver fut une expérience très particulière. La douceur du paysage à travers lequel il est si épanouissant de se ressourcer ferait presque oublier tous les inconvénients liés à la situation sanitaire. La preuve en photos !

 

 

Hanna Kim, L3 DGP

Laisser un commentaire

Fermer le menu